vendredi 3 mai 2013

Douze moi(s), président

L'ego se déclare comme une feuille d'impôt. Hollande candidat soliloqua son idéal du moi dans l'aveu déconcertant d'un sentiment puissant: "Moi, président, je".
La confession de télévision révéla la dimension des prétentions. Le bonhomme Hollande imposait sa première personne du singulier, à la criée. Tirade du nombril.
La théâtralité d'un ego débridé, démultiplié, comme s'il en pleuvait sur l'opinion, exprimait une volonté de mots. Le pouvoir ne se limite pas au gueuloir d'un vouloir.
Après causerie, Hollande bricola une politique à sa fantaisie. Avec un stylo, une gomme et des post-it. François rédigea sa profession de foi mille fois. "Moi, président, je". Il apprivoisait la pensée magique. On songe au petit roman de Radiguet, Le bal du comte d'Orgel, à sa phrase finale: "Et maintenant, Mahaut, dormez, je le veux !". Hollande regarde l'avenir en fakir. Il applique aux choses la pratique de l'hypnose. Il s'imagine dompteur de serpents et des intérêts allemands.
Or la réalité est chez elle, à demeure dans la crise quotidienne. "On est chez nous" clame-t-elle dans un élan de gaillardise à relents xénophobes. La réalité s'est toujours sentie libre, presque sans gêne, rebelle à la péroraison.
Hollande répète les gestes, souffle les trois mots: "Moi, président, je". La réalité au galop ne s'appréhende pas au petit lasso. "Moi, président, je". La formule tournoie dans les airs comme un appel éphémère. Hollande cède à son embonpoint, va son petit bonhomme de chemin. Il remplit son mandat comme un quinquennat de desiderata.
Hollande, on s'en entiche. Puis on s'en fiche. Sarkozy, bonimenteur de génie, l'a fourgué au pays. Vendu état neuf. Au bluff. Narcisse est à l'Elysée. Il dénombre ses nombrils, se contemple dans le miroir du temps: "Douze moi(s), président".

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