lundi 30 août 2010

Où est Copé ?

C'est la rentrée. Tous les ténors politiques sonnent du cor. Barouf et esbroufe alimentent en "contenus" les médias. Tintamarre éphémère, annonciateur des feuilles mortes de l'automne.
Ils sont là, souriants et bronzés, tellement heureux de ramener leur fraise après la diète médiatique des vacances. Tous sauf un. Copé ! Où est passé Copé ! Le candidat de 2017. Il a raté le train du retour ? Il a perdu l'usage du synthétiseur ou quoi ?

jeudi 26 août 2010

Max Weber et la présidentielle

Max Weber est un auteur qui fâche peu. C'est pourquoi sa théorie de la légitimité politique, exposée par Aquilino Morelle dans le Monde (daté du 27 août), peut s'appliquer sans dommage aux papabile de la rue de Solférino.
Toutefois, les trois attributs de la souveraineté du chef - tradition, compétence, charisme - exigent l'adjonction d'une quatrième composante, essentielle à mes yeux: un corpus doctrinal, un récit idéologique, un projet réformateur de gouvernement.
Or, depuis près d'une décennie, cette dernière dimension programmatique est systématiquement évacuée de la réflexion socialiste. Faiblesse conceptuelle ou opportunisme de circonstance ,

mardi 24 août 2010

Un Chirac de gauche

La France est écartelée entre une gauche qui gâche - ses chances, ses talents, ses alliances - et une droite qui rate - sa relance, ses réformes, ses objectifs.
L'opinion souhaite le retour de la gauche au pouvoir. Foi de sondage estival. Elle exprime simplement le rejet d'une politique droitière, recroquevillée sur ses slogans simplistes d'avant la crise. Cela dit, elle peine dans le même temps à établir une vraie relation de confiance, un authentique lien affectif avec aucun des papabile en piste pour le scrutin présidentiel de 2012.
Or la politique se joue autant sur la raison que sur le sentiment. Force est d'observer que si DSK jouit d'un capital de confiance incomparable en matière d'économie, rien n'indique qu'il emporte la sympathie au-delà, qu'il sait faire vibrer les foules et susciter un élan d'adhésion populaire.
Les vieux quadragénaires du PS - Valls, Peillon, Montebourg, Moscovici - se distinguent davantage par la férocité de leurs appétits que par la proximité avec les électeurs. Vus d'en bas, ils ne semblent motivés que par la bataille d'egos dont l'enjeu est l'hypothétique "château" du Faubourg Saint Honoré. D'où des stratégies parallèles de pistards, rivalisant de lenteur et d'arrière-pensées, avant l'emballage final. Même Martine Aubry, plus pateline, ne déclenche pas la sympathie naturelle d'un leader vraiment désintéressé.
Reste Ségolène Royal qui, à contre-courant de son parti, travaille par éclipses le lien direct avec l'opinion, sans pour autant convaincre faute d'une articulation doctrinale conséquente. On oubliera François Hollande, leader technocratique de substitution, remplaçant passe-muraille d'un DSK défaillant.
Bref, les chefs socialistes pèchent par excès de nombrilisme et défaut d'humanisme. A vrai dire, la gauche manque cruellement d'une sorte de Jacques Chirac progressiste, simple et faussement modeste, libéré de toute prétention intellectualiste, chaleureux et direct avec les badauds, les paysans et les footballeurs. Si d'aventure elle parvenait à débusquer dans ses rangs un profil aussi professionnel politiquement que compassionnel humainement, alors elle décrocherait haut la main la timbale élyséenne. Elle serait plébiscitée par les deux tiers des électeurs, ce vieux rêve giscardien. Mais voilà: un Jacques Chirac de gauche ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval, fût-il Corrézien.
Or ce personnage inventé - Chirac en fiction est à la mode puisqu'il est le héros du feuilleton de l'été du Monde - a existé le temps d'un rêve avant de se volatiliser. En 2002, Jacques Chirac a gagné l'élection présidentielle avec les voix d'une gauche rassemblée, recueillant un score qu'aucun futur vainqueur n'obtiendra plus jamais. Hélas, il n'a pas saisi l'occasion historique d'un grand front républicain.
Si aujourd'hui la gauche a le vent en poupe, il ne faut pas qu'elle se berce d'illusions pour autant. Il lui appartient non seulement d'engranger les décus, les trompés, les choqués, les indignés de la présidence Sarkozy dans sa voiture-balai consensuelle, mais bel et bien de conquérir le coeur des électeurs. Pour ce faire, il convient qu'elle en finisse avec ses querelles intestines, byzantines, picrocholines. Car le peuple se détournera nécessairement d'hommes politiques aux seules ambitions personnelles pour tout affichage programmatique.
Certes, Martine Aubry a bien senti que la gauche devait se requinquer en insufflant du sens à l'action politique. Mais pas à n'importe quel prix. C'est pourquoi son coup marketing du "care", trop faiblard, a mérité son flop intellectuel.
Un Chirac de gauche ? Mais que font les communicateurs de la profession, qu'attendent-ils pour créer de toutes pièces - éléments de langage pertinents à l'appui - et lancer sur le marché politique un produit de pareille efficacité ?

