lundi 1 décembre 2008

Picotement d'ortie

Le corps absorbe la totalité de la conscience. Il est ressenti comme un picotement d'ortie. Le malade est divisé, fourchu comme un diable. L'enveloppe charnelle n'est plus ajustée aux mesures de la quiétude biologique. La vie des organes est ballottée comme sous l'effet d'une roue voilée. La fièvre sensibilise au soi. Elle creuse la demeure du for intérieur. Le corps se carre dans un retrait instinctif du monde. C'est un adieu aux paillettes du dehors, à l'étrangeté de l'autre, à l'ivresse des choses. Le corps se recroqueville de la nuque aux chevilles. Il attend que le temps du mal s'en aille, s'épuise dans sa durée. Il est la proie désignée d'un prédateur masqué. L'espace du corps se contracte à mesure que le temps se déploie. La prégnance du mal cogne à la porte du corps, réveille la conscience, uniformise la déplaisante sensation. La vie subit la loi d'un temps qui vibre dans les tempes. La route du malade est pavée de gravillons brûlants, d'interminables instants qui sont chauffés au soleil de la solitude. L'homme est couché comme un mot dessiné, immobilisé sur le sable. Aucun lointain, aucune songerie ne brillent dans ses yeux. Il est ligoté aux minutes circulaires du présent.

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