dimanche 30 novembre 2014

Le signe d'égalité

On est égaux. Le dîner premier réunit des cousins autour d'une égalité. Il assemble autour d'une table un mince orphelinat, un peuple de poche, sans père ni mère. L'égalité est l'unité de mesure du malheur. Nous en sommes les définitifs pensionnaires. Deux d'entre eux nous précèdent, possèdent un rond de serviette depuis l'urgence de l'enfance.
On boit une vodka qui libère la voix. On choque nos verres dans une lumière opaque. On euphorise le manque de liesse de la vieillesse. On se toise comme des forçats en demande d'une gauloise. On se rencogne sur une banquette de plat blabla. On est coffré par une gendarmerie de courtoisie.
La réclusion nettoie l'illusion. On se tasse au salon comme une bande en communion. Le front de la ligne est traité aux petits oignons. Il est tard pour éconduire une mort dont la seule égalité nous fait signe.

vendredi 28 novembre 2014

L'ami du vent

Cet homme veut la vérité sur soi comme une propreté, veut la vérité d'une loi comme une nécessité. Il a entassé par pelletées des gribouillis de science et de conscience. Lui seul, faute de génie sous la main, peut déchiffrer ses palimpsestes d'adieu.
On ne dispose que d'un grand texte lisible que le Web entrepose. Il est titré comme un roman fleuve. Récoltes et Semailles est un soleil bâillonné dans les geôles Internet. Il est caché comme l'enfant qui joue aux dés se dissimule des fées. Grothendieck est à moitié russe. Il s'interdit la demi-mesure.
"Si dans Récoltes et Semailles je m'adresse à quelqu'un d'autre encore qu'à moi-même, ce n'est pas à un "public". Je m'y adresse à toi qui me lis comme à une personne, et à une personne seule. C'est à celui qui sait être seul, que je voudrait parler, et à personne d'autre".
La page sept est plantée comme un poteau indicateur de nationale. Plus de mille pages suivent, cheminent, glissent sur l'écran du rail virtuel, ruban vertical d'un convoi silencieux. On songe à Rousseau, à la passion des Confessions. Grothendieck mêle énoncé mathématique et projet véridique. L'homme est démangé par sa vision. Sa théorie des motifs se rit d'être incomprise.
A le lire, Alain Connes, l'inventeur d'une géométrie non commutative, évoque Proust, frotte l'aventure de Grothendieck à La Recherche. L'ermite pyrénéen, retranché sur son site, s'y définit comme l'ami du vent.

mercredi 26 novembre 2014

Transfiguration

C'est un vieil homme chenu, un conteur ingénu, un homme du cru à timbre ému. Le Gascon murmure à mon oreille un nom de difficile domicile. Il grommelle "gémelle". Michel zigzague du réel au virtuel.
L'auteur de Petite Poucette a cinq ans depuis belle lurette. L'an zéro de son calendrier commence à quatre fois vingt années.
Dans une bibliothèque de palais, Michel Serres embobine des écoliers de mon espèce, les embringue dans une histoire de l'oeil à la Bataille.
Il narre les avatars de Jupiter, la tromperie du dieu coureur de jupons, la traque jalouse de ses métamorphoses. Jupiter terrasse Junon. Les dieux délèguent leurs démêlés à leurs valets. La musique d'Hermès embue les yeux innombrables de Panoptès. La flûte de Pan est arme de crime de sang.
Yeux est un ouvrage de regards, légendé par un penseur des mille et une nuits, réfractaire au bleu totalitaire des ciels. La lumière vient du noir de Soulages.
Serres est fils de philosophie. L'amour de la sagesse est une paresse de professeur. Serres prêche la sagesse de l'amour. Panoptès, à la lettre, voit tout. Serres bouscule l'étymologie d'académie. Tout voit. La pierre, la mer, le hêtre, la bête ont des yeux. Les visions d'homme sont stockées dans d'autochtones musées. La galerie des regards d'aigle est à inventer.
L'Autoportrait au feutre gris. Van Gogh troue l'intériorité de mon regard. L'invu du peintre lance un sortilège comme l'inouï d'un solfège.
Le luxueux volume se clôt sur la Transfiguration du Christ, la toile céleste de Raphaël. Matthieu n'en croit pas ses yeux: "Son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements deviennent blancs comme la lumière". La transfiguration est un concept d'esthète, une hypostase dernier cri, l'éblouissement en vraie grandeur d'une vie. Descola ne trouve pas d'autre mot pour désigner l'humaine transformation des paysages du monde.



mardi 25 novembre 2014

Irmgard

Ces feuilles collées à l'asphalte, à dentelé losangé, de couleur cadavérique, trop jaunes pour l'automne, n'appartiennent qu'au monde indiciel des arbres sans ciel.
La feuille morte saisit un temps mort. Je la suis à la trace, à l'angle du boulevard; je m'attache à sa menace.
Je stoppe La Presqu'île à vingt pages du terminus. Simon se dédouble. Il siffle une récréation. Je coupe le moteur. J'invente une pause. Je fais les cents pas. La fièvre du désir élargit son empire. Simon interrompt l'horizon. Je balaie un visage de mon regard. Il me tarde d'égarer l'hypothèse d'Irmgard.

dimanche 23 novembre 2014

Federer au cimetière

Le pontife du tennis s'agenouille sur la terre rouge comme un pape en prière. Le match s'achève par l'oraison de Federer à sa confédération. Entre un pays que j'aime et la beauté qui m'éblouit, je choisis la splendeur d'un revers, la joie d'un coup droit.
La beauté du jeu appartient à l'éternité du geste. La leçon des maîtres est apatride. Federer est un athlète solaire. L'homme de raquette impose une pureté de ligne, une rigueur de corps, une souveraine élégance de silhouette. Son tennis claque comme une fulgurante évidence.
Dans la matinée, j'arpentais les couloirs du pavillon Sully. La gardienne sommeillait dans une torpeur à peine méridienne. Je suis libre de mes yeux. Je suis planté devant la Jeune orpheline au cimetière. Je me décoiffe devant la toile.
Ce petit bout de croûte me maraboute. Je lis un ciel pommelé dans l'oeil désorbité, le fardeau de femme fardée dans l'orangé d'une lèvre. Delacroix peint la douleur de chair, l'absolu désarroi d'un ordinaire Guernica. Car Picasso vole à Delacroix ses pinceaux.
"Une minute, il pensa qu'il était profondément heureux, c'est-à-dire qu'il sentit qu'il allait cesser de l'être" (Julien Gracq, La Presqu'île, page 119, Librairie José Corti, 1970).

jeudi 20 novembre 2014

Les marionnettes

L'impéritie des chefs de la nation nourrit la dérision. Ce genre de plaisanterie est la santé de la démocratie. On moque les petits despotes. On rit du ministre de comédie qui ment comme un gouvernement. Nos mauvaises têtes soliloquent avec leurs marionnettes. La caricature est une seconde nature.
Sarkozy grossit le trait à défaut de grandir un passé. L'homme de débat est à deux doigts de la débâcle. Juppé demeure triste malgré les humoristes. D'un homme un peu las, on dit que c'est un homme d'Etat.
Hollande se tasse quand il se hausse. Il rabougrit sur la photographie. Il n'imprime ni sur Poutine ni sur le déroulement du film. Il est dans de beaux draps. Valls joue de ses épaulettes comme d'autres usent de leurs talonnettes. La gonflette est accessoire de marionnette. Il donne le ton avec son menton. Il n'étreint rien avec sa main. Il s'essaie à l'hypnose. La nation se souviendra d'une soupape de transition.

