lundi 16 février 2015

Violents violons

Violents violons. Les chemises noires de l'orchestre ont épaulé leur arme, exécutent un rondeau de Mozart.
Dieu, c'est une musique qui n'a pas besoin d'être jouée. Flagrante. Intouchable et nulle part. Dieu gomme les hommes comme une sciure de sculpture. Il se débarrasse du travail de coulisse. Il voile l'ombre du monde. Dieu retourne la tapisserie. Un ciel étoilé est une musique achevée.
Le tramway est un petit train moqueur dont les enfants batailleurs ont grandi par erreur. La paille laminaire des lustres éblouit l'acajou des stalles de réfectoire. Je vide un verre de vilain vin morave.
La couleur de Bohème est d'humeur blême, d'ombre massacrante. Je me contente de l'édifiante vie des saints. Lire Kafka, c'est assimiler une part d'hostie, un pan de la beauté qu'il a faite, comme s'il était loisible de s'approprier la charité du curé d'Ars.
L'art de Kafka et la bonté du prélat logent à l'enseigne d'une joie bizarre. Dans un quartier d'antiques fabriques, s'entassent l'Einstein de Kokoschka, une toile de Seurat, trois Courbet à couper le souffle. L'oiseau noir aux ailes gothiques survole la Vltalva à hauteur d'Holesovice. La petite place, à côté de l'ambassade, est mouchetée de neige, griffée de maisonnettes muettes, murée dans un silence de façade. L'accent aigu, le petit point et le bout de ligne convexe scandent une graphie de texte tchèque.

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