mardi 1 juillet 2025
D’où vient de Gaulle ?
D’où vient le courage ? Du coeur ? Mais c’est quoi le coeur ? Le Keur ? D’où vient la géniale folie de De Gaulle ? Du Keur ?
D’une tendresse infinie, d’un affectueux sentiment pour un machin qu’il nomme la grandeur.
La France n’existe que grande, seule pointure en stock. Un chef d’Etat, un vrai, se situe hors format, déploie une majesté, grandeur nature.
D’où vient de Gaulle ? Charles, le Charlot du musée, rangé des voitures, vient de là.
Nuit grave
Nuit incendiaire. Nuit émeutière. Nuit d’enfer. On tire à balles parce qu’on fête une finale de football.
La révolution de Macron se cantonne aux mots du dictionnaire. Au bilan, l’assaut du stagiaire se résume à quelques ronds dans l’eau. L’étymologie du terme impose l’immobilisme.
Macron a nui à son pays. Jusqu’au menton. A force de klaxonner sa suffisance de nanti de la technocratie. Le stagiaire de l’Elysée était mauvais pour la santé des Français. La double dose de mandat intoxique nos poumons d’une assassine nicotine. On absorbe le goudron qu’il nous fourgue. On s’acclimate à son glyphosate de fonction et à ses satisfecits sur le perron.
Ni frère, ni grand, ni champion, il ne fut qu’une mauvaise résolution des urnes. On ne s’habitua pas aux postures d’un jeune ambitieux en costume de petit vieux, infoutu d’endosser l’habit de la fonction, infichu d’incarner la grandeur de la nation.
Bref, j’arrête le tabac. C’est décidé. Je jette mes Nuits graves dans une Seine épurée. Je renonce à ma dernière cartouche de Macron.
Ce petit cow-boy fumeux a calqué sa stratégie d’exemplaire écologie sur Marlboro, kif kif bourricot, sur ses plus ruineux dommages visant un vieux pays, pourtant fragile des bronches.
Nuit grave. Et pourquoi pas Nuit Graves ? Comme on sifflerait un dernier calice d’une délectable liqueur, une dernière bouteille de vrai vin, avant d’enterrer la vie de ce jeune garçon au secrétariat de je ne sais quel “machin”, raillé naguère par le Général.
Belgique ou Andorre
Macron est à Monaco. Macron est au Groënland. Macron fuse vers Mars, copilote de Musk. Macron se décommande à Macon. Sa communication lui impose d’être “hors sol ». Hors sol de France. Il
est prisonnier d’une marque de fabrique.
Les voyages forment la jeunesse.Le stagiaire du livre des records, le stagiaire de l’Elysée le sait. Il peaufine son rapport de fin d’études. Il écoute les leçons des vieux sages, médite les conseils du Donald de Washington. « Pourquoi ne pas annexer la Belgique et la rattacher à la France comme l’Alsace à la Lorraine ? »
Il y songe. En cause même à Bayrou. Le Béarnais penche pour Andorre. Alors, la Belgique et Andorre en même temps ? Les généraux, toujours réactifs, en dissuadent l’exécutif. L’armée n’est pas de taille.
Mai 68
Je n’ai jamais aimé Mai 68. Même à quinze ans. Je prisais peu les barricades germanopratines. Je raffolais de la panoplie de Général de Charles de Gaulle. J’appréciais moyennement les déguisements hippies. Je répugnais à me séparer de mes prix d’excellence.
J’écoutais Jacques Laurent confier au micro de Radioscopie le fond de ma propre pensée. “ Les enragés de Mai veulent supprimer le privilège de la mémoire. Mais moi quand j’achève une phrase, j’ai besoin de me souvenir de son début”.
J’étais d’accord. Je le suis toujours. Mai 68 fut une grosse connerie. “ Une mômerie” lâchera Malraux. Elle fabriqua des idiots. À tire-larigot.
Les zonettes de Jean
Ce sont quelques lopins de terre, des parcelles qui appartiennent à Jean. Jean le paysan, Jean le Vendéen, le Bruno de Beauvau. Les zonettes, c’est une invention de son crû. Il ambitionne d’y faire pousser les pissenlits de la révolution silencieuse du pays. Jean, on l’appelle Retailleau, pour faire écho à la chasse à courre, à son allure de petit hobereau qui épaule un fusil à la passée des grives. Les zonettes de Jean, c’est l’idée de la reconquête des terroirs et d’un nouvel enracinement dans la vieille histoire.
Les zonettes de Jean, il en expose les photographies sur les murs des villes, saturées d’écologie et de points de deal. Il affiche la campagne, cette terre dont Berl écrivait qu’elle ne ment pas, il en fait sa campagne de publicité, avec ses clichés d’actualité.
Zonettes de Jean ? Avec un nom pareil, il lui est interdit d’être pris la main dans le sac, dans la poche de pantalon de Fillon, par exemple. Le Bruno de Beauvau est désormais prisonnier de son discours de vertu.
samedi 10 mai 2025
Le grand dessein christique
Avant que Prevost n’ait prévalu, j’ai observé les pantalons bouffants, ce bleu mêlé de terre de Sienne, des somptueux gardes suisses qui ponctuent le temps long d’une religion.
La centaine large des hauts prélats s’est encabanée dans la demeure de Michel-Ange. Le conclave est une enclave rouge dans un monde où le péché, sa couleur incarnate, ne se lave pas.
Léon, le quatorzième, jette une main timide à l’adresse des fidèles de Saint-Pierre, l’offre à la voracité des lions du cirque. Il hésite à la bouger, à balayer l’espace comme on essuierait une vitre embuée. Il plisse la commissure d’une lèvre mince. Il est costumé comme Wojtyla. Il est recueilli dans un for intérieur comme Radzinger. Il est retranché dans une spiritualité. Un sourire s’esquisse, légèrement étriqué, contrarié par une instinctive réserve.
Prevost lit les mots du latin qui font écho dans le ciel romain. La foule exulte, agite ses banderoles, brandit le drapeau de ses nations. Car les enracinés des nations sont assemblés dans une même unité spirituelle, communiquent une joie sans mélange dans un bariolage de fanions flamboyants.
Là où l’Europe de Bruxelles s’abandonne à sa fiction fédérale, se cantonne à une seule bannière monotone, la religion universelle du quatorzième Léon opère, d’un signe du haut de sa loggia, un miraculeux brassage des peuples, provoque une ferveur immédiate à l’annonce du grand dessein christique.
samedi 3 mai 2025
Il était né le 3 mai 1928
Julien Guiomar était un drôle de zigomar. A la Sainte Cécile, il a choisi l'exil. C'était un comédien au jeu piqueté de gourmandise, à l'oeil étoilé d'une suspecte folie. C'était aussi une trogne renfrognée, mal réveillée, une présence clandestine, un charme vénéneux, une gaieté ambigüe. Il se prénommait Julien, presque Jules. Car il y avait du diable boîteux, du Jules Berry, dans la figure du trouble et facétieux Guiomar. C'était un acteur balafré d'humanité, exquisément secret.
Ce bref texte est extrait de « Dancing de la marquise » (5 Sens Editions, mars 2020, page 44)
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/poesiereflexiontheatre/322-dancing-de-la-marquise.html
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