vendredi 4 janvier 2013

Il n'y a qu'un métier

La nuit épaisse goudronne les rêves. On s'englue dans le chahut d'une rue. Jour sans ciel qui colle à la semelle. Jour sans gloire qui serre la mâchoire. Blafards sont les boulevards. Il est tard pour aller quelque part.
Le Santeuil de Proust vient d'ailleurs, sort d'une page de Rancé. Ce moine rapide, "petit sapajou", motive en dix lignes le crayonné d'une Recherche. La Vie de Rancé, du pape de la Trappe, c'est quatre livres brefs, quatre récits digressifs. Cousu, décousu. "Il écrivait à la diable pour l'immortalité". Chateaubriand se regarde dans la glace quand il songe à Saint-Simon.
Il est nez à nez avec le néant. Fasciné par le rien. Il dit du traité de Rancé: "C'est toujours dur, mais admirablement exprimé". L'exercice du trappiste est une promenade de sainteté.
Chateaubriand voit le vide comme Saint-Simon voit Fénelon:"Il fallait effort pour cesser de le regarder". A soixante-quinze ans, il trie dans sa vie, jette le bois mort.
Rien ne sert de remuer les lèvres. Il n'y a qu'un métier. Orfèvre. Tous les autres labeurs sont des courbures d'imposteurs.

Aucun commentaire: