lundi 16 janvier 2012

L'épave du Vieux Continent

Le navire s'est couché, affalé sur les eaux. On aurait dit un cheval fourbu, un percheron des mers qui renâcle au travail. On songe au "Cheval de Turin" du réalisateur hongrois Béla Tarr. Le paquebot de l'île de Giglio a dit son dernier mot d'animal réfractaire. Il ne bronche pas, il sombre.
Concordia est l'autre nom d'Europe. Son destin s'achève en discorde. Les hommes à bord jouent des coudes, loin des codes de bonne conduite. Le sauve qui peut ôte son masque de voeux pieux.
Nous autres, nous sommes dans ce bateau-là qui navigue à vue en zone euro. Echouage du Concordia, échec de l'Europe. L'allégorie instruit les esprits.
Nous sommes embarqués dans une gigantesque Tour de Babel qui baragouine cent et mille dialectes. La panique résulte de la cacophonie. Le rafiot fait des ronds dans l'eau. Les commandants européens sautent chacun dans leur chaloupe. L'épave du Vieux Continent gît au large de la Toscane.

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