lundi 2 janvier 2012

Instruire les princes

Il manque au sarkozysme ce que Gramsci nommait le pessimisme de l'intelligence. Le quinquennat qui s'achève aura multiplié les péchés contre l'esprit. La comédie de la volonté inonde l'air ambiant. L'anti-intellectualisme du gouvernement déshonore le pays. Les mauvais mots flétrissent le drapeau. On se lasse des fautes de syntaxe, des grossièretés de sous-ministres, des incivilités langagières de secrétaires d'Etat, du verbe de poissonnière des duchesses républicaines.
Le "Zadig et Voltaire" de Lefebvre et la "fête de la Natalité" de Morano ont crevé le plafond de la médiocrité. Ces ministres formatés à l'inculture s'expriment comme des vendeurs de cravates. La vulgarité se répand sans vergogne. Elle attente à la grandeur d'une nation.
Le triomphe d'"Intouchables" en dit long sur le coma de l'opinion. La vie édifiante d'un noir banlieusard est glorifiée au nom d'un pragmatisme benêt. Le film, digne des plus belles heures du réalisme soviétique, fustige la décadence des arts bourgeois. Le totalitarisme de la volonté impose sa haine de la pensée.
Reste que l'efficacité tant prônée de la frénésie opiniâtre tarde à engranger des résultats. La détestation de l'intelligence ne suffit pas. La rage d'agir se lit sur les masques sans pour autant s'inscrire dans les faits. La volonté se vante, se paie de mots, se regarde dans le miroir immobile des voeux pieux.
L'Elysée est une sorte de vestiaires où le champion exhibe sa sueur. Le président bagarreur fait son affaire du prompteur. Il nous promet que cette année, ce sera la bonne. L'homme valorise ses mâchoires. La rage suinte de son visage blanchi. Elle creuse sa peau comme des mots martelés.
Stendhal écrivait le 3 novembre 1832: "'La vie des Allemands est contemplative et imaginative, celle des Français est toute de vanité et d'activité". Le cliché s'applique au couple Merkel/Sarkozy.
Avec les fêtes, on a troqué le triple A pour la triple joie. A son corps défendant, dans la mêlée des voeux, on se laisse aller à songer, à rêver d'autres cieux. Le président a parlé de formation. Moi, je souhaite qu'on instruise les princes.


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