samedi 18 août 2018

In memoriam


Kofi Annan avait un port de seigneur, une noblesse d’allure. Je ne sais pas très bien au juste ce que fait, exécute, accomplit un secrétaire général des Nations Unies. Mais je subodore qu’il dort mal. Car le monde est possédé par le diable, ravagé par le démon d’une violence animale. J’imagine que la paix était sa grande querelle, son grand dessein. Il est mort à l’âge de De Gaulle. Il avait de la gueule. Chirac, je crois, l’aimait bien. Cela me suffit pour définir l’homme comme une belle personne. Je salue sa mémoire.

samedi 11 août 2018

Mémoire

Lui, il est absent. Il est là mais fugitivement. Il traîne. Il est là tout le temps, ailleurs. A sa place. Il lit des ouvrages, des illustrés, à des kilomètres de là. Il ne bouge pas d’un pouce. Il vit retranché sous les quolibets des princes d’activité. Il est sourd. Il est sourd aux mille bonjours. Il est sourd comme un pot. Il prie au plus près des lettres d’alphabet. Il lit n’importe quoi, sans foi ni loi. Il n’est jamais rassasié. Il ne lève pas le nez. Il s’instruit, incorpore autant qu’il ignore. On ne sait s’il s’aguerrit. Il pouffe. Il rit. Il n’est jamais guéri. Il se plaît ici. Le paradis est un parti pris. Il oublie ce qu’il lit. Mais il suffit d’un détail pour que renaisse l’entaille d’une phrase. Il se souvient de tout. On lui raconte des salades comme s’il était malade. Il ne bouge pas d’un iota. Il préfère ne pas. Il se cramponne au manuel. Il ne le lâche pas des mains. Il n’a besoin de personne. Il s’est sauvé tout seul. Il n’était pas remédiable. Diable, non.