mercredi 19 novembre 2014

Macron et le mec rond

C'est l'histoire de Macron. C'est l'histoire d'un mec rond. Macron sert d'édredon au petit homme au bedon. C'est le fiston du président à double menton. Le blond Macron virevolte sur les perrons, répond à la télévision dans les salons.
Macron est le modèle fétiche de la collection d'hiver du couturier de l'Elysée. Le culot est l'accessoire tendance de l'année. Né grand manitou, Macron sait tout. L'émail de ses dents indispose le gouvernement. Il arbore un sourire satisfait, soigne un faciès de dame patronnesse.
Macron colmate les abandons du mec rond. Il taxe l'ouvrier d'illettré, prive le grand sachem d'une retraite extrême. Il se soucie comme d'une guigne des veilles de lundi. Le dimanche est jour à retrousser ses manches. On travaillera du chapeau, même les jours de repos. C'est la paresse dominicale qui crée la semaine bancale. Macron est natif de la banque comme Pompidou de Montboudif.

mardi 18 novembre 2014

Une voix

L'émotion s'est retirée comme un silence de marée basse. Reste le chagrin qui pince. "Mon foie ne le supporte pas". Le chocolat barbouille les apostats. Je mange un carré comme on venge un regret.
J'écoute une voix intérieure. "Il ne me faisait ni chaud ni froid". Maman était partisane comme une rousseur d'automne. Malgré sa certitude, sa voix interrogeait une solitude.
Au changement de rue, la distance est infime entre le dit et le tu. On ne parle que sur le tard, dans le noir, un peu fort, à cause d'une peur. On fraie à la hache un passage. J'emmagasine des brindilles, des voyelles de voix, faute d'en savoir stocker le timbre.
La mort ne nous parle qu'au téléphone. La morte ne communique qu'à mon répondeur.

lundi 17 novembre 2014

Grothendieck

Alexander Grothendieck est mort. Et alors ? Céline avait averti l'épicier de la rue Sébastien-Bottin que Le Voyage, "c'était du pain pour cent ans". Grothendieck lègue à la communauté scientifique de quoi nourrir des générations entières de chercheurs.
Cet athlète de la science pure réconcilie le nombre et la grandeur, unifie l'algèbre et la géométrie. Hors de l'école, il réinvente les mathématiques traditionnelles. Le grandiose ignorant se hisse seul au-dessus de la mêlée. Il stupéfie les esprits d'élite du groupe Bourbaki. Ses travaux sont publiés. Il est le chef de file de nos médailles Fields.
A quarante ans, il tourne le dos à la société, se cloître dans une baraque perdue des Pyrénées. Ses méditations formelles s'entassent avec le temps qui passe. Il fustige la science officielle, refuse le déshonneur d'être honoré, s'éprend de jolies jonquilles et d'écologie. Il quitte la pureté irénique des mathématiques.
Le génie casse son jouet par nécessité, pas par fantaisie. C'est parce qu'il veut vivre qu'il suicide son oeuvre. On songe au petit poète de Charleville, au merveilleux photographe de Valparaiso.
Grothendieck emprunte à Rimbaud et à Sergio Larrain. Inutile qu'il communique. Il est terré vivant, fermé à la langue de l'accommodement.
Dans son taudis des hauteurs, un génie grandeur nature finit ses jours avec le diable. Il est possédé par l'idée du mal.

vendredi 14 novembre 2014

Léontologie

Il est démonstratif, volubile, brusque et brouillon, d'affectueuse compagnie. Il pivote sur lui-même, s'étourdit de gestes et de paroles. C'est une girouette, Jouyet, qui tournicote autour de Valls, sanglé d'un imper à épaulettes. L'enjeu de l'aparté se situe sur la plus haute marche du palais. Cinéma muet. La France du fond n'entend pas le son du perron.
Chez Ledoyen, où les portables sont éteints, Jouyet réserve les plaisirs de la table à l'homme du pays des rillettes, l'ancien collaborateur de Sarkozy empereur. La droite et la gauche s'entendent comme larrons en foire. On s'invective à l'assemblée. On trinque à la buvette.
Jouyet soigne Fillon aux petits oignons. Il brille par ses qualités d'accueil. Le tandem du Monde est traité avec une même gourmandise, une attention précise. Pas d'étourderie. Les micros sont rebranchés.
Jouyet narre ses racontars. Jouyet se borne à la stricte vérité. Allez savoir. Scrupule ou crapule, on y perd son latin.
La cassette est interdite d'écoute. Niet de presse. Déontologie oblige. Déontologie chantage. Déontologie de Pierre, Paul ou Léon. J'appelle cela la léontologie.

