dimanche 30 décembre 2012

Rentrer à la maison

La grande pièce de lumière où j'engrange les photographies est disposée pour le regard. Elle est piquetée de portraits. C'est de la mort sur papier.
Je vois sa figure de vivant derrière le divan. Le meuble de Szekely est une ligne d'infini. "Je veux rentrer à la maison". Leitmotiv de papa, songe urgent d'une vieillesse qui blesse.
Sa maison a fui les saisons, choisi la trahison. Papa se tait dans la mienne. Se terre comme un père.
Il est glacé. C'est une figurine de carton. Il jette ses yeux en plein ciel bleu.
Il interroge la lumière, vérifie l'identité de la terre. "Je veux rentrer à la maison". Il me regarde avec une patience insistante. Demande de ne pas l'abandonner.

Tweet

Bref. Comme l'amour clandestin d'un Sofitel. Entre deux portes. Bref. Comme le chant du signe. Sur le pouce.
On tweete à la hâte. On éructe une humeur. On crache sa poignée de syllabes. On se débarrasse d'une phrase comme d'un pardessus. On se plaît à l'abrégé. A la nudité, à la nullité.
L'écrit preste évacue Proust. Vide à l'entrée le désaxé de la syntaxe. On ne recherche ni ne développe. On taille du temps court à l'état brut. On s'abandonne à la tyrannie d'un infantile gazouillis. Borborygme expressif. Cri primal, onomatopée de nouveau-né.
Le tweet squatte la tête. Contingente la page blanche. Formate l'épanchement du moi. L'esprit, à défaut d'infini, se caricature en deux lignes.

samedi 29 décembre 2012

Paquebot

Les voeux ont de l'avance. On s'embrasse avant l'heure. Ayrault s'enivre de mots. On oublie la hargne, on débouche le champagne. On croit mordicus à l'effet placebo d'un paquebot.
Mais l'hirondelle de l'Atlantique ne fera pas le printemps mirifique. Ce colosse des mers est destiné au loisir de riches désoeuvrés. L'ouvrier de Saint-Nazaire se réjouit de travailler pour les rentiers de la terre.
On flanque Depardieu à la porte. Dans le même temps, on se félicite du pouvoir d'achat de vacanciers fortunés. Les nantis sont les bienvenus au pays. L'argent n'a pas d'odeur quand il s'approprie la bonne sueur.

jeudi 27 décembre 2012

Nous fatigue l'ennui

Nous fatiguent les fêtes imparfaites et les dons sans pardon. Nous fatiguent les moitiés d'amitié et les sourires sans rareté. Nous fatiguent  le déballage des victuailles. Nous fatiguent les souhaits sans y penser.
Nous fatigue la France. Avec son histoire, ses patelins, ses clochers. Nous fatigue le roman des souches. Nous fatiguent les petits blancs et les grosses blondes. Nous fatigue une patrie pas très jolie jolie, jamais guérie des jalousies. Nous fatigue l'ennui.
Je regarde la carte: c'est quand même un monde ! Nation démission. Nous fatigue ce terroir propriétaire, mouroir des temps de guerre.
On gomme la frontière. On tourne la page des querelles de bornage. On fait la bringue avec l'humanité. On fraternise à sa guise. Caïn farfouille en magasin, débusque de nouveaux Abel à la pelle. On s'achemine doucement vers des tourments sans précédent.

samedi 22 décembre 2012

Paul Crauchet

Paul Crauchet est mort. Ce n'est pas la fin des haricots. Les comédiens sont les princes de l'éphémère. L'acteur en maillot de corps impose une présence muette, une poésie charnelle à ses films.
Paul Crauchet vit dans notre mémoire, au coin d'une nostalgie, au rayon des curiosités post soixante-huitardes.
C'est l'ouvrier lunaire des années libertaires. Il est l'homme d'un premier rôle. "Bof...Anatomie d'un livreur" raconte le vagabondage d'un manutentionnaire, l'abandon de poste d'un cinquantenaire.
L'humble humanité de Paul Crauchet ensoleille la pellicule. Elle crève l'écran d'un temps de conte de fées. Où la paresse revendiquée était l'emblème de lendemains enchantés.

vendredi 21 décembre 2012

Disponibilité charnelle

Sentiment d'être entravé dans ma liberté d'apprécier. Le vin de Champagne d'hier, au raout de la société des auteurs, avenue Velasquez, altère ma sensibilité du réveil, gâte mon humeur à bien lire.
Le bout de fièvre, qui montre son museau, impose aux mots ses priorités. Il m'enseigne que la majesté d'un style nécessite la santé du corps.
Lire Proust ou Chateaubriand exige une attention précise, une sensibilité réactive à la phrase, réclame une disponibilité charnelle au chant des voyelles. Faute de quoi, on rate un virage à chaque page.
D'où le lot de consolation du texte de raison. Une conscience diminuée se contente de science épurée.
Inutile de s'aventurer blessé dans La Vie de Rancé. Aujourd'hui, je feuillette Le Goff, lit des bribes sur le Moyen-Age. L'esprit, même embrumé, se plaît à déchiffrer l'expression réduite à son austère signification.
On ne peut pas lire Claudel, les jambes en flanelle. La littérature s'adresse aux bien-portants, par nature. La science de l'homme, deuxième choix, parle au camp des malades.

jeudi 20 décembre 2012

Minable

Je tiens mon maigre savoir du philosophe de ma jeunesse. Il m'enseigna l'origine minable du mot ministre. Du latin minus. Ministère se situe au bas de l'échelle de la petitesse. En revanche, magistère, son contraire, se recommande d'une certaine grandeur.
Autrement dit, le maître est l'exact opposé du ministre. Je sais de Michel Serres, mon joyeux mandarin aquitain, la nature vraie de premier ministre.

Villa Brune

C'est une adresse de bout d'impasse. L'homme du lieu écarquille les yeux comme un enfant taiseux. Il nous accueille en pyjama dans sa maison grenat. Nous assied sur un canapé d'angle. Le matou gris s'ébroue. N'en perd pas une miette.
L'homme du lieu s'est défait des contraintes de mémoire. Dans son salon, il ne se souvient qu'à l'occasion. Il est indéchiffrable derrière sa face lunaire, rose comme un homme qui se repose.
Il se fiche des souvenirs, les chasse de la main comme des mouches indésirables. Le service du thé l'attentionne comme une fidélité à exécuter. Il nous reconnaît mais ne sait nous identifier.
C'est une demeure où les heures ne font pas peur. On jette des mots dans la conversation comme des hameçons dans une mer sans poisson.
Il se dresse, droit comme un lutin, petit soldat sans embarras, vieux bambin sans destin. Il ne confesse qu'une faiblesse. Le froid, qu'il conjure à La Réunion, loin de sa maison.
L'éclaircie du visage est une épiphanie. Intelligence de chat, ou condescendance de nouveau-né, l'homme du lieu n'est pas plus saisissable que la joie du feu.
On marche dans la rue, Villa Brune, décontenancé par la nuit.

mardi 18 décembre 2012

Depardieu l'Européen

Depardieu est un Européen de Néchin. C'est un étudiant du continent, intoxiqué à l'idéologie Erasmus, drogué de mobilité, qui s'établit en Wallonie. Il saute la frontière, fait le mur comme un collégien en colère. Il quitte sa patrie comme un Rom de Roumanie. L'homme des Valseuses fuit le pays de Valls.
Il échappe aux attaques d'une horde, bivouaque chez Poelvorde.
Depardieu considère l'Europe avec sérieux. Prend au mot la fraternité de son drapeau. La France s'embrouille dans ses lignes Maginot. Se gargarise de ses beaux impôts.

lundi 17 décembre 2012

Un corps de volupté

J'attends le chariot des gâteaux. Dans le hall du Plaza, la clientèle emmitouflée sollicite le guichetier, malmène le concierge.
L'Asie impavide se photographie devant l'immense sapin blanchi. Je patiente dans le temps étiré qui sied à la beauté du dimanche.
J'accède au fauteuil du couloir. Trempe mes lèvres dans un joyeux Champagne. Santon de pâtisserie, bécassine de caramel, la religieuse du Plaza est l'invitée de ma prévenante écuelle.
C'est un gâteau d'échafaud. Je l'accueille en délicat bourreau. Je décapite la prisonnière, triture le tissé serré d'une chair. Je dissèque un corps de volupté, vandalise le buste de sucre d'une Vénus de Milo.

