dimanche 22 février 2015

Entre Louvre et Châtelet

Une horde de chinetoques obstrue la rue du Louvre sous un soleil oblique. Un grognement d'adjudant ordonne le peuple vacant. Les petites silhouettes pivotent comme de dociles toupies sur un asphalte embouteillé.
Aux Tuileries, les promeneuses dodelinent de la tête. Leurs vaillantes enjambées font voltiger d'obsédantes boucles brunes.
Je me remémore les César d'avant-hier, rouge et or, au sortir de la terre, de la ligne Météore. La pluie fouette les pommettes. On s'engouffre dans la gueule du Châtelet parmi les endimanchés. On se toise, un verre entre les doigts. Aux seuls regards qui acquiescent, on raconte une histoire, on cesse de boire.
Au quatrième flacon, il est l'heure du premier balcon. Edouard Baer est un gentil bouffon dont Jean Poiret serait un père de fantaisie. On se donne du courage, on s'applaudit à se rougir les phalanges.
Les joyeuses starlettes ont des épaules de camionneuses. Les caméramans bégaient à la cité un boniment de francs résistants. La diction n'est pas la première passion d'une preneuse de son. On comprend mieux le cinéma qui recrute ses bleus, ses jeunes premiers, au Théâtre-Français.

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