lundi 30 septembre 2024
Minute de silence/In memoriam Philippine
"Je déteste les bavards. Je me laisse facilement couper la parole, mais j’ai horreur qu’on me coupe le silence."
Jean-René Huguenin (Journal 1955-1962)
dimanche 29 septembre 2024
Lagarce, grand gars des lettres françaises
Lagarce, grand gars des lettres françaises
Jean-Luc Lagarce est mort à 38 ans, le 30 septembre 1995
« Voir la peau, les os, l’écorce d’un torse. Ne rien voir. Bander sa mémoire. L’arbre se délabre. La neige est une cendre d’hiver. Il y a une cataracte de mots, cinq filles comme des bougies, entre la vie et la mort. C’est au Vieux-Colombier, un jour de février, Lagarce aurait soixante années bien tapées. Artaud a tailladé les souvenirs, les accoudoirs du théâtre. Ici, on joue la comédie. On applaudit des mains, Antonin. On écoute une langue française, on ose.
Une émotion dégouline des tympans. Une phrase est une vague. Une autre phrase, une autre vague. La terre est nue jusqu’au reflux. Des vagues viennent en éclaireurs, un peu toujours les mêmes, avec ardeur. Une vague affectueuse qui mordille les chevilles, les cheveux des filles. Une vague écumeuse qui creuse, érode et ressasse une attente. Une vague rieuse et mystérieuse. L’écriture de Lagarce est une continuelle rature, un incessant battement d’essuie-glace.
En haut, un homme sur le carreau. A son retour de guerre, de colère avec un père, les filles l’ont hissé dans sa chambre de misère. Lagarce écrit son acte de foi, en connaissance d’une loi, en fin de sida. Il est mort déjà. Il rédige son enterrement. Il est dans sa maison, une chambre froide, une cache d’enfant. Les filles d’en bas pensent à l’au-delà, au train-train du tralala. Lagarce est un jeune frère, un garçon téméraire qui revient périr en sa contrée première. Avec un baluchon sur le dos, une vie de patachon, une vie d’histrion, et des gnons, couturé de partout jusqu’au menton.
Les filles, à tous âges, l’ont attendu comme des mouettes sur la plage. Ont guetté les nuages. Lagarce taille les mots des funérailles. Il imagine les filles, cabossées par l’immobilité, meurtries par la stérilité des rêves, infidèles au chagrin sacrificiel, traîtresses d’une monotone tristesse. La péripétie de Lagarce est « une blague de la vie ». Aux infirmières de l’attente coutumière, le garçon, l’homme d’écriture donne à la deuxième des sœurs les mots justes, sa version la plus pure : « Vous devriez m’aider. » Lagarce suit Koltès, s’efface, torse et faciès, dernière pelletée, travail bien fait. Il mord la poussière à l’âge où Macron se proclame Jupiter. La vie de selfie ne suffit pas au style de poésie. A la Comédie Française, Lagarce est dans sa maison, cerclé de ses filles comparses. On ne réveille, ni les morts, ni l’enfant qui dort. C’est un vrai dieu, invisible aux yeux. Il a figure de prière dans le souvenir des pleureuses. Il a vu le soleil. On songe au Malentendu de Camus, à ce genre de crime sur les lieux d’une chair identitaire, d’une mémoire de canine.
Charles Juliet. Je lis des bribes de cahier. Je feuillette. Il cite Colette : « J’appartiens au pays que j’ai quitté. » Inutile de tourner autour du pot, de chercher midi à quatorze heures. Voilà le sujet. Une cataracte de mots, un acte fleuve en écho. Clotilde de Bayser est la Mère du jeune frère. Elle règne en duègne, immense comédienne. Les trois sœurs sont un bonheur de fraîcheur, de vivacité, de féminité enjouée. Rebecca Marder, La Plus Jeune, tient la dragée haute aux aînées tutélaires, éblouissante de furie, de sauvage gaminerie. Jennifer Decker m’a soufflé. « Tu vas nous revenir du bal avec ta robe rouge de travers et tu nous feras un enfant ». Sa liberté de rockeuse, sa spontanéité de loubarde évoquent un coquelicot de sentier, une fille simple, au vent voyou d’une jeunesse égarée. Les cinq actrices, gueuses, saintes ou garces, auraient mérité un cinquième rappel, une ovation plus soudaine de la salle nationale. »
Ce texte est extrait de « Dancing de la marquise » (5 Sens Editions, mars 2020, pages 14/15). L’ouvrage est disponible à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/poesiereflexiontheatre/322-dancing-de-la-marquise.html
samedi 28 septembre 2024
Antonioni
Michelangelo Antonioni est né à Ferrare le 29 septembre 1912.
Le regard est cette dague de lumière qui tue en silence. Michelangelo Antonioni commet au cinéma ses plus beaux crimes. Il frôle des yeux l’apparence volatile du monde. Les choses sont posées à la manière de l’oiseau. Au bruit du premier coup d’œil succède une étendue sans tache, la désolation de l’énigme. Cette façon de ne rien voir qui fait le savoir de laboratoire, l’art d’Antonioni l’aiguise à la pointe, Thomas, le photographe de Blow Up, en saisit l’étrangeté radicale. Socrate exercé au métier de regard eût édicté le précepte : « Tout ce que je vois, c’est que je ne vois rien. » Le thème de la disparition, sans effusion de sens, traverse l’œuvre d’Antonioni comme la flèche d’un destin. Troués d’absences, les films du maître de Ferrare exaltent la péripétie dans son instant de gloire. Ils égarent en chemin le fil d’une histoire. Dès la première image de L’Avventura, elle commence à perdre jusqu’à ce qu’elle s’immobilise, à plat. Au comble de l’interrogation, Antonioni se drape dans une noblesse silencieuse. Dans l’intervalle du sens défaillant subsiste la pudeur irrésistible de peindre. L’obsession formelle du luxe et son festin de beautés froides définissent l’orgueil sans mesure de l’artiste.
Avec la disparition pour emblème, Blow Up trie dans la mort, jette le cadavre et ne garde que l’inconsolable table rase. Antonioni contemple le désert comme une écorchure blanche. Aux premières loges, il filme Zabriskie Point, les dunes de sel, la Vallée de la Mort. D’un battement de cils qui raturerait la misère du monde, Jack Nicholson choisit les marées de sable africaines pour dépouiller le vieil homme et tromper sa destinée.
Dans Profession Reporter, l’identité d’autrui, cette seconde chance, ramène au point d’ensoleillement où la fatalité d’agenda décalque idéalement la liberté. Jamais le cinéma n’est plus proche du poème, l’un et l’autre sont des colliers d’images. Deux mots côte à côte, le poète invente le feu, il fait des étincelles dans le noir. Antonioni, pareillement, réunit les images par amitié plastique. Le bruissement du vent dans le jardin de Londres redouble le froissement de papier glacé où s’égaient à petits cris deux gamines élastiques. Verticalement disposés dans leur parure de mode, les mannequins de pierre ont déserté la vie. Elles sont mortes avant d’être photographiées. Thomas les mitraille avec tant d’insistance, il ne sait comment les ranimer et réparer le dommage de l’image autrement que par l’épidémie d’images. Le photographe déchiquète sa proie sans jamais ravir l’ombre d’une apparence :
– Qu’est-ce que vous voulez ?
– Des images.
Nous vivons dans une société de cécité où l’image est un bien de première nécessité. Le temps des images sanctionne l’aveuglement de l’époque. Les regards sont perdus comme tant de métiers de ferveur. Antonioni, le premier, autopsie la brisure du lien avec le monde. Dans Deserto Rosso, il peint en coloriste virtuose l’intériorité déchirée des êtres hors du cercle de la communion. La dévastation des paysages et le formidable jeu de cubes des villes impriment dans la chair de cette terre le désarroi du siècle finissant. La vie des hommes se lit sur les façades urbaines aux géométries désaffectées, dans un milieu lisse où se croisent les lignes et les couleurs, où des pans de beauté neuve se font et se défont comme des chevelures de métal.
Gombrowicz écrit dans Bakakaï : « L’extérieur est un miroir où vient se réfléchir l’intérieur. » Antonioni ne filme ni ne dit autre chose. Les mains sublimes d’un homme s’offrent comme des quartiers de soleil et révèlent à Mavi, l’aristocrate romaine, qu’il est son père. Identification d’une femme. Il y a trente ans. Maria Vittoria. Antonioni épingle des visages, comme des papillons, jusqu’au plafond. Il cherche la fille du film. L’histoire d’un regard suffit à l’incendie du récit. Antonioni est emmuré dans ses photographies. Maria Vittoria. Mavi navigue entre deux pères : le cinéaste, l’homme aux longs doigts.
Antonioni l’apprivoise à moitié. Masseria d’hiver, couleur de cendre, s’y dessine la nuit latine. Virée auto dans un brouillard à couper au couteau. Mémoire d’une jeunesse à Ferrare. Mavi s’échappe du film. Ruelle romaine. Théâtre à l’italienne. Représentation proustienne. L’actrice aux yeux noirs joue le soir, chevauche le jour. Christine Boisson est la doublure, une seconde nature, un deuxième visage. Antonioni s’égare, fait fausse route, va quelque part. Venise indécise, entre elle et lui, entre parenthèses. Palais Gritti, sonnerie de hall. Profil diagonal. La petite Arabe balance entre deux espaces, se perd entre deux pères. Antonioni regarde la photo des deux amants terroristes. Maria Vittoria a une figure d’attentat. Elle trimbale un visage de magazine, de une d’Herald Tribune. Antonioni piste une récidiviste. Maria Vittoria loge à l’étage dans un anonymat de filles. Elle guette Antonioni. Lointaine comme une reine. La passion tourne autour du soleil, d’une étoile de science-fiction. J’admire l’art du maître de Ferrare. J’ai besoin du grand coloriste italien.
« La fille » du film d’Antonioni a surgi de notre mémoire. Sans crier gare. C’était son jour de sortie. Reste une vie de pellicule, en boucle, sur un écran de plein hiver. Maria Schneider émeut comme Mozart. Une légèreté, une absence, une gaminerie, comme un soleil troueur d’entrailles. Maria Schneider éblouit par sa beauté boudeuse, ses yeux si noirs d’insoucieuse curiosité, sa nonchalance animale et ses questionnements véhéments, l’espièglerie d’une enfance qui s’attarde dans un corps de femme. J’ai fouillé en aveugle dans les recoins de l’étagère, remué la poussière, mesuré le temps passé sur mes doigts grisés. J’ai déterré la bobine de Profession Reporter, The Passenger, mieux nommé à l’original. Maria Schneider est vêtue, libre comme l’air, d’une robe à mille petits coloris. Elle s’habille de confettis et des taches des papillons. Elle est joueuse et vive, lumineuse et si brune. Antonioni filme la splendeur de sa chevelure dans le bleu du ciel andalou. Maria Schneider erre dans un dédale de Gaudi, bouquine rêveuse sur un banc, s’échappe de ses doutes comme un cheval fou. Elle menace de quitter l’histoire si Nicholson abandonne l’aventure. La mort a fixé rendez-vous, hôtel de la gloire. « La fille » d’Antonioni est partie à temps, a obéi à Nicholson. À l’instinct. L’actrice au doux sourire a succombé à ses blessures de tournage. Elle est morte, sauf en bout de rangée, à droite de l’étagère. Antonioni est mort. Brutalité d’actualité. On est triste tout à coup comme si des parcelles de la splendeur des choses nous étaient dérobées. Le Périlleux Enchaînement des Choses – c’est le nom de son dernier chef-d’œuvre – a troué la pellicule. On se sent cassé, plus petit, à l’étroit dans nos médiocres images. Il faut se souvenir.
Texte extrait de « L’amitié de mes genoux » (5 Sens Editions, juin 2018, pages 70/74).
Ouvrage disponible à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/poesiereflexiontheatre/192-l-amitie-de-mes-genoux.html
À quelques secondes de là, le cinéma installe son chevalet et pose sa toile à ciel ouvert. Un corps couvert de boue. Ultime épisode du film d’Antonioni Par-delà les nuages. Dans les ruelles d’Avignon, Vincent Perez esquisse un pas de danse, fait des pieds et des mains, ébauche une ronde de séduction autour de l’inaccessible jeune fille. La simplicité rayonnante d’Irène Jacob déjoue les stratagèmes de l’homme ensorcelé.
Dans la nuit bleutée, l’étrangère de ce monde s’abîme dans la prière. La musique des psaumes immobilise le temps. Sur sa chaise de paille, le play-boy s’endort au son des cantiques.
Sous la pluie battante, il fuit l’église, zigzague à la recherche de la pieuse inconnue. Il la rejoint. Ils courent l’un et l’autre. Elle glisse sur le pavé, maculé de boue. Elle pousse la porte. Elle gravit l’escalier. Il suit derrière, sans saisir. Elle se retourne. Elle referme sa vie dans un murmure de joie : « Demain, je rentre au couvent. »
Texte extrait de « Fragments d’un sentiment » (5 Sens Editions, novembre 2023, pages 85/86).
Ouvrage disponible à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/home/536-fragments-d-un-sentiment.html
Oui, Antonioni. Le Pontormo du cinéma. Un luxe maniériste, une posture d’artiste qui peint les ciels dans leur perfection formelle, échafaude une parure, imagine une griffe, la fait luire au jour comme une deuxième nature.
Quelque chose de flou, un bastringue que rien ne distingue, un cri qui troue l’apparence, colorie l’indifférence. Antonioni s’approprie le rouge, le désir qui surligne une lèvre, le désert qui dissuade un rêve.
D’instinct je me suis jeté sur le trottoir, l’ai foulé vers la salle destinée. Je voulais guérir d’une nostalgie, stopper une maladie, réserver l’après-midi. J’ai fendu la file du Champollion, rue des Écoles. Ai dégringolé les marches, me suis glissé dans le noir. Veni, Vitti, Vici. Vaincu, convaincu, je le suis depuis l’incolore éblouissement d’une île de Sicile, le choc incantatoire de L’Avventura, le regard égaré de Claudia.
Deserto Rosso. Giuliana est une soeur siamoise de Claudia, le sosie, le portrait craché d’une sublime actrice de cinéma. Monica Vitti déambule dans une rue pâle, erre dans le vestibule, dérive dans un ciel industriel. Elle observe l’horreur des couleurs.
J’ai couru, suis entré bon dernier, attentif à écrabouiller l’orteil d’une rangée entière. Je voulais revoir le manteau de laine de Giuliana, la pelisse verte d’une bourgeoise désœuvrée d’Emilie-Romagne. Revoir une manière de s’emmitoufler, de se carrer dans un corps, de se camoufler pour manger le pain de l’ouvrier. C’est cette couleur froide qui enlumine un visage diaphane.
Mais le rouge ici désigne la déchetterie d’usine qui bariole, peinturlure la nature. J’aime le rouge artificiel d’Italie, la joie écarlate qui jaillit des veines, des volcans, des voyelles. J’aime le rouge incendiaire de la baraque d’une partie de plage d’hiver. Le goût d’Italie me vient de cette couleur de feu joyeux. Antonioni peint l’intériorité des figures dans l’espace et ses géométries. On lit dehors les sentiments des hommes comme dans un album d’images luxueuses. Le monde est une poubelle que l’artiste filme et fignole au pinceau. Monica Vitti s’extrait des brumes qui indifférencient le temps des cinémas qui passe. Un regard voilé, qui s’abandonne, sans domicile, comme un paradis perdu, outrageusement oublié.
L’artiste anticipe l’avenir. Pollution, blabla, mal de vivre. Inutile de s’appesantir.
Texte extrait de « Fragments d’un sentiment » (5 Sens Editions, novembre 2023, pages 71/72)
Ouvrage disponible à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/home/536-fragments-d-un-sentiment.html
vendredi 27 septembre 2024
Il y a cinq ans, Chirac
Une sauvage végétation camoufle l’institution. J’ai gravi le raidillon d’accès, tapissé du miroitement d’un fleuve de signes. Le ressac des traces mène à Chirac. C’est un vaste musée, habité d’une poignée d’enthousiastes. L’exposition finissante ne passionne guère la population. Chirac achève une longue traque, un itinéraire sur la terre, à La Pitié-Salpêtrière.
Chirac est embaumé vivant, à son soleil couchant. Il s’est décanté, dépiauté d’une chair, s’est dépouillé, dépositaire de ses mystères. Le grand os du squelette s’effile jusqu’à la tête modelée, burinée, balafrée d’estafilades. L’échassier sculpté, voûté, courbé sous les intempéries, c’est l’homme qui marche de Giacometti. Chirac en sa Corrèze ultime, la planète, ressemble à Beckett, esquissé dans la glaise. C’est un gosse de onze ans, un chef de bande turbulent, qui des lumières du Rayol, barbouille une lettre d’amour à Marette – un sac avec son père pour son anniversaire –, scarifiée d’une bande de dessins de guerre : beurre, fromage, bifteck, vin, cigarettes.
Le grand Jacques rêve de victuailles, annonce la couleur de son légendaire coup de fourchette. Chirac a de l’appétit, de la sympathie pour les péripéties de la vie. Il sait sa finitude dans la connaissance des vieilles civilisations, dégringolées d’une splendeur vers la décrépitude.
Chirac est conservateur. Il est le gardien de la maison. Il garde le secret sur ses tuteurs d’aventure : Vadime Elisseeff, son chef d’école buissonnière, au Musée Guimet, et Vladimir Belanovitch, son instructeur de russe. Car Chirac apprécie le souffle des grandes largeurs, le vertige des dimensions continentales, la beauté des horizons planétaires : la Russie, l’Afrique, la Chine. Il cause à Poutine, trinque avec Eltsine dans la langue de Pouchkine. L’inculte Chirac, Facho-Chirac, Supermenteur, sait la vérité des œuvres d’art, connaît Kandinsky comme peu d’érudits.
J’aime revoir Chirac, impatient, volcanique, nuque sous le capot, le nez dans sa quatre cent-trois Peugeot, trifouiller dans le cambouis anonyme d’un moteur réfractaire.
Je découvre ici, en son mausolée désolé, abandonnées à de rares regards, deux figures Vili, d’artistes congolais, qui m’agrippent par les yeux et me cognent d’une bourrade dans le dos : une statuette magique, un chien d’errance tragique. De Pompidou, il a appris qu’on ne se couche qu’une fois.
Chirac va mourir, est mort, nous évitant le pire. Chirac est grand par son refus téméraire des « malheurs de la guerre ». Le veto de Chirac au simplisme de Bush est sublime de panache. Cet homme, fêlé de l’intérieur, – qui ne s’aime pas –, livre à notre mémoire un sens énigmatique, saturé d’interrogations millénaires.
L’immobilité du terminus l’a réveillé. Chirac est descendu du train de l’Histoire de France pour prendre le chemin de ses tribunaux. Le vieux président multiplie les petites enjambées en tous sens sans jamais beaucoup s’appesantir sur leur finalité. Les couches de secrets sont épaisses. Le Chirac reposé des palaces marocains fait oublier l’ancien baroudeur des palais républicains.
Car il n’a pas toujours chaussé ses babouches d’amical grand-père de la nation. Il est couturé de partout. Il trim bale une longue histoire derrière lui. Un jour, dans une autre France, il y a très longtemps, il s’est extrait du noir anonymat pour s’imposer à Pompidou l’Auvergnat. Ce Corrézien à grand destin a fait des pieds et des mains, s’est donné un mal de chien pour décrocher la timbale élyséenne. Parvenu à demeure, propriétaire de la maison, Chirac tourne en rond. Il est embastillé dans les papiers. L’homme a besoin d’extérieur, d’exercices, de politique étrangère. Sans quoi, il s’enquiquine, maugrée, se tire une balle dans le pied. Trêve de blabla, il dissoudra l’assemblée. Sa gaucherie défraîchira la gauche. À long terme, l’idiot coup de poker devient un formidable trait de génie. Chirac scrute l’horizon. Il faut qu’il sorte, qu’il s’aère, qu’il serre des mains et remercie la famille de province. Il aime toucher la peau de paysan, la joue d’une jeune fille fraîche, la prendre par la taille et boire un coup de cidre. Avec toujours ce sot sourire sans joie, ce meurtrier regard d’insatisfaction de soi. Chirac trimbale sa grande carcasse comme un gregario à l’ouvrage dans l’Izoard. C’est à l’énergie, malgré les quolibets, qu’il va la hisser au sommet. Cet homme, aussi lent qu’expéditif, hésitant qu’impétueux, revient du diable vauvert, d’une sorte de mort politique clinique. Il travaille comme un nègre, se prépare d’arrache-pied. Chirac a collectionné les trophées. Il s’est forgé manu militari le plus fleuri des palmarès de la République. De Gaulle, Pompidou, Giscard et Mitterrand ont tous les quatre mesuré du coin de l’œil ce fougueux secrétaire d’État, ministre et premier ministre. Chirac se regarde sourire sur le mur des mairies.
C’est un homme sans qualités, à la Musil, qui fuit l’étiquette et les effets de style. À l’histoire des manuels, Chirac préfère l’anthropologie des rebelles. Lisse de visage mais de culture irrégulière. Car il s’est interdit le faux nez de la puissance et les postures de la vanité. La volonté de cet homme seul saute aux yeux, agrippe le regard comme un phénomène atmosphérique. Cette rudesse au mal, cette ardeur à la tâche, cette furieuse envie d’en découdre masquent un souverain désarroi. C’est un homme d’habitudes que rassure la ronde des saisons. Il fait attention à l’ordre du monde, à la seule loi des émotions. Il leur obéit en soldat, charmé par ces choses de la terre qu’il relativise jusqu’au vertige. Cet escogriffe d’allure saccadée déplie sa haute silhouette de bipède précaire. Il figure l’homme à la mallette des cités grises.
Ni Giscard, ni Mitterrand, aucun de ceux-là, n’arrivent à la cheville de Chirac. Il n’ignore pas la petite vérité d’humus, le dernier secret du terminus, l’humilité humaine et terreuse sous l’ultime pelletée, la mort, cette main qui rompt la poignée de l’autre. Chirac sait l’histoire tragique. Il ne cherche rien, pas même la trace de l’ancêtre sapiens. Dans les conseils d’administration, où chaque président se conforme à l’attirail et charabia du pontife, joue violemment au chef pour intimider sa secrétaire, on raille à l’excès l’homme aux grands pieds.
Or l’homme aux grands pieds se fiche précisément des semelles, mais pas du vent. La poésie, il faut la taire, la terrer dans son sang, et vivre avec. Un soir de télévision, les yeux se perdent, son regard s’égare du sujet, dérive sans attaches. Une arrière-voix, comme on dit d’une fugitive saveur un arrière-goût, colore tout à coup les mots de sa gorge, rend ce phrasé rauque d’un père exemplaire, évoque l’âpre sonorité de tabac de Georges Pompidou. Chirac n’est propriétaire que d’un corps et d’une meute de souvenirs. Avec cela et rien d’autre, il a bricolé à peu près sa vie. C’est un candidat, un postulant à toute épreuve. Il s’efface du paysage à l’âge d’un cardinal à la retraite. Il ne sera pas du prochain conclave. Chirac voit de travers et n’entend plus guère. Il se voûte et même s’arc-boute. Il reste impénétrable comme un fragment d’Héraclite. C’est un bloc d’étrangeté, cuirassé d’un excès de familiarité. On le croit creux : il est rare. Chirac va débarrasser le plancher. Pas de trace. Pas de mémoires. On ne saura jamais rien de Jacques Chirac. On ne lira jamais les arrière-pensées du prompteur.
On ne déchiffrera pas son bouleversant regard d’égaré. Chirac trimbale un visage de vieil histrion d’Hollywood. Chirac va déposer les statuts de sa boutique d’antiquités. Il va discourir sur l’Asie, bonimenter sur la Chine, fourguer des bibelots japonais. Pas du tout. Il va faire la planche dans l’océan indien, se noyer dans l’anonymat du luxe bourgeois. Chirac va s’estomper dans nos souvenirs. À moins qu’il ne squatte définitivement notre tête. On risque en effet de succomber au charme entêtant d’un Chirac encombrant.
L’homme des foucades au Stade de France et des ruades en Israël ne lâchera rien sur son mystère. Il somme toutes les couleurs de l’arc-en-ciel : il est blanc, candide, candidat. Chirac est un Poulidor vainqueur, sans stratégie voyante, sans intelligence criarde. On n’est pas près de comprendre ce savoir-faire d’improbable homme de la terre, de paysan ministériel à patois mécanique, de technocrate à mallette au know how de péquenot. On ne trouve pas ce genre d’énergumène sous le sabot d’un cheval. Son vieux peuple va devoir cravacher pour rattraper sa bévue.
Chirac est un fils unique dont la seule boussole est un père magnifié. Il n’arrivera jamais à sa cheville. Aucune preuve ne suffit à ses yeux. L’introuvable Chirac loge sans doute quelque part, dans les parages d’un père inatteignable.
Ce texte est extrait de « L’amitié de mes genoux » (5 Sens Editions, juin 2018, pages 42/46). L’ouvrage est disponible à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/home/192-l-amitie-de-mes-genoux.html
jeudi 26 septembre 2024
L'Equipe de France
Au foot, on sélectionne les Noirs. Au basket, on choisit les grands. A l’épaule et jeté, on prend les costauds. Au rugby, on privilégie l’Occitanie. Dans les points de deal, on trie parmi les Arabes. A l’Education Nationale, dans le journalisme et la production audiovisuelle, on préempte les femmes.
A défaut de nommer au gouvernement un mixte de Noirs, de grands, de costauds, d’Occitans, d’Arabes et de femmes, on pourrait essayer de changer de modèle d’excellence et réunir un collectif des plus intelligents.
Sans conditions de sexe, de couleur de peau, de terroir, d’opinions partisanes, de taille de patrimoine. Juste pour voir.
jeudi 19 septembre 2024
Le type d'Antibes
C'est un livre jeté à la mer dans la furie d'une rentrée littéraire. "Le type d'Antibes" nous dit "A demain" puisqu'il peint.
Je me suis interrogé sur lui. J'ai recueilli des bribes, des pans entiers de la grande querelle de Nicolas de Staël.
Qui est « le type d’Antibes » ?
« Le type d’Antibes » est une silhouette qui frôle le ciel, qui rase les murs, qui longe la mer, qui peut-être titube à force de fatiguer la peinture, un corps qui explore les ruelles, le ciel, possédé par la lumière, qui hante l’aurore.On l’a trouvé mort sur l’asphalte, gisant au pied de l’atelier. On le disait fils d’un général du tsar, Vladimir de Staël von Holstein.
Comment s’est écrit le livre ?
Il s’est fait seul, texte autodidacte, dicté par l’étrangeté au monde, à demeure de son auteur, sur l’étendue d’une vie d’homme, sur la longueur de l’énigme.
J’ai juxtaposé des bouts, jointoyé des pans d’écriture, procédé à des collages de phrases éparpillées, de divers âges, mais de même qualité de voyelles. Le livre est l’histoire d’une phrase qui jamais ne se satisfait d’elle-même, le récit d’une phrase qui se heurte au récif, qui revient sans fin comme une vague, un geste d’apprenti. A travers l’écriture, cet exercice qui ressemelle le réel, je cherche le lieu d’une prière, l’oraison elle-même dans les mots psalmodiés sur le cahier, je souhaite l’identifier dans sa sauvagerie, la saisir, savoir ce qu’elle est, sans menterie.« Le type d’Antibes » est un bréviaire, un petit missel de curé que j’ai colorié de mon vocabulaire, qui recueille les morceaux d’un choc, les fragments d’un sentiment, qui raconte une rencontre. Bref, c’est un livre d’heures dont l’urgence est la couleur. J’aurais pu l’intituler : « Attention à la peinture ». C’est un livre de première émotion, sur l’attention.
Comment avez-vous connu Nicolas de Staël ?
A la galerie Jeanne Bucher, entre deux joailliers, place Vendôme. C’était en 1980, Sartre venait de mourir. Je lisais « Les mots » dans un bureau de ministère. J’ai vu des toiles, ma tête s’est enfiévrée. D’instinct, j’ai su, j’ai compris que la fulgurance, l’autorité d’un métier, se situait sur le même chemin que la sainte douceur, la violence de la paix.Toute ma vie depuis, j’ai été ébloui par la révélation des toiles de Staël, l’apparition flagrante, l’épiphanie d’images peintes. Peintes pour de vrai. C’est un phénomène passionnel, proche de la pulsion criminelle. Une peinture effarante. Je suis sorti sonné de la galerie, marabouté par le sorcier.
Que représente ce livre de particulier pour vous ?
C’est un livre final, presque testamentaire, un exercice d’admiration, un geste d’infinie salutation à l’endroit d’un artiste splendide, le dernier peintre byzantin, à christique destin. C’est un livre, proche des tourments de « La cicatrice du brave », que j’ai partiellement consacré à Flaubert. L’un et l’autre sont des bougres d’artistes, des sortes de renégats, des hommes de pugilat, de grands gars incendiaires quand on attente à l’honneur, à un seul cheveu d’une phrase ou d’une couleur.Staël monte en effet sur ses grands chevaux, se débarrasse d’un chevalet. La beauté est pour lui comme la terreur supportable dont parle Rilke. Staël à chaque toile ponctue sa prière de ses doigts saints maculés de lumière et, comme s’il rompait le pain, d’autorité prononce deux mots : « Je peins ».
« Le type d’Antibes » (5 Sens Editions, 2024) est en vente dans toutes les bonnes librairies, à la Fnac et chez l’éditeur à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/.../560-le-type-d...
L'art d'un dieu
Godard est mort. Dieu, la reine. Je ne me sens pas très bien. C’est un coup du sort qui déflore un visage de terreur, qui subtilise à nos regards une impeccable majesté, une manière sur la terre d’exalter la beauté.
Godard nous laisse en rade, nous abandonne aux mascarades de la crétinerie, aux torpeurs de la laideur.
“Pierrot le fou” est une œuvre géniale, le rêve wagnérien d’un art total. L’art d’un dieu: peinture, musique, danse et poésie. Godard fait des poèmes avec des fenêtres dans le ciel, des découpages de la nature, des profils et des figures, des bribes somptueuses.
Rimbaud, Nicolas de Stael étaient ses frères de grande querelle. Godard lègue un testament d’artiste diamantaire: “Soigne ta droite”. Fignole ton petit pan de légitimité jusqu’au bout. Le grand art est une boxe. Godard chiade les encoignures.
Il a forgé l’outil d’ouvrier qui lui sied. Le cinéma, son dernier cri, à bout de souffle.
Dans un film sur Sarajevo, il énonce tout de go son credo: “La culture, c’est la règle; l’art, c’est l’exception.” C’est ce quartier de soleil, ce fragment de splendeur qui se dérobe aujourd’hui.
Je voudrais revoir “Week-end “, revoir la scène de la ferme où les paysans à fourches s’approchent du
pianiste mozartien, sur la pointe des pieds.
La beauté des films de Godard ne doit pas mourir, se détériorer dans de vagues archives. Au voisinage du maître helvete, on est sur le qui-vive, dans la fulgurance et le grand métier. Il n’y a qu’un seul métier: orfèvre. Tous les autres sont des courbures d’imposteur. Godard chantait la sainteté du coquelicot. Il en restituait l’écho.
“Le roi vient quand il veut “. Godard savait la remarque de Michon. La mort est une allégorie des beaux arts. Un de chute. Les temps se hâtent.
Faute de vrais rois, on se satisfait de pâles denrées d’hérédité. Le roi d’Angleterre légitime n’est pas le petit Charles au teint rosé. Non, le seul roi d’Angleterre que je reconnaisse est Irlandais. C’est Samuel Beckett. Indiscutablement. Observez les photographies de sa belle tête, de sa longue silhouette. Tant que Beckett régnera, rien d’essentiel ne capitulera.
Depuis les statues grecques du “Mépris “, Godard appartient à une lignée de rois, doté du même regard loyal, situé de plain pied dans le sacré.
Paradigme
Je suis dépassé par les événements et ses paradigmes changeants. Partout lesdits paradigmes pullulent comme des sauterelles géantes: il suffit d’ouvrir la fenêtre et de regarder.
Et moi je ne vois rien. Je n’observe aucun des paradigmes dont les gens d’esprit dissertent. A ce point d’aveuglement, c’est du gâtisme. Je tourne le dos à la manifestation de la vérité. J’entrave le progrès. Je suis insensible aux vibrations de la beauté paradigmatique.
Quand on est vieux, on veut que rien ne change. Or le propre du paradigme, si j’ai bien compris, c’est la métamorphose, c’est de changer comme on change de crémerie, de voiture ou de chemise.
Barnier, l’homme des ruptures, rentrerait dans le dur en créant un ministère du changement de paradigme.
Le raillé du sérail
Matignon accueille un nouveau maquignon. D’emblée, un pas de montagnard qui surligne l’intacte énergie malgré l’âge de vieillard.
Sur le perron qu’il laisse au père, un jeune homme noiraud se tasse dans l’insignifiance d’un numéro de danseur de tango.
Le fils s’épanche. Il m’aime, il nous aime, rue de Varenne. Il s’est amouraché des Français. Le père se penche à peine. Le sortant disserte sur le temps, le bon temps, le beau temps sans la pluie.
Le vieil ennuyeux, le vieux tromblon promet l’action d’une voix détimbrée, les bonnes solutions dans une chevrotante diction.
Entre le vendeur de cravates à l’œil furibard et le notable compassé d’un siècle antérieur, les sourires feints masquent une antipathie d’instinct.
Barnier, le nouvel entrant, le plus haut sous la toise, est bien élevé, taillé pour l’hôtel particulier. Il tend sa main. L’autre se force à l’applaudir, évite ainsi de la lui serrer. Mais le grand dadais est un roué des marchés. Il pose sa paume lentement sur l’épaule du jeunot, les doigts dans ses bravos.
En quittant la scène du perron, je songe à Delon. L’effet Barnier, hasard de calendrier, c’est la même nostalgie d’un temps périmé. Un port, une manière. Une élégance à l’ancienne. Barnier était jadis le raillé des bien nés, la risée des énarques, le souffre-douleur des intouchables diplômés de la rue des Saints-Pères. C’est aujourd’hui la revanche d’un “coiffeur”, la minute de célébrité d’un délaissé du banc de touche.
La Lanterne
Pour la première fois dans son histoire, les États-Unis d’Amérique vont peut-être confier leur destin à une femme.
Mais la France, toujours à la pointe de l’audace, nation révolutionnaire dans le sang, fait mieux, plus fort, pulvérise les records, a remis depuis sept ans les clés de l’Elysee à un enfant.
A un sale gosse. A un enfant roi qui fait lanterner le pays au gré de ses caprices, de ses petits calculs de nombril.
A l’heure du bilan, on se souviendra du brillantissime concept de son ultime mandat: “La trêve olympique “. Avec un corollaire du tonnerre: “ Le ministre démissionnaire “. A géométrie variable. Dont la durée oscille entre la saint Glinglin et les calendes grecques. Devant pareil génie, le peuple se sent petit.
Le fou qui travaille (dixit Bibi) accomplit des prouesses à un rythme étourdissant, exécute ses voltiges à un régime d’altesse.
Kamilya à risques
A Vallauris, dans un atelier de potier, où l’artiste cabossa des visages, où Picasso découpa des corps, questionna le beau selon Pablo, à Vallauris gisait hier sur l’asphalte une petiote éclatée, comme un vieux pneu de caoutchouc, dont le frère de dix ans tenait la menotte.
La folie qui se cabre comme un cheval d’une infinie connerie percute la plus innocente des grâces sur la terre: la petiote, la petite patriote de trois pommes, qui traverse la route, qui foule son dernier chemin dans les clous d’un infernal destin.
Et pourtant la connerie n’est pas écrite d’avance. Le progrès d’une société est précisément de renoncer à la fatalité. Rien n’autorise un homme, un sombre con de jouer avec sa déraison, de foncer à toute vitesse, tous yeux éteints, sur Kamilya, sept ans, l’âge de raison.
L’instant d’avant, la fillette écarquillait ses doigts comme un soleil à l’adresse de l’automobiliste arrêté, respectueux de son passage, en signe de bonjour de reconnaissance, d’adieu définitif.
Ce fait de sauvagerie illustre l’étendue des ravages dans la société. Il n’y a pas que les médiocres ministres qui sont démissionnaires sur nos terres ensanglantées. L’autorité est déclarée manquante. L’autorité a rendu son tablier.
Vallauris est gravée dans notre mémoire comme la ville dont la reine était une enfant. Elle s’appelait “Kamilya à risques”.
Un Deuxième Ministre
On ne trouve pas de Premier Ministre. L’affaire traîne. Quand Picasso manque de bleu, il prend du rouge. Cherchons un Deuxième Ministre, s’il y a pénurie de Premiers Ministres dans le pays. Dans les pharmacies, on nous fourgue bien des médicaments démarqués. Et puis s’il nous glisse entre les doigts, l’hypothèse d’un Troisième Ministre ne serait pas honteuse.
Le poste est très bien rémunéré. La retraite atteint des sommets. Elle est cumulable. Quand on songe à la durée limitée de la besogne, c’est un vrai pactole. Les avantages en nature sont incomparables: voiture, chauffeur, repas, garde du corps.
Faute d’autochtones assez motivés, on devrait pouvoir sortir du chapeau un chômeur ou un
migrant méritants qui « cochent les cases » de la fonction. Je pense que c’est faisable.
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