dimanche 16 décembre 2012

L'imposteur

Hollande pour la Belgique. Il quitte les prés de Saint Germain pour le crachin de Néchin. L'ardoise est discourtoise: il y a des Ayrault de trop. Depardieu se sauve. Sa lettre de désertion est plantée au front de la nation. Il s'exile parce qu'on rogne ses ailes. Depardieu jette son panache dans la bagarre. Il fuit la meute des viandards.
Le fisc est le fils. Il hérite en premier du travail des pères. L'imposteur lève l'impôt. Use et abuse de sa ruse. L'homme de mains oeuvre en bandit de grands chemins. Le fisc est armé jusqu'aux dents. Il dépouille et châtie la riche fripouille.
L'Etat revanchard s'autorise de tondre l'homme prospère comme hier la femme adultère d'une guerre.
Dans le récit de sa vie, Chateaubriand peint la police d'Italie en termes choisis: "Quand le délégué de Padoue vint chez moi, je lui trouvai une mine de secrétariat, un manteau de protocole, un air de préfecture, comme à un homme nourri aux administrations françaises" (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome II, page 831). Depardieu n'en croit pas ses yeux. Il imagine Ayrault.

samedi 15 décembre 2012

Les gens d'armes

La télé ronfle dans les maisonnées. Samedi, c'est emplettes à petits prix. Le potlatch de fin d'année dicte sa marche forcée. La télé radote. La télé chevrote le récit d'une tuerie. Une escouade de doctes commente la fusillade du Connecticut.
L'Amérique est composée d'une classe hégémonique: les gens d'armes. L'Europe raille l'arriération d'une nation aux sécuritaires amendements de la constitution.
Terre sans laïcité, l'Amérique des libres pistolets déconcerte les esprits français. Elle contrarie nos solides préjugés. Aux dégâts des armes constitutionnelles répondent les larmes compassionnelles d'Obama. Les gens d'armes ont une âme, une belle âme même. La passion du revolver n'altère pas les bons sentiments.

Chateaubriand

J'achèverai les Mémoires du vicomte juste avant Noël et ses cantiques de gloire. La mort rôde tout au long des quarante-quatre livres. Chateaubriand émeut par ses dépêches au ton altier et ses courriers mêlés de piété.
Il fourre sa vie imaginée dans ce majestueux recueil de miscellanées. Deux femmes surplombent le récit de l'homme de plume: Charlotte, la taiseuse amoureuse, Lucile, le génie absolu de la famille.
Les lettres d'une soeur poignardent le frère ambassadeur. Les yeux d'une veuve se plantent dans le mauvais rêve de diplomate.
Les trois journées de la révolution de juillet sont prétexte au chatoiement d'une langue étincelante. Chateaubriand reporter exécute un crayonné échevelé du Paris émeutier.
La vieillesse situe l'âge des prodiges de l'artiste. Venise est écrite pour l'éternité. On rougit des inutiles rajouts de pèlerins écrivains. Chateaubriand y patiente à l'hôtel de l'Europe. La duchesse de Berry lui confie le destin d'un fils.

jeudi 13 décembre 2012

Low cost

Les princes qui nous gouvernent semblent ternes à comparaison des saisons, des républiques de jadis. On les formate pour l'anonymat immédiat des médias les plus plats. Ils règnent sans rêverie ni fantaisie, régentent un pays comme de petits commis.
En un mot, les politicards sont taillés au plus juste, cintrés dans des costards low cost, cravate de travers. Copé, sans talonnette, tout juste honnête, évoque Sarko, nabot low cost. Fillon reste second, aux marches du palais, interdit d'accès, monotone et félon.
Ayrault parle en prélat, marmonne un long sermon, rabâche un prêchi-prêcha. Ayrault est un politicien étouffe-chrétien. Hollande voyage en train sans l'entrain d'un chef de bande. Hollande suit sa route indécise sans valise ni balise.
Présidence normale. Locomotion low cost du petit père de la nation. La chefferie du pays s'est rétrécie. Nos princes aux idées minces ont bien dégringolé depuis de Gaulle. Le peuple achète son billet à l'Elysée, compagnie low cost. Sans garantie pour sa survie.


