mardi 3 septembre 2013

Les touches d'un piano

Au café bar du Loir, les paysans tatoués boivent un verre de Jasnières. Mariage au château du fils à monsieur le comte. Les rois d'Amérique ont débarqué dans le patelin, costumés pour la noce et le féroce potlatch.
Au château de l'écriteau, l'herbe est tachetée de tables blanches. On dirait les touches d'un piano. Pétillent les vins, les jeunes filles et les bribes de causerie. On gravit le grand escalier. On jette une tête: l'admirable crucifix de Buraglio, haut dans la géométrie d'ici, beau comme un bonjour d'oiseau.
On dégringole les dalles. Double panneau couleur de mégot. Tableau fracturé en deux hosties, courbure de cruauté d'un corps ensommeillé. Malherbe : c'est un père, c'est un peintre qui regarde Apolline comme il parle de son fils. La regarder dormir. Albertine est emmitouflée dans son secret. La dormeuse est une prisonnière proustienne.
Sumo des végétaux, le platane cinq fois centenaires ponctue la calligraphie d'une charmille taillée au ciseau. M'arrête un chat camouflé dans l'herbe. Les petits pages du mariage sont vêtus de culottes bouffantes. L'habit écarlate sied à leurs joues rouges. Une musique d'Europe orientale se mêle au vent des conversations familiales.

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