vendredi 6 février 2009

Sous la dent

On est tellement matraqué de bouquins étouffe-chrétiens, de sommes assommantes, de gros écrits creux que le svelte "Vingt-septième livre" de Marc-Edouard Nabe est une bénédiction de l'édition. Moins de cent pages qui roulent à toute berzingue, zigzaguent et dézinguent en chantant. Bref, c'est de la bonne viande, de la chair fraîche. L'auteur du sublime "Nuage" contemple ses propres plaies d'écorché. Il raille les gras à-valoir de son vieux voisin faire-valoir, Houellebecq, le crooner crâneur, le joli coeur des destinées pavillonnaires. Il envie ses liasses de dollars. Nabe dit du mal, écrit bien. Avant de se jeter sur son os, on vivotait dans l'acédie des mots. De la taille d'une boîte de cartouches, le petit livre gris du maudit fils de Zannini est un exercice d'exquise fantaisie. Il ferraille dans les airs, admoneste la bleusaille littéraire. Il tire sur les repus, sur tout ce qui ne bouge plus. Nabe fait le job, exécute un numéro d'artiste. On est fou de joie d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. On inspecte les étagères, on se fourre la tête dans la bibliothèque à la recherche des vingt-six volumes précédents.

Aucun commentaire: