mercredi 23 janvier 2013

Une moitié d'amitié

On commémore un grand corps malade. La chancelière et le président célèbrent l'embrassade gaullienne sur la joue d'Adenauer. Nos guerres sont des fléaux: on recommence à zéro. Depuis lors, nos deux nations ne jouent ensemble qu'à des jeux sans enjeu. Leur confraternité n'est qu'une moitié d'amitié, le rituel obligé d'un couple désaccordé, la figure imposée d'un duo dépareillé. On fait semblant d'aller de l'avant.
Les deux voisins s'apprécient peu, ne communiquent entre eux qu'en euros, parlent au-dessus de leurs peuples dans un vague américain de comptoir. Ils font chambre à part, guerre à part, finance à part, espérance à part.
A l'exception de la ville de Berlin, dont la modernité déjantée séduit les jeunes générations, les deux pays sécrètent un même ennui. Les deux nations cheminent sans passion dans un monde sans vision. Ces pays n'ont construit ensemble que des péripéties.
Leurs chantiers dérivent des traités. Rarement des marchés. Arte est une chaîne de télévision obscure, plantée à la marge des deux cultures. Arte est une erreur de création élitaire. Arte est fille d'artifice. Loin des peuples.
Faire avancer l'Europe. La tracter au moyen de ses deux nations percherons. Faire avancer le Vieux Continent. L'Europe est une denrée périssable. Avancée au forceps. Comme un fruit à date de consommation périmée.


Aucun commentaire: