lundi 27 septembre 2010

Sur les épaules de De Gaulle (4)

Après l'Appel, il y a le bonsoir de De Gaulle, une sorte de "sacré bonsoir!" à la Claudel. A l'issue du référendum fatal, vécu sur le mode de la roulette russe, l'adieu est irrévocable, pareil à la prise d'habit religieux. "Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi". Communiqué à peu de mots. Sublime chant du départ. Chef d'oeuvre absolu. Avant de mourir, de Gaulle longe les eaux d'Irlande, allonge le pas, achève un songe.
On feuillette les archives. On y revoit la cérémonie des conférences de presse. De Gaulle sait son texte sur le bout des doigts. Il déroule un grand récit. Ses majestueuses postures, ses mimiques et sa gouaille ironique, la perfection de sa langue et sa tonitruante réactivité émeuvent comme au premier jour. Il crée un genre: l'opéra politique en solo. Aucun de ses successeurs n'y brillera. A défaut d'images, il faut se replonger dans les magnifiques volumes d'Alain Peyrefitte: on colle la page à son oreille, on entend distinctement la voix de Charles de Gaulle.

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