lundi 14 janvier 2013

Finir au Havre

"Loin du parler français, je meurs". L'écrivain du Voyage n'a pas la bougeotte. Il réside en sa langue. Ce propos testamentaire a pour destinataire Albert Paraz. Au théâtre de l'Oeuvre, un comédien artisan s'approprie le texte célinien, éructe du Bardamu.
On est ému par la délicatesse de phrase. On tend l'oreille. On se délecte de somptuosités pareilles. Balmer nous embarque. On décolle de terre. Céline volontaire à la guerre. Céline condamné à l'enfer. Céline aux colonies. Céline et Lola. Céline et Molly. Céline sans le sou dans "la ville debout". Céline toubib à la Garenne-Clichy.
On feuillette les albums de Ferdinand. C'est Tintin au pays du pétrin. Tintin ballon: Ferdinand en sait long sur la misère, les chienneries et la mort. Molly la douce almée, une féerie par erreur, illumine les beaux draps. Bardamu déconne avec sa songerie d'infini.
La jeunesse sent l'automne. C'est "l'entrain de la vieillesse". Dans sa soixantaine brève, Céline parla d'en finir. La mutité devant la majesté. S'asseoir devant le soir. Regarder les bateaux. "Finir au Havre".
Balmer joue la crapule avec scrupule. Manquent la fièvre et le phrasé raffiné. Céline se lit chez soi, hors jeu, sans effet de mâchoire, comme un recueil de noires prières.

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