samedi 5 janvier 2013

La chambre morte

Jadis l'audace était la marque d'une jeunesse. Avec une rage soixante-huitarde, le vieux de Gaulle ordonna la bastonnade du Sénat. Il n'en pinçait pas pour les notables de province. L'assemblée des aînés lui tînt la dragée haute. Le référendum capota. De Gaulle en fut pour sa pomme. Exit le Général.
Quarante-quatre ans après, un Sénat grassouillet croise désoeuvré au large de la République. Les badernes des cantons paressent à l'ombre d'un palais. Ils s'attablent et commissionnent. Font des ronds dans les lois.
Le Sénat s'entête au privilège de l'âge. L'étiquette est rose. D'un vieux rose d'automne. Les sénateurs sont des gardiens de square, des vieillards pensionnés par bonté d'Etat. L'institution feutrée n'a pas d'utilité flagrante. L'assemblée dispose d'un budget démesuré, géré en toute opacité.
Le Sénat est une chambre bavarde, privée du dernier mot. Sa jactance ne prête pas à conséquence. C'est un salon à peine républicain, semi-démocratique, qui n'oeuvre qu'à la conservation de sa vanité. Il faut se souvenir des dernières volontés gaulliennes.
La dureté des temps impose de s'en défaire. Par décence. Séance tenante. Crise oblige, il faut se débarrasser de l'inutile et dispendieuse chambre morte.

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