mercredi 12 décembre 2012

Ciel abstrait

La petite boulangère mulâtre ne boude pas son plaisir qui est de sourire dans la lumière blonde de ses pains.
Splendeur dehors. Le toit du monde est un grand aplat de peinture jaune. Les parallèles ont des ailes. Impriment une géométrie des traces dans un ciel abstrait. Déposent l'échelle dans une gamme de vieux roses et de vents éventuels.
S'ébouriffe le bleu bref des genèses. Rougeoie sa joue d'oiseau de proie. Le ciel emmêle son récit indiciel dans la diagonale d'un réel marbré d'estafilades. Les griffures se croisent sur l'ardoise impure. On perd latin, Nord et conscience.

mardi 11 décembre 2012

La suite

On connaît la suite. Les sous de Nafissatou. L'argent éponge le temps, efface les faits. L'audience dure l'espace d'une romance.
Les hommes de loi fixent le montant de l'ardoise. Nafissatou pavoise. Nafissatou sourit. Nafissatou souffre du dos. Déesse Cas longe une rue en travaux. Nafissatou remercie Dieu. Déesse Cas sourit en écho.
On connaît la suite. Déesse Cas annonce qu'il est candidat. Qu'il est candidat aux médias.

lundi 10 décembre 2012

Née d'un rejet

L'hostilité crée la communauté. Les démons aux frontières fédèrent les nations. Les mauvaises fées sont des traits d'union. L'Europe est née d'un rejet.
Elle s'est extraite de la Shoah et de Marx. Elle vient d'un traumatisme de la mémoire: Hitler et Staline. Marx est mort dans les usines. L'histoire remballe ses horreurs. Elle saute la page de la solution finale. L'Europe désigne un horizon de paix.
Or l'union pèche par déficit d'anticipation. L'Europe s'agrège autour d'une paysannerie dont les jours s'abrègent. Elle privilégie l'acier dont on faisait les canons.
Elle s'entiche du fétiche de l'économie. Elle repeint les nations aux couleurs de leurs seuls picaillons. Amnésie des géographies. Silence poli sur les croyances. La technocratie s'approprie les patries. Les nouveaux héros se moquent des mondes locaux.
L'Europe cingle vers l'avenir avec une cargaison de conceptions arriérées. Elle s'étourdit d'historiettes gentillettes, s'épuise au marathon des concurrences, se nourrit du ressentiment de la mondialisation.
L'ennemi s'apparente à l'étranger menteur, producteur à bas prix. L'Europe a trouvé sa nouvelle solidarité. Elle actualise son logiciel d'interprétation des marchés, consent à installer sa dernière version. Elle identifie la mondialisation d'échange inégal comme sa nouvelle grande querelle.
L'Europe grandit au voisinage d'une terrible guerre de bornage. Il s'agit de délimiter le champ mondial d'un commerce équitable.
Ce combat renaissant nécessite la vaillance d'un continent. Il exige la claire vision d'une ambition.


dimanche 9 décembre 2012

Un choc de palais

Chez Petrossian, on s'enivre des fraîcheurs de la Baltique. On se plaît à gratter ses poudriers de mince grammage. Le caviar est un genre de beauté. Noir miroir dans son luxe de tiare.
La vodka désaltère aussi légère et pure qu'une eau imaginaire, aussi lisse et rude qu'un persistant délice. Je mouille mes lèvres dans une nostalgie. J'y vois l'idée nette du parfait infini.
L'assiette est tapissée d'orange. Tranches de saumon comme des bannières à l'abandon. J'incise la chair froissée. Je bois dans la félicité. J'évoquerai la vodka comme un choc de palais.

L'alphabet des pliures

Les corps se rangent au gymnase comme des chevaux dans leurs stalles. Ils s'agitent à leur place, gesticulent, exercent leurs muscles.
La musique militarise les postures, brusque les anatomies. Régine impose un régime. C'est le caporal de la salle. Elle ordonne à chacun, tonne au besoin.
Les corps grincent sous la loi des secousses. Récitent l'alphabet des pliures, se courbent contre-nature. On s'épie. On guette le faux pas. On mime la prof de gym.

vendredi 7 décembre 2012

Frère de beauté

Il voit la vie sans lui. Du creux de sa paume, il sèche la rosée d'une joue. Il sait dans les yeux la finitude des ciels bleus.
Tremble un frère de beauté. L'humanité secoue son encolure de bête apeurée. Le corps sent l'été se dérober.
Va dans le mur sans un murmure. La main flotte dans un vêtement. Les stridences sont des silences. Un cri dessine le repentir d'une lèvre.


jeudi 6 décembre 2012

Hors pistes

Le gouvernement godille à ses risques et périls. Il crée des leurres, des pleurs et des rancoeurs. A changer de pied sur l'acier, il jette le discrédit sur sa sincérité.
La droite a déserté. Elle vide la démocratie par défaut de sa chefferie. Après le plein soleil des chamailles, la querelle s'opacifie dans le huis clos des bureaux.
On se défausse sur un peuple, traité comme la dernière roue du carrosse. On se moque d'un monde muet comme une tombe, sans bulletin hors des scrutins, interdit d'expression au plus fort de l'inexorable récession.
A slalomer entre les gens de peu, les hommes de pouvoir soliloquent entre eux. Hors pistes, sans complexe, dans une poudreuse flatteuse.

Cimabue, Dali, Bacon

Fixer des vertiges. Rimbaud dispose du marteau et des clous. Dali d'un pinceau. Christ panoramique de Dali. L'imagier catalan figure l'attrait du vide, la tentation du néant. Christ cascadeur, à deux doigts de plonger dans l'uniforme univers. La toile est à Glasgow.
Le Christ de Cimabue est suspendu comme un pendu. Boxeur dans les cordes. Le corps se tord. Se dépatouille mal de la mort. Crucifix de Santa Croce.
Chair, viande, barbaque ou bidoche: Bacon embroche son pape innocent. S'approche au plus près des secrets de Cimabue. Contorsion christique d'évocation byzantine.

mardi 4 décembre 2012

Les nuques

Du vent et de la pluie. De la nuit sur les yeux. L'horizon se borne au goudron. La chair est pincée. Elle se tasse dans sa masse. La peau démange.
S'engoncent en dimanche des corps de mensonge. Luisent les balcons graisseux. Le bruit de la ville joue de sa griffe. Un châtiment de taupe abaisse les nuques.

lundi 3 décembre 2012

Sviatoslav

J'ai trouvé ma place pour écrire. Je la cherche pour reproduire, dessiner, ébaucher un sourire. La musique m'en déloge. M'en fait voir de toutes les couleurs. Je rougeois dans ma loi.
Ses exils sont ses domiciles. La musique se rit, s'amuse de bouts d'espièglerie. La musique est nomade et guérit les malades.
L'ordinateur placarde la trogne lunaire de Richter. Le temps claque entre ses doigts. Sviatoslav s'approprie l'esprit virtuose d'une bourrasque. Bach a planté dans l'espace son entêtante absence.

samedi 1 décembre 2012

Voter encore, voter mieux

Les sottes ambitions se heurtent au roc esthète de Beckett. "Echouer, échouer encore, échouer mieux" (Cap au pire).
Voter, revoter, bourrer, re-bourrer les urnes. Voter encore, voter mieux. En l'espèce, la bouffonnerie est une noblesse. Cioran, de mèche, ajoute son grain d'ironie, de rire en-dedans: "N'avoir rien accompli et mourir en surmené" (Aveux et anathèmes).
Fillon n'échoue pas mieux. Mauvais perdant. N'aime que l'éclatant succès. Copé ne veut pas le savoir, n'échoue pas du tout.
Ils sont possédés par des prouesses menteuses. Ils sont agités par des vitesses immobiles. Ils gesticulent à la sortie des métros. Persévèrent dans des travaux sans écho.