La
nation est embringuée dans une lutte agonistique. Le freluquet du Touquet s’acclimate
aux rues dépavées, aux véhicules incendiés, aux vitrines brisées. A l’Elysée,
il calcule en rentier. Le pourrissement enrichit en dormant. Au bout de
l’enlisement, au bout du mandat, l’ordre vaincra, forcément.
Les
gilets fluo s’accommodent d’un ressentiment dément, d’une rage hors des mots
d’ordre d’usage. Les extrêmes jaunes se satisfont d’une violence paroxystique,
contraignent un pouvoir à la démesure sécuritaire, tacitement réclament une
mort d’homme. La figure du martyr est dans leur ligne de mire.
Macron
s’approprie le micro, temporise, botte en touche, étire son débat des heures et
des heures car il a peur de mourir. Il désactive l’option « législatives »
car il ne souffre pas de perdre. N’est pas de Gaulle qui veut, qui se désigne
Zeus.
Macron
chipe aux militaires leur stratégie de guerre à zéro mort. Des deux rivaux, le
monarque ou le gueux, c’est celui qui défiera les balles sans effroi qui
raflera la mise de roi, disposera de surcroît d’une légitimité.
Depuis
les milliards de décembre, les Jaunes savent qu’il faut casser de la vaisselle
pour gagner son bifteck. L’horizontale
reculade d’Emmanuel le Vertical est le péché originel d’une parenthèse
quinquennale. Les uns parlent de ressenti, les autres de moyenne statistique.
Le malentendu est dans la rue.
Dans
le même temps, on barbouille le décor insurrectionnel d’une touche académique,
gentiment électorale, d’un scrutin invisible, riquiqui, européen à ce qu’on
dit. L’Europe est myope comme une taupe, coincée entre deux Chine ou deux Amérique.
On
se soucie des nos petits députés anonymes, apatrides, inutiles, comme d’une
guigne. A vrai dire, le grand dessein européen se mesure à l’insignifiant
casting de listes de figurants, d’insipides supplétifs à caser quelque part.