On
s’entasse dans l’échoppe, les tibias heurtent les chaises, les genoux signalent
un embarras. J’accède à mon rang.
La
librairie recueille mendiants et paroissiens du texte proustien. Le curé agite
un bouquin d’exégète saisonnier. Il s’assied en bout de nef, face à nos
visages.
L’homme
est émacié, d’allure aronienne, tiré à quatre épingles, fragile et cassable,
peu malheureux d’être vieux.
De
Proust, il parle sans hâte, souligne sa drôlerie. Jean-Yves Tadié rayonne d’une
gourmandise bienveillante. Boulevard Raspail, il accueille les maraboutés de
l’admirable jeune homme, les ensorcelés du grand Marcel.
Au
vol, je happe trois choses de la causerie. Cent soixante-trois centimètres.
Proust est de taille courte. Je ne soupçonnais pas son admiration pour
Dostoïevski. Je suis frappé par l’ascendant naturel exercé par Marcel :
Morand, Cocteau ne lui arrivent pas à la cheville, il le sait, il ne les lit
même pas. Proust boxe avec Racine, Baudelaire, Balzac et Saint-Simon.
Gallimard se vide. C’est fini. Un jour, j’écrirai une vie d’Albertine. Albertine Simonet.
Gallimard se vide. C’est fini. Un jour, j’écrirai une vie d’Albertine. Albertine Simonet.