mercredi 30 janvier 2013

Jamais là

L'Europe s'est absentée de ses responsabilités. Elle se fiche de sa sécurité, ajourne ses dépenses de défense. Elle se complaît dans la paix, oublie qu'elle se conquiert. Elle a rayé de son agenda la question des guerres et des guérillas.
L'Europe s'endort dans son histoire d'opérette, bercée par de mièvres comptines et de pieux cantiques. De Gaulle disait de Giscard "qu'il ne savait pas que l'Histoire était tragique". Le Vieux Continent est fainéant dans un monde urgent. La désinvolture giscardienne se paie en nature.
Le test du Mali démasque une impéritie. L'Europe s'est provincialisée au point de s'éloigner du monde, de rejeter l'Afrique aux oubliettes, de ne pas voir à Bruxelles les sables du Sahel.
Nos peuples n'en mènent pas large outre mesure. Ils sont secoués par l'insécurité aux portes des cités. Elle s'ajoute à la précarité du porte-monnaie.
Dominique de Roux, dans un petit ouvrage sur le défunt général, définissait de Gaulle comme "l'homme qui est là". C'est précisément la faute professionnelle de Bruxelles. L'Europe fait autre chose, vaque à de vaines occupations, ferme boutique les dimanches historiques. Nos épiciers en chef ne reviennent pas de suite. Ils ont déserté les nations, traité après traité.
Avec la fin des frontières, l'Europe - tout aussi mortelle qu'une civilisation -  s'est condamnée à la poussière. Elle s'exclut de la compétition dans les grandes occasions. Elle a fui ses devoirs. Elle n'est jamais là.

Aucun commentaire: