jeudi 28 juillet 2011

Seri-algue killer

Ce ne sont pas des baleines échouées sur le rivage mais des sangliers des bois qui sommeillent en baie de Saint-Brieuc. Loin des chasseurs, ils ne paressent pas sur le sable breton. L'algue verte exhale ses poisons. Le littoral des côtes d'Armor sent le soufre, le cadavre et la mort.
La seri-algue killer des bords de mer pollués s'attaque aux marcassins. Aux racines du vivre sain. La police tarde à coffrer l'indésirable végétal.

mardi 26 juillet 2011

Juillet

L'été pourrit sur l'arbre. Le Tour de France est fini. L'admiration fait tapisserie. Nafissatou dit tout. Obama fait les gros yeux. L'endettement est la drogue des gouvernants.
Un blond nordique secoue la torpeur d'Oslo. Le nihiliste en solo fusille de sang froid la jeunesse de Norvège. La Somalie crie famine. Le monde est une anomalie. Inutile de tourner autour du mot.

Benoît

Vitraux à lumière jaune acide. Les pélerins recueillis se serrent la main. Les prie-Dieu crissent au son des syllabes latines. Les nonnes chantent avec une lente sauvagerie. La pureté se dessine dans l'été. La paix du coeur se mesure à l'épaisseur du silence. Benoît est un roi dont la règle va de soi.

lundi 25 juillet 2011

Avocat des forçats de la route

Le texte d'Arno Klarsfeld consacré au Tour de France rate la grandeur de l'événement. Il pèche par approximation. Car la démagogie politique ne s'apparente pas au dopage sportif. L'élu du peuple n'améliore pas ses performances avec des promesses. Sa gestion effective des affaires publiques ne leur est en rien subordonnée.
En revanche, le champion cycliste use de méchants fortifiants qui font progresser ses chronos. Bref, il convient de ne pas confondre scores électoraux et durée d'ascension du Tourmalet.
De surcroît, l'article de l'ancien avocat est inexact sur le fond. Il est blessant, voire mensonger, d'écrire que "la course manque de plus en plus d'intérêt sportif, les favoris au lieu d'attaquer dans les deux derniers cols ...n'attaquent plus que dans les derniers kilomètres".
Alberto Contador a lâché ses compagnons de peloton dès le quinzième kilomètre de l'étape reine des Alpes. La veille, Andy Schleck avait fait cavalier seul dans l'Izoard et le Galibier. Arno Klarsfeld n'a pas suivi la course jusqu'au bout, ou avec l'attention nécessaire.
Ces vaillants champions, héritiers de Charly Gaul et de Federico Bahamontès, méritent mieux que des procès en indignité. Devant un tel panache, il convient de se décoiffer. Face à l'injustice des mots d'Arno Klarsfeld, j'endosse volontiers le rôle d'avocat des forçats de la route.

vendredi 22 juillet 2011

Pour une poignée de souffrances

Maillot Leopard, noir et blanc rayé d'azur, Andy Schleck sifflote dans l'Izoard. Il pédale à sa main, en paix sur sa machine. Il maraude dans les cols. Pour un peu, il mâchouillerait une marguerite entre ses lèvres.
Andy grimpe comme un cabri. Il se défait du Galibier, passe la banderole en vainqueur. Derrière, Evans avance, progresse à coups d'épaule, pilote la meute en chien de tête rageur. Contador est décramponné. Il abandonne plus de cent secondes en deux mille mètres.
Voeckler grimace de partout, finit à l'arraché. Il s'est soulevé en haltérophile jusqu'au sommet. Il conserve le paletot pour une poignée de souffrances. Il a mouillé le maillot jaune comme personne. Grandeur du Tour de France. Vaillance de ses soldats.

Carthage

J'observe les miroitements d'un fauve bleu, la chair zébrée des mers. On ne voit du ciel que l'émail du soleil. J'aime le mauvais mauve des fleurs matinales.
Mes pieds s'enduisent d'une soie de sable tiède. Je croise perdrix et lièvre de Carthage. Je trottine au plus près d'un reflux affectueux. Dos au vent, je me mens du boniment du temps.
Je décortique l'exquise daurade. J'apprécie la fulgurance d'un chocolat exilé sur l'assiette. Je suis ému du sentiment de vie des saveurs inventives. J'ai noyé ma mémoire dans un rosé de Phénicie.

lundi 11 juillet 2011

Roland Petit

Révélation. Roland Petit a révélé la danse à tant d'apprentis, d'amateurs un peu nigauds. Je me souviens de Barychnikov, étourdissant de virtuosité, s'affranchissant des règles de la physique, tourbillonnant autour d'une chaise en bois.
C'était "Le jeune homme et la mort" créé par le fabuleux Jean Babilée. Roland Petit éveillait à l'amour de la légèreté. Il nous introduisit au royaume de la fulgurante beauté.
"Les hommes sont lourds et épais" maugrée le vieux Destouches. L'incorrigible artiste s'instruit au voisinage des danseuses. Céline en apprécie la discipline. Les ballets de Roland Petit ont gommé la pesanteur ordinaire de la terre. A son école, on s'émerveillait des prestiges de la grâce comme au spectacle d'un ciel étoilé. Reconnaissance grandissime à l'homme au modeste patronyme.

vendredi 8 juillet 2011

Petit éloge

Envie d'en découdre. De grimper en danseuse le col du Tourmalet. Envie d'écrire des récits rares. D'épingler l'émotion, d'en étendre le drap sur un fil de coton. Envie de griffer la peau des mots. De tordre le fer forgé des mieux dessinés.
Se consacrer entier à la louange. Faire le petit éloge du grand âge. Figurer l'aventure des ratures. Se pénétrer des vieux visages. Raviver la mémoire des carcasses déglinguées. Je veux composer la face humaine d'une prière quotidienne.

jeudi 7 juillet 2011

Bienveillance de notation

Les agences de notation sont moins coulantes que les correcteurs du baccalauréat. Elles distribuent des zéros pointés à la volée. Au risque de faire sombrer la Grèce. Elles admonestent le Portugal au motif d'une copie bâclée. Elles installent un climat de terreur dans les rangs européens.
Dieu merci, les bacheliers français jouissent de la mansuétude de leurs examinateurs. Plus pour très longtemps d'ailleurs. Car les Fitch, Moody's et autres Standard and Poor's ont bien l'intention de secouer la poussière du vieux rituel national. Le temps de la bienveillance de notation est désormais compté.
Avec le retour à la juste appréciation des épreuves du bac sous la houlette de pions anglo-saxons, on peut s'attendre à des cris et des grincements de dents dans les chaumières de France.

L'âge d'homme

Ma bibliothèque est composée d'énigmes. S'y entassent des kilomètres de signes. J'extrais de l'étagère l'un de ces mystères à poussière. Mes doigts sont des couteaux. J'évente un secret. J'ouvre. J'éventre un livre comme on tranche une question. L'émotion est une amorce de pistolet révolver. Sa trace d'index scarifie les pages. Elle certifie l'âge d'homme.
L'éditeur de la rue Férou s'est muré dans sa carapace de bouquins. Au volant, l'ami serbe de Cingria s'est endormi dans sa camionnette. Sur la route de Lausanne, Vladimir Dimitrijevic a raté un dos d'âne. Il s'est tué, il s'est évertué. Dans la voiture bourrée à crac de littérature, il repose au milieu de ses pots d'écriture. Mort d'homme gisant dans son encre.

mercredi 6 juillet 2011

La compétence de DSK

La laideur d'un mot n'en dissuade pas l'usage inconsidéré. "Compétence": le terme est accolé d'autorité à DSK. Il en hérite en rentier. Cette qualité distinctive est trompetée à souhait dans les médias. La compétence s'apparente au dérivé technocratique de l'intelligence. Elle n'est validée par nul autre QI, aussi illusoire soit-il. A vrai dire, quand on évoque l'une ou l'autre, on ne sait jamais au juste de quoi on parle.
Or je fais l'hypothèse que "la compétence de DSK" est un préjugé tenace, un lieu commun récurrent, une idée reçue au sens du dictionnaire de Flaubert. DSK est l'initiateur des trente-cinq heures en France, décidés en pleine mondialisation, au plus fort de la concurrence internationale. Panne de compétence ? Aveuglement de grand gouvernant ? Le génie de l'économie dispose sans doute du droit à l'erreur. Reste qu'en la matière, pareille présomption d'innocence s'est traduite en lourd handicap pour la France.

mardi 5 juillet 2011

J'embrasse pas

Avenue de l'Observatoire. Vaste ciel, bouffées de verdure trouée d'ocre pâle. La clarté de juillet éblouit la demeure des antiques sénateurs. Au centre des regards, la percée vérolée d'une tour en plein bleu. On dirait le doigt de Dieu. On croise nos souvenirs d'un Mitterrand roulant dans le dernier fourré d'une improbable notoriété.
On s'attable dans la pièce blanche. Fabrice sert à boire. La bouteille de Saint Julien taquine le bout des lèvres, signale au palais la succulence d'un velouté. On parle de vélo, de Meudon, de la route des Gardes, de Destouches et de Roux.
On converse au salon tous les cinq. La tête grise de Fabrice s'accorde aux beiges, ivoires et blancs cassés des murs, cuirs et tissus. On paraphe les papiers d'usage. Les adieux font craquer le parquet. Les malades exercent leur métier avec un sérieux de prostituées: "J'embrasse pas".

Papier journal

Sensualité du papier. Liberté de le plier, de le froisser. Le journal se feuillette lentement comme s'effeuille une danseuse de charme. Il se lit sans ordre, par la fin, le milieu ou le début. Il m'appartient, il tient dans une main.
Le kiosque de juillet ressemble à l'arbre décharné, squelettique, d'un plein hiver. Nuit grève. La panne des journaux appauvrit le stock des mots. On cherche un exil. On va sur Internet. On en revient. On se fourvoie pour une poignée de clics. Sans se noircir les doigts, loin du cambouis des textes.
Ce n'est pas la démocratie qu'on assassine mais le plaisir de serrer une page imprimée entre ses bras. Au soleil d'été, à la terrasse d'un café.

lundi 4 juillet 2011

Naomi

Bern éclairait notre lanterne. Car sur le front des têtes couronnées, il n'y avait pas marqué leur pedigree. Monaco conviait les monarques de la terre entière aux noces d'Albert. Jour festif où se pressèrent Gotha et sportifs. Charlene, l'épousée, fatigua sa prime jeunesse dans des longueurs de bassin. Lui restait de pareille discipline la mélancolie d'un regard bleu piscine.
La cérémonie s'étira comme un lent bâillement au spectacle de toilettes obsolètes. Albert multiplia les bonjours avec une verve de garde-champêtre. La beauté d'ébène de Naomi Campbell déclassa les princesses de sang. Sa majesté de reine jamaïcaine introduisit une vraie minute de féérie. Naomi foula le podium écarlate. Au rythme ondulé d'un corps drapé d'émeraude. Les rombières du gala humanitaire pouvaient aller se rhabiller.

vendredi 1 juillet 2011

Untitled

Le travail n'a fait qu'une bouchée du soleil. La disgrâce s'est donnée un mal de chien à sculpter son aisance. L'opiniâtreté a eu raison de la gloire d'été.
La rage de besogne est en chasse du libre visage. A la fin des fins, la brute ébruite le secret des yeux muets. L'homme de labeur demeure planté, les quatre fers en l'air. Le don du ciel est couché en terre.