Quels sont les auteurs qui sont vivants quand vous
écrivez ?
Je dispose d’un carré magique. Il
est constitué de Flaubert, Proust, Mandiargues et Chardonne. On les reconnaît à
leur grain de beauté. Ils sont intouchables. Si jamais je perdais leurs traces,
si jamais j’égarais leurs pages, je demanderais à Rousseau ou Chateaubriand de
me venir en aide, de me prêter main forte. Ces grands écrivains sont mes anges
gardiens. Rien qu’à les évoquer, je me sens protégé.
Comment pourriez-vous définir L’Amitié de mes Genoux, votre dernier ouvrage ?
L’Amitié de mes Genoux, c’est la suite ou le début de ce que j’ai
fait antérieurement, je ne sais plus. Je l’ai écrit dans le même esprit que La Cicatrice du Brave. Je crois que L’Amitié est la fille de La
Cicatrice. C’est un bloc de style. C’est un travail de ciselure qui
s’applique à ma figure. « Je me noie dans un verre de moi ».
Qui sont les protagonistes de L’Amitié
de mes Genoux ?
Il y a des figures nouvelles que
j’ai croisées dans ma vie et dont je n’avais jamais parlé jusqu’à
présent : Le grand Hal, Farsa, par exemple. Il y a des personnages historiques
que j’exalte : Chirac, Séguin, de Gaulle. Il y en a beaucoup d’autres qui
traversent le récit, en coup de
vent, qui sont des éblouissements, des visions éphémères. L’Amitié de mes Genoux
regorge de petits cailloux qui balisent un style, jalonnent un sentier
d’écriture.
A quelle nécessité intérieure
correspond L’Amitié de mes genoux ?
Il est un âge où la vérité est
une dernière solitude, une sorte d’assuétude à l’authentique manière. Dans son Journal, Jean-Luc Lagarce, l’auteur
dramatique, cible dans le mille, découvre le pot aux roses, passe aux aveux,
d’une phrase lapidaire : « On dit la vérité ou on ne dit rien. » Ailleurs, il précise : « Le style,
il n’y a que ça de vrai ». Je suis d’accord avec lui.
L’Amitié de mes Genoux, c’est un autoportrait, l’écriture d’un
visage sans cesse recommencée. Avec une identité éclatée : je suis ce que
j’aime. Et personne d’autre.
Et vous aimez quoi, vous
admirez qui ?
Dans mon livre, il y a des femmes
fatales, des actrices de précipice : Ornela Muti, Lauren Bacall, Maria
Schneider. Il y a Olga, Lucia, la plus belle fille du monde. Derrière le carré
magique évoqué plus haut, je stocke en réserve un deuxième rideau composé de
fins connaisseurs des mots : Céline, Bernanos, Gracq, Nimier, Michaux. Il
y a aussi les imagiers, les artificiers de la lumière : Nicolas de Staël,
Godard, Antonioni. Et puis les paysages qui sont des visages de jeunes filles,
les villes qui sont des abîmes : l’Amérique, Budapest, Saint-Pétersbourg.
Toutes ces beautés fugitives trouvent une hospitalité dans L’Amitié. Je les accueille volontiers dans ma maison de papier.
J’aime et j’admire, pêle-mêle.
Sur quoi travaillez-vous
aujourd’hui ?
Je continue sur ma lancée. Je
poursuis une obsession. Je suis engagé dans une narration morcelée, en forme de
bribes de confession. Je récidive avec un livre qui s’appelle
Dancing de la Marquise, en référence à
Pierrot le Fou. J’ai aussi le projet
d’un grand livre sur l’Italie, une sorte de carnet de voyage, qui serait le
recueil des sensualités méditerranéennes. Un titre me vient à l’esprit :
La Soie du Soir. Enfin, j’écris
Fred. C’est un livre secret, un texte
sauvage.
L’amitié de mes genoux
est mon quatrième ouvrage publié. Il est disponible dès maintenant sur le site
de l’éditeur 5 Sens Editions :
On
peut aussi le commander dans toutes les bonnes librairies.