jeudi 6 novembre 2025

Bouquet, cent ans

Avant de mourir à dix-sept ans, on est venu courir la gueuse, consentir au reniement, applaudir un style, une manière habile. On voit Mauclair, l’élève de Jouvet, l’Athénée. On voit Bouquet, Bérenger, et tous les dangers. Bouquet. Je l’ai croisé, par effraction, sans le vouloir. Un physique de vicaire créait une distance, masquait un silence calculateur, laissait pressentir une vipère, une langue de vipère. Le métier de Bouquet, son phrasé, sa diction sentencieuse, monochrome et gourmande à l’occasion, d’une préciosité d’orfèvre, sautait aux yeux, agrippait l’oreille des habitués des grands textes. Une folie d’archevêque étincelait dans l’œil, mais douceâtre, attentivement démoniaque, proche du malaise, d’une ironie narquoise. Bouquet compose avec une petite figure modeste, chafouine, qui ambitionne le pire, inspire un notable, notarial respect. Bouquet, Serrault. Leur folie ecclésiastique voisine sans pour autant se décalquer. Celle de Bouquet s’arrête au sourire. Au sourire amusé, à ses plissures de méchanceté. La démence de Serrault, en revanche, se fait plus insistante, moins stagnante, met les points sur les i, déclenche l’hilarité, s’autorise de conclure. Bouquet restait dans les pointillés. Bouquet était un grand acteur. Il faisait peur. Des deux côtés de la scène. Il figure au générique des meilleurs films de Chabrol. Je le revois dans Ionesco. Il est chez lui dans l’absurde, à demeure dans une interminable agonie. Bérenger 1er. Bouquet est le premier et dernier de cordée d’une génération. Bouquet final du feu d’artifices, du jeu d’un grand artiste. "Le roi se meurt". Ce texte est extrait de « Fragments d’un sentiment » (5 Sens Editions, novembre 2023, page 54). On peut commander l’ouvrage chez l’éditeur à l’adresse suivante : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/recit-de-vie-connaissance/536-fragments-d-un-sentiment.html

mardi 4 novembre 2025

Les hommes à la meuleuse

Les gilets jaunes du Louvre ont commencé le boulot, mais à la première fenêtre, ils ont réclamé une pause au commanditaire. Ces ouvriers de la couronne sont syndiqués, ils manquent de suite dans les idées. Ils ont demandé une interruption de séance comme on exige une suspension de conclave ou on revendique un moratoire sur les retraites. Car du taf, il en reste un max ! Il y a au total mille deux cent quatre vingt dix-neuf fenêtres à découper qui patientent, qui attendent la fin du repos du commando. La cambriole n’est pas un art de gredins frivoles mais une activité répertoriée qui s’exerce dans les règles, aux normes de l’union européenne : la meuleuse est homologuée, la nacelle et l’échelle sont certifiées conformes à l’usage professionnel. Certains gilets jaunes - la bleusaille -, se sont faits choper par Nunez avant de pouvoir se tailler en Algérie. Mais les joyaux, sourds aux bravades du ministre, courent toujours. Le commanditaire gère le suivi de sa commande. Il doit négocier la reprise des travaux avec les rescapés du commando et recruter de nouveaux laveurs de carreaux. Les hommes à la meuleuse sont confiants. Ils finissent l’apéro. Ils se préparent à l’assaut de leur deuxième fenêtre.

Gilles Deleuze

« Du salon, nous sommes passés à la chambre à coucher, au magnétoscope, à la vidéo de Deleuze. De Vincennes, Serres a marché le long de la Seine jusqu’à la Madeleine. Abdelwahed, le disciple d’Itzer, l’accompagne, écoute Michel disserter sur l’opéra, évoquer Garnier, l’architecte, successeur de Baltard à l’académie des Beaux-Arts. Serres apprécie Deleuze, le désigne comme « un ami de vieillesse ». Tous deux ont musardé par les mêmes sentiers vicinaux, les chemins de terre accidentés, voire à travers champs, au détriment des lancinantes autoroutes de la pensée. L’un et l’autre considèrent que les concepts sont des personnages vivants, des figures de chair. Serres s’assied par terre, s’adosse à l’armoire blanche. Nous sommes allongés sur le lit de la chambre. J’actionne la télévision. Deleuze parle de « l’acte de création ». Le philosophe au shetland mauve a enregistré une conférence éblouissante à l’école de cinéma du Trocadéro. Il inaugure une collection de vidéos prestigieuses. Je propose à Michel de prendre le relais, dans le sillage du penseur spinoziste. Serres se relève : pacte conclu. Sept ans plus tard, Gilles Deleuze quittait ses amis pas ses lecteurs - pour aller acheter des cigarettes, aller voir ailleurs s’il fait bon mourir. A Saint Léonard de Noblat, l’homme aux semelles rebelles pensait à la petite reine, l’autre, pas celle de Fausto Coppi, la jolie Sophie qu’il aimait sans mesure. Deleuze ressemblait à l’homme de terre, pas à l’homme de tête, qu’il s’était faite, qu’il avait si merveilleusement faite. Deleuze donne de quoi vivre pour l’hiver, se vêtir la peau et les os quand il fait froid sur les idées, de quoi penser jusqu’à l’été. Sans philosophie fixe, il se meut dans les saisons, il émeut par les mots, il est mort d’un claquement d’aile. Shetland de jeune homme, visage brave, Gilles Deleuze tend une main de prince, une poigne d’Idiot, confie au temps sa noblesse et ses lettres. « Le peuple manque » disait-il à propos de l’artiste, après Paul Klee. Il lève sa plume d’oiseau urgent. L’homme au sourire violet s’en est allé. Loin des veules, près du peuple à venir. Les deux amis de vieillesse sont désormais enterrés entre Garonne et Haute-Vienne. » Ce texte est extrait de « Les fées de Serres » (5 Sens Editions, décembre 2021, pages 35/36). On peut commander l’ouvrage chez l’éditeur à l’adresse suivante : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/recit-de-vie-connaissance/476-les-fees-de-serres.html

lundi 3 novembre 2025

Revoir une jeunesse

Malraux, malreux, malheureux vite dit, vieillit à Verrières le Buisson, loin de la brousse et de la sagesse, proche ami de la folie. Dans ses contorsions de visage, ses arabesques de main et ses concassages de mots, Malraux évoque Artaud, mais Verrières n’est pas Rodez, Malraux n’est pas Momo, moins beau sous son faux air de faussaire. Ami de la folie. « Ami génial » écrit de Gaulle. Ami des génies, du général et des mauvais. Malraux sait trouer la phrase avec de vraies cartouches. Au Siam, il chipera les dernières économies d’une vieille civilisation d’Orient : Nique Ta Khmère. Mais Malraux, c’est quand même un type qui frissonne pour une voyelle, qui s’émeut pour une virgule. Au reste, il y a beaucoup d’élégance à aimer l’art de son temps, c’est-àdire de Gaulle. Oui, Malraux – tics, toc, tact – frappe fort à la porte de l’Histoire. Il revient au Panthéon comme sur les lieux d’un cri. « Aujourd’hui jeunesse… » Ce visage de craie secoue l’indécis alliage de ses brisures. Il exorcise sa hantise de la finitude par la bougeotte aventurière, l’émoi d’un faux mouvement. Malraux voit du même oeil que Baudelaire, le noir. « Chez Malraux, la vision précède la vue », diagnostique en connaisseur Dominique de Roux. C’est l’âge où son corps s’est fixé, comme un lézard vieillard à cuir rouge, à l’arrêt sur la photo du souvenir, grands yeux saisis dans les phares de l’éphémère, entre Mandiargues et Neruda finissants. Cet aventurier est roturier de l’intelligence. « Malraux chez Louise de Vilmorin, c’est le vieux rêve rentré de Proust admis chez la duchesse de Guermantes. » Fulgurant Dominique de Roux qui traque à merveille cette espèce de gibier, et qui tord le cou, d’une phrase immédiate, à la thèse du complot anti-Proust. Malraux ne fait que rattraper le temps perdu. Gaullien ? Pourquoi ? Pour rien. Rien que pour de Gaulle. Et puis, la mort, qui rôde et lui mordille les chevilles. Celle du grand-père et du père qui le vaccine du suicide, du petit frère et du grand frère en Dostoïevski, de la belle romancière et de ses fils. Cette mort, il l’apprivoise en chef, comme une affaire de famille. Elle vient des femmes puisqu’elles donnent la vie. Il remue cette idée de grandeur, brève apparition de rêve, qu’il a vue, qu’il veut revoir, sa vie durant. C’est pourquoi Malraux shoote dans le « misérable petit tas de secrets » et prend l’avion. Ce grand brûlé des accidents de l’Histoire s’envole vers le ciel pour contempler la terre. En Drieu, il croit, il admire un dieu à rire sec, dandy à griffe, brutal et doux comme le métal. Dans la cour des grands, le mirobolant Dédé veut ressusciter la fraternité des récrés. Il est élégant, pour l’exemple. Chic et déstructuré, ample. Car les enfants regardent. « Les honneurs déshonorent ; le titre dégrade ; la fonction abrutit. » Goncourt, colonel, ministre, grand homme de Panthéon, Malraux résiste au klaxon de Flaubert. C’est un résistant à peau coriace. D’ailleurs, le Panthéon lui sert de prétexte à gueuloir. Il y déclame la Résistance. D’où son amour pour la beauté, qui toise de haut la mort des hommes. Bref, Malraux ne fait qu’une bouchée du déshonneur de la gloire. Il se fiche de cela. À la manière de Chateaubriand : “ La gloire est pour un vieil homme ce que sont les diamants pour une vieille femme : ils la parent, et ne peuvent l’embellir ”. Malraux devient beau comme un Rousseau car tels sont les canons des camions du Panthéon. André s’est ennuyé à se voir embaumer. Il n’a pas supporté cette faute de goût, la sotte trouvaille de collégiens dévoués : les grands chats d’Égypte. Il s‘est repassé sa vie comme s’il allait mourir. Revoir une jeunesse. Aujourd’hui. Ce texte est extrait de « L’amitié de mes genoux » (5 Sens Editions, juin 2018, pages 51/53). On peut commander l’ouvrage chez l’éditeur à l’adresse suivante : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/recit-de-vie-connaissance/192-l-amitie-de-mes-genoux.html

dimanche 2 novembre 2025

Veni, Vitti, Vici

Oui, Antonioni. Le Pontormo du cinéma. Un luxe maniériste, une posture d’artiste qui peint les ciels dans leur perfection formelle, échafaude une parure, imagine une griffe, la fait luire au jour comme une deuxième nature. Quelque chose de flou, un bastringue que rien ne distingue, un cri qui troue l’apparence, colorie l’indifférence. Antonioni s’approprie le rouge, le désir qui surligne une lèvre, le désert qui dissuade un rêve. D’instinct je me suis jeté sur le trottoir, l’ai foulé vers la salle destinée. Je voulais guérir d’une nostalgie, stopper une maladie, réserver l’après-midi. J’ai fendu la file du Champollion, rue des Ecoles. Ai dégringolé les marches, me suis glissé dans le noir. Veni, Vitti, Vici. Vaincu, convaincu, je le suis depuis l’incolore éblouissement d’une île de Sicile, le choc incantatoire de « L’Avventura », le regard égaré de Claudia. « Deserto Rosso. » Giuliana est une soeur siamoise de Claudia, le sosie, le portrait craché d’une sublime actrice de cinéma. Monica Vitti déambule dans une rue pâle, erre dans le vestibule, dérive dans un ciel industriel. Elle observe l’horreur des couleurs. J’ai couru, suis entré bon dernier, attentif à écrabouiller l’orteil d’une rangée entière. Je voulais revoir le manteau de laine de Giuliana, la pelisse verte d’une bourgeoise désœuvrée d’Emilie-Romagne. Revoir une manière de s’emmitoufler, de se carrer dans un corps, de se camoufler pour manger le pain de l’ouvrier. C’est cette couleur froide qui enlumine un visage diaphane. Mais le rouge ici désigne la déchetterie d’usine qui bariole, peinturlure la nature. J’aime le rouge artificiel d’Italie, la joie écarlate qui jaillit des veines, des volcans, des voyelles. J’aime le rouge incendiaire de la baraque d’une partie de plage d’hiver. Le goût d’Italie me vient de cette couleur de feu joyeux. Antonioni peint l’intériorité des figures dans l’espace et ses géométries. On lit dehors les sentiments des hommes comme dans un album d’images luxueuses. Le monde est une poubelle que l’artiste filme et fignole au pinceau. Monica Vitti s’extrait des brumes qui indifférencient le temps des cinémas qui passe. Un regard voilé, qui s’abandonne, sans domicile, comme un paradis perdu, outrageusement oublié. L’artiste anticipe l’avenir. Pollution, blabla, mal de vivre. Inutile de s’appesantir. Ce texte est extrait de « Fragments d’un sentiment » (5 Sens Editions, novembre 2023, pages 71/72). On peut commander l’ouvrage chez l’éditeur à l’adresse suivante : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/recit-de-vie-connaissance/536-fragments-d-un-sentiment.html

vendredi 31 octobre 2025

Cent ans

Choyé par des littérateurs du demi-monde, papillons noués au col, Roger Nimier fait l’aigle, un sourire d’enfant fier sur l’épaule de son père. Il s’accointe au « Grand d’Espagne », s’acoquine à Céline. Mais dix années durant, un professeur de dictée, maître à Barbézieux, lui dit des horreurs, lui défend de s’amuser, de griffonner des romans. Qu’à cela ne tienne, il pique un sprint en pleine côte, histoire de faire mal et d’en rire, d’infliger aux coureurs de dictons l’impardonnable suprématie du talent, cette gaminerie d’enfant grave. La virtuosité vieillit mal, faite pour l’instant. Reste qu’elle périme d’un trait les écritures obèses, décomposées dès la première rampe, enrôlées par erreur. Que Nimier expédie les importuns à la ferraille dans ces voitures-balai « réservées aux grosses santés » instruit sur ses sentiments : bons comme sa littérature. Nimier, sabre au clair, précise l’attaque d’une phrase allègre, si aisément, montant sur ses grands chevaux. Au volant des studebakers, dans les bras de Lucia, la plus belle fille du monde, ou de Sunsiaré « la Messagère », Roger Nimier aime éperdument les routes tachées de vitesse, écrit d’avance des petits livres en guise de faire-part. Avec cette mauvaise grâce de l’enfant dédaigneux, il remue les mots et les couleurs, crayonne indifférent, comme un nuage au vent, qui passe le temps. Avec les trains, les fous et les fermeture-éclair, on ne s’embête jamais puisqu’à l’occasion ils déraillent comme vous et moi. Celui qui, si gai, noircissait les pages et souvent les choses – « nous écrivons peut-être dans une langue morte » –, qui en fit son affaire, ravigota le roman d’une belle plume égarée, devint dans l’instant RN, squelette et emblème, initiales fatales de Route Nationale. Il faut se dépêcher de dire je, avant que ils, nous, vous, tu. C’est d’une littérature capricante dont j’ai besoin séance tenante. Roger Nimier de la Perrière est un auteur qu’on débusque là dans les fagots, derrière. C’est un flacon d’ivresse, ensommeillé dans une cave, une bouteille d’encre pâle qui étoile un calice. Il figure parmi les marmots les pires, les plus insolents, d’une république de mots, parmi les chenapans d’une cité des talents. Il baptisa son fils Martin, du nom de sa chignole Aston. L’homme travailla comme un nègre, mains nues, respectueux des paresses et des pègres. Morand est doublé sur sa droite, touché par la grâce du bolide. Durant dix ans, ils échangèrent des secrets, confièrent leurs humeurs, zébrèrent d’impertinences leur fière correspondance. L’art épistolaire est une école de virtuosité. Frivole est sa manière. Mais Nimier est du genre buissonnier. Il donne du fil à retordre au vieil ambassadeur. Morand s’amourache du jeune homme à panache. Roger Nimier songeait à acheter « une panoplie d’orphelin » à son Monsieur du Pimpin, l’autre Martin. À la hâte sur l’asphalte, l’Aston calcina deux corps. Nimier, trente-sept ans, Sunsiaré, dix de moins. Sunsiaré de Larcône mouillait encore les yeux de Guy Dupré, l’auteur des « Fiancées sont Froides », cinquante ans après. Nimier expédie d’un trait l’envie d’été : « Les pédales sont des embauchoirs, le volant un cintre. Il se dévêtit et courut se jeter à l’eau. » Faites un plan. C’est en lisant Nimier, au début des « Épées », que je me remémore l’injonction d’adjudant. Faites un plan. Bon sang, oui. Une liste de courses sur un post-it. Ne rien oublier à cause du souci d’exhaustivité. Je compte sur mes doigts. Je numérote les parties. Je charcute tous azimuts. Je veux voir des titres, qu’une seule tête, et des chapitres. Faites un plan. Je désobéis à l’impératif. Je n’ai pas d’idée sur ce que je vais dessiner. Je taille des phrases, je coupe des lianes, je pénètre dans une église sans vitrail. Je joins le pouce et l’index et trace un texte. Faites un plan. Je perds mes moyens quand on me réveille au petit matin. J’ai le sentiment qu’on me tend une cigarette, qu’il est encore temps de faire une prière, et que si j’obtempère, je me conformerai aux critères d’une meilleure humanité. Je ne trouve pas de plan. J’ai cherché dans mes arrière-pensées. Les heures passent. La pendule tourne. Je n’aime pas les bidules. Je claque des dents. Je suspecte un désir de n’avoir rien à dire. L’Aston-Martin de Nimier me fait entrevoir le pire et le macadam, le chagrin des hommes. Ce texte est extrait de « L’amitié de mes genoux » (5 Sens Editions, juin 2018). On peut le commander chez l’éditeur à l’adresse suivante : https://catalogue.5senseditions.ch/fr/recit-de-vie-connaissance/192-l-amitie-de-mes-genoux.html

lundi 27 octobre 2025

Do you speak godiche ?

Les mots s’usent avec le temps. Par manque de consensus. Au point de disparaître de la circulation, d’être enterrés pour de bon au cimetière du vocabulaire. Dans les salons de télévision que sont les plateaux de bavardage, il est soigneusement conseillé d’éviter de prononcer deux mots qui effaroucheraient les marmots et les sots. Autrement dit, le vocabulaire d’aujourd’hui tue symboliquement « père » et « mère », leur substitue un babil infantile, le parler gnangnan du « papa/maman ». Dieu sait qu’il y a des crimes de sang dans la cité qui nécessitent un commentaire circonstancié ! Les accrédités du micro nous détaillent la folie meurtrière d’un tueur en série comme Lecorniaud, par exemple, l’assassin des loupiots du Parc Monceau. Ils s’émeuvent du chagrin fatal du « papa » de la petite Zoé, tranchée au couteau de charcutier. Ils nous bouleversent avec la détresse de la « maman » dont l’infini malheur résonne à nos tympans. L’évocation des faits ne maltraite pas seulement l’enfant, mais ses parents mal nommés. Le père et la mère, leur désignation même est également frappée. D’obsolescence, sans doute. Au nom du nunuche de complaisance. Do you speak godiche ?