jeudi 13 novembre 2014

Un balcon en forêt

Charly Gaul domina son sujet. L'ange de la montagne s'échappa dans les cols. De Gaulle cessa de se languir à Colombey. Il allait désorienter les habitudes de gouverner.
J'avais cinq ans. Je plongeais mes coudes dans le sable. Je traçais des routes, inventais des classements d'étape dans un cahier à gros carreaux. Je trichais pour que la bille en terre de Bahamontès devance l'effigie d'Anquetil. Je plantais mes petites figurines de cyclistes dans un ordre réfléchi.
Gracq publia un récit absolu. J'en exhume deux majestueuses séquences. Grange voit l'horizon comme une étrange illumination. Il règle son regard sur une démarche enjouée, la liberté à cloche-pied, la frivolité d'une petite fille isolée, sur la laie des bois de Moriarmé. Le soldat trouve une proie à portée.
Gracq, chemin faisant, dans une nature où l'homme exerce une filature, métamorphose une gamine en femme endeuillée. Mona accepte le duel comme une douceur, consent au rêve comme à une trêve, tend sa joue comme on s'amuse à la balle.
Mona nomme une solitude, un isolat, l'anonymat d'un monde. A hauteur d'elle, le soldat identifie le paysage de son exil. "Je ne déteste pas faire la guerre avec des gens qui ont choisi leur façon de déserter".
L'attente, avec un trou, désigne un attentat. La guerre a perforé les chairs. Le blockhaus est réduit à un tas d'os. Grange se hisse jusqu'à la maison de Mona.
Gourcuff l'a lâché. Il est blessé. Il traîne sa jambe endommagée par le layon qui mène à la maison abandonnée. "Toute une saison" pensait-il. Il se demandait s'il l'avait aimée. C'était moins et mieux: il n'y avait eu de place que pour elle".

mercredi 12 novembre 2014

Le commentaire des yeux

L'élan du bleu, comme une lueur vive, ragaillardit la nuit. L'espoir nettoie le ciel. La neige beige du nuage se désagrège. La joie impose le jour comme une victoire sur le noir. Un bleu totalitaire fait taire le commentaire des yeux.
Dans le silence d'une couleur bruit la rumeur de l'aurore, cogne aux tempes la rancoeur d'un moteur. Un soleil hémophile cautérise la terreur du ciel.
Les étoiles d'automne sont piquetées au macadam, à la voûte pédestre, comme des mains coupées, arrachées des platanes. Le jour se tasse. La nuit tombe comme un verdict. Dans la débâcle des rites, je rate mes réussites. Les corps ont la bougeotte. La nuit invente la bougie.

dimanche 9 novembre 2014

L'icono-Clastres

J'ai farfouillé dans les étagères de ma bibliothèque, délocalisée dans la chambre, démultipliée dans le couloir et le salon.
J'ai collecté plein de petits formats, conservés pour les temps de frimas. Descola m'a requinqué pour l'anthropologie, rafraîchi la curiosité pour les récits précis d'Amazonie.
J'ai fait un tas des "Chronique des Indiens Guayaki". J'en possède quatre exemplaires. Peur de manquer. Pierre Clastres rayonne sur mes rayonnages. Il mourut à quarante ans sur le bitume sacrificiel d'un Week-End.
"La Société contre l'Etat" étanche encore ma soif de pensée brève. Les Indiens Guayaki se délectent de chair humaine mélangée à du miel, fuient comme la peste l'ordre politique et la hiérarchie d'une chefferie. Ils s'accommodent de la violence, s'opposent à la naissance d'un Etat. Ils ne tolèrent aucune obéissance, nul transfert de pouvoir à quelque transcendance que ce soit.
Ils s'acquittent des nécessités de subsistance comme on expédie les affaires courantes. Les chasseurs d'Amazonie sont paresseux, travaillent quatre fois moins qu'un besogneux du coin.

vendredi 7 novembre 2014

L'imposteur

C'est un petit roi qui ondoie, qui rate ses prophéties, qui mène un pays à l'asphyxie. Il vit au crochet d'une princesse qui s'appelle la détresse.
Il est souriant. Il se laisse vivre, joyeusement ballotté, d'une vague à l'autre, jusqu'à terme du plaisant mandat. Il trouve cela ravissant.
Au détour d'une blague, on apprend que telle ou telle mesure du catalogue ne coûtera rien puisque c'est l'Etat qui paiera. L'imposteur lève l'impôt.
Il arpente le chemin de ronde de l'Elysée, guette les nouvelles du monde en sentinelle des mouvements du ciel. La croissance viendra d'ailleurs. Le petit président tue le temps, tricote un petit baratin d'attente. Il ne veut pas brusquer sa nature.

jeudi 6 novembre 2014

Les yeux de président

Ils ont les yeux foncés. A défaut d'être visionnaires, les présidents n'ont pas les yeux clairs. Bruno Le Maire peut guetter l'Elysée. Il n'en sera jamais locataire. Marine Le Pen pas davantage, à cause du même mauvais regard. De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande sont des gouvernants à poil brun.
Dans l'admirable république française, la chefferie blonde aux yeux bleus est interdite de présidence. Notre démocratie discrimine le type Viking.
Cela dit, la statistique hexagonale est démentie en Germanie. Le pouvoir n'est pas biologiquement ancré dans l'oeil noir du politicien prédateur. La chancelière allemande fait briller son regard d'une étincelle bleue azur.
Au vu de nos déconvenues, on peut se demander si les yeux de nos zélés princes ne sont pas trop foncés. On dirait que l'oeil noir jette un voile sur la réalité.

La phrase des hypnotiseurs

Nora, Mona, Angiolina. Totems de poèmes. Trophées d'une maisonnée. Céline, Gracq, Matzneff. J'ai omis Albertine. Proust veille sur une sublime effrontée, une grande brûlée, une couventine, dure comme une pierre.
La regarder dormir. Proust exprime un repentir. Albertine disparue. Les vies sont chétives, à moins d'une fugitive. Je songe à Radiguet, au final du Bal du Comte d'Orgel, à "la phrase des hypnotiseurs": Et maintenant, Mahaut, dormez, je le veux !".
Elisa Schlesinger ne s'est jamais réveillée de l'emprise du fakir. Flaubert sait-il qu'elle meurt à moitié folle dans une ville thermale du pays de Bade ?

mardi 4 novembre 2014

Hopi

Sous la table en bois, sur le parquet couleur de miel, contre la plinthe écaillée du mur blême, je joue avec une balle et un chien seigneurial, un grognon cocker à poil blond. Je suis l'ami d'Hopi. Je claque ma paume contre la balle qui gicle dans la gueule d'animal.
Hopi était majestueuse dans sa distance bougonne, dans sa légitimité de petite lionne. Hopi était jalouse de mes fantaisies. Elle montrait ses crocs à l'indésirable comme au sot. Je chantonnais un hymne maison à la gloire du hiératique petit fauve de salon.
Je saluais son affectueuse bouderie d'une joyeuse mélodie à voyelles emberlificotées: "Elléticominbotamabotamabotimabotomabotucominbotanana". La brillance de son croc suffisait à cercler l'aire de jeu.

lundi 3 novembre 2014

Diagonales de feu

Parenthèse Poirier. Mona, figure d'épiphanie. Je pense à la Nora de Mort à Crédit, l'obsédante Irlandaise, la divine affranchie. Mona est une diablesse de même espèce, rieuse et vénéneuse.
Gracq restitue la rosée d'aurore, la fraîche espièglerie d'un corps ébloui. Nora, Mona, Angiolina. La littérature d'apparition est signée d'artistes d'exception. Elle trace ses diagonales de feu. Mona donne le ton, son tremblé de madone, au merveilleux Balcon. 
Je prie de très près. Je chuchote une peur idiote. J'ai fleuri son fétiche de pétales de chrysanthèmes. Je pose un mot sans écho. Je prie par le truchement du dessin d'esprit.