mardi 14 septembre 2010

Chabrol

La gabegie de pellicule dont Chabrol a usé montre la rapacité, la veulerie, la flagornerie d'une bourgeoisie moisie, nourrie de Rotary et de grand ennui, étriquée dans son costume de province. Le fils d'apothicaire filme les menteries ordinaires des notables à dessous de table. Dans les salles de cinéma, Chabrol brille auprès des moroses possédants qu'il dépeint sans tendresse.
La bourgeoisie jouit à se voir démasquée, se plaît au spectacle de ses propres turpitudes. Elle est démangée par le ressentiment. Elle aime désigner de son gros doigt la bassesse du rival de salon. A quarante ans, sous Pompidou, Chabrol a l'âge de ses personnages. Il se compare aux godelureaux de son enfance. Il exprimera alors sa rage d'en découdre comme jamais. Il se saisit du flambeau du fils de famille tenaillé par l'envie. Il fabrique des images, raconte de sordides histoires destinées à tordre le cou de ses ennemis. Il se venge du temps des culottes courtes. Jean Yanne est sublime en Sarkozy garagiste. Stéphane Audran est un phantasme de pharmacien. Chabrol exhibe sa perversité de grand salaud au pays des petits salopards. "Le Boucher" et "Que la Bête Meure" sont ses plus beaux coups de gueule.

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