lundi 23 janvier 2012

La loi du mâle

Dans l'épave du Concordia, les sauveteurs extirpent un à un les corps de femmes, cadavres majoritaires. La lutte pour la survie s'exerce avec sauvagerie. Dans le sauve-qui-peut d'un naufrage, la parité n'est pas mieux respectée qu'au board des plus prestigieuses compagnies.
Quand le pouvoir se mire dans une glace, il renvoie l'image des mêmes visages. On dirait une toile de Magritte où il ne pleut que des hommes.
Dans le silence au travail ou la fureur d'un navire qui sombre, la femme est pareillement discriminée. L'homme se sert ou se sauve d'abord. La loi du mâle s'impose à ses victimes féminines. L'homme se conduit en brute épaisse à l'endroit de l'autre sexe.
On se pince quand on songe que de Gaulle n'accorda le droit de vote aux femmes françaises qu'à l'issue de la dernière guerre. Nos parlements sont restés des cercles réservés presque exclusivement aux seuls hommes de la nation. Bref, il faut en finir avec l'impérialisme masculin qui fausse les règles de la société. Or la femme ne peut faire l'objet d'une politique de quotas qui l'identifierait à la première denrée marchande venue.
L'égalité des femmes exige une révolution des mentalités. Certes, le slogan rimbaldien était entaché d'un primat masculin. Les hommes politiques ont tous échoué à "changer la vie". Qu'à cela ne tienne: il leur appartient aujourd'hui, en pleine empoignade élyséenne, de faire honte au pays tout entier qui persiste à reléguer l'immense majorité des femmes à des rangs subalternes, de geishas d'entreprise ou de plantes vertes décoratives. Nous devons rougir, devenir écarlates, au spectacle de notre abominable société de primates.

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