mercredi 11 janvier 2012

Ligne de mire

Il est écorné. Froissé dans les coins de page. C'est une petite bible sage, l'explosif improbable de vieux doigts d'autrefois.
Volume taché, trop touché comme une boîte de cartouches. C'est un bouquet de chair concentré. Il est serré dans une paume. L'homme est adossé au velours jaune. Il est fixé dans la compagnie de Dostoievski. Il est retranché du monde, sous hypnose des mots, à distance des choses.
L'histoire d'un père cède au mystère. Je reproduis la posture de muette sculpture. J'essuie ma main sur la nappe, la frotte aux dessins de scribe.
Nous ne sommes pas saufs des Karamazov. Pères et fils lisent à portée de fusil, dans la ligne de mire d'une kalachnikov.

Aucun commentaire: