lundi 27 mai 2013

Entre chien et loup

Je suis vautré devant le grand imagier. Je regarde la promenade du dimanche. J'observe la ruée des rues.  Le jour décline sur les Invalides. Je songe à Deleuze interrogeant la philosophie, "à cette heure, entre chien et loup, où l'on se méfie même de l'ami " (Qu'est-ce que la philosophie ?, Editions de Minuit, page 8).
Entre homme et femme, c'est en effet l'heure de la peur. L'identité n'est pas le genre de beauté de la société. Les sexes sont brouillés au motif d'une indivise espèce. L'homme est une nation sans frontières. La femme est une nature sans contours. Nature ou nation, elle et lui naissent d'elle.
En cet instant de flou, où le chien se fait loup, la naissance se tient droite, bombe le torse sur son socle d'invariance. Même si le même s'aime, au plus fort de l'indécision des genres, au détriment du choix de l'autre et de sa différence, la naissance reste l'événement souverain, le privilège d'un ventre féminin.
Certes, la société peut s'affranchir des liens du sang et revendiquer les droits de l'adoption. L'exemple chrétien de la Sainte Famille en est une illustration percutante. Joseph adopte Jésus.
En revanche, elle ne peut rien substituer à la naissance de chair, là où le christianisme abat la carte du mystère. Sans autre joker que la naissance de chair, la société est tributaire du seul pouvoir des mères.

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