jeudi 30 mai 2013

Un feulement animal

J'arpente le même trottoir piqueté de figures hallucinatoires. Des silhouettes abdominales se dévoilent dans une nuit pâle. Sur le banc vert, l'Espagnol s'est jeté, torse nu dans l'hiver. Je l'entends geindre, hurler comme une bête saignée. La fiole d'alcool embrase la solitude. Ses cris d'homme sont des flammes.
Le petit matin est fait de douleurs mal éteintes. Les semaines s'alignent comme des défaites. L'homme qui grogne et se tord est mort. Je le sais de Richard, le kiosquier où je vais. Le trottoir, où la pluie creuse une rigole, s'est vidé d'un feulement animal.
C'est une rue sans joie qui tue à côté de soi. C'est un livre, peut-être un missel, auquel manquerait une voyelle.

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