Au-delà du blabla

"La France n'a pas vocation à accueillir tous les Roms", précise le secrétaire général de l'Elysée. Il y a vingt ans, l'hôte de Matignon, socialiste de son état, refusait l'hospitalité à "la misère du monde"qui squattait notre territoire. L'histoire bégaie, repasse les mêmes plats.
Aujourd'hui, le ministre de l'intérieur s'interroge sur "l'au-delà du blabla". Il songe sans doute au doux sermon du pape de Rome invitant à "l'accueil légitime des diversités humaines".
Certes, le vicaire de Dieu, fin connaisseur de l'au-delà, ne dispose que du blabla pour exercer son magistère. En revanche, l'homme de ministère exhorte - à grand renfort de mots - au passage à l'acte, aux expulsions manu militari. Au-delà du blabla commence le règne du cassage de gueule. Avant de cogner comme un sourd, il n'est pas inutile de réfléchir aux vertus du blabla.

vendredi 6 août 2010

Notation

Dans les cours de récréation, les écoliers en blouse se sont toujours plaints que la maîtresse notait à la tête du client. Les Etats récriminent pareillement à l'endroit des arbitraires agences de notation.
Les zélés fonctionnaires, abonnés à l'excellence, n'ont jamais vraiment craint le verdict de la note. Moyenne à dix-huit. Mention à vingt. Mais ils ont mangé leur pain blanc. Car voici venu le temps des entretiens assassins.
Dans l'inconscient collectif, la mauvaise note annonce l'inexorable sanction. Avec leur zéro pointé au dernier Mondial, les grévistes de Domenech sont aujourd'hui interdits de sélection nationale. Notation et punition scandent la vie au rythme de la ronde des saisons. Elles renvoient aux grandes peurs enfantines de l'institution scolaire.

mardi 3 août 2010

Chef de vision

Nous disposons en nombre de chefs de division. Nous manquons cruellement de chefs de vision. Les uns excellent dans la tyrannie de proximité, le despotisme de détail, le terrorisme d'expertise, la dictature du médiocre. Les autres sont d'emblée recalés à l'embauche. Ils ne se rangent dans aucune case: division, département, unité, rayon d'entreprise. Ils chevauchent les frontières et brouillent les limites.
Un chef de vision ne s'aguerrit qu'au voisinage d'un grand dessein. Faute de quoi, il s'étiole. Erreur de casting. La division fragmente la vision. Le chef de zizanie est frappé de cécité. Un chef de vision s'abreuve du sentiment du large. Il ne peut décrocher son job d'éclaireur en chef qu'au prix d'un coup d'éclat.
Bref, il crée le poste à sa mesure, se taille l'habit du défi. La vocation de chef de vision fait défaut depuis de Gaulle. Général, il surplombe le particulier, côtoie le singulier. Le chef de vision se distingue par sa hauteur de vue.

lundi 2 août 2010

Blanca la Croate

Le cérémonial du saut en hauteur est un défilé de gracieuses apparitions. Une à une, comme sorties du cercle de la danse, ces femmes lianes se dressent en bordure de cendrée, fixent la barre à franchir. Blanca et Emma ensorcellent le ciel de Barcelone.
Ces athlètes exhibent des corps de déesse, font luire au soleil leur splendeur plastique. Elles sautillent, foulent le sol à vastes enjambées, lancent de manière éperdue une épaule fatale, cambrent leur voûte dorsale au dessus d'un horizon mural.
La beauté du geste est accomplie à la vitesse de la foudre. Elle se répète à l'envi comme l'évidence de l'excellence. On s'émerveille au spectacle de ces jambes interminables.
Blanca la Croate a hissé son corps sublime plus haut que sa rivale. Devant la beauté, Louis Aragon enjoignait qu'on se décoiffât. Dans ma chambre d'homme seul, j'ai crié mon admiration devant les prouesse élastiques d'un sculptural championnat.

Courir

"Moi aussi, je cours". Avec Kouchner ou Fillon, Sarkozy mouille le maillot jusqu'au malaise vagal. Mais on ne dévoilera pas la teneur des propos élyséens tenus aux valeureux athlètes français.
Dans la rue, les gens marchent vite, pressés par le chronomètre. Le temps, c'est de l'argent. Les gens en manquent cruellement. Ils courent aussi par devoir: les affaires, l'embonpoint, la norme de santé.
Restent les champions, les coureurs à pied de profession. On pense à Zatopek, on songe au petit livre d'Echenoz. Comment ne pas se décoiffer devant la beauté des corps sur la cendrée, devant le panache de Bob et Mahiedine, frères d'armes exemplaires de la grande épreuve de haies ?
La joie de jouer - courir, lancer, sauter - a irradié la fringante bleusaille tricolore, ces étincelles providentielles des championnats de Barcelone.