mardi 3 juillet 2012

Un salariat sale

Le capitalisme pratique le culte de la marchandise. C'est une religion de la convoitise. Elle ne parle d'autre langue que l'idiome du marché, ne célèbre d'autre idole que l'argent. Pareil mode de production érige la prostitution au centre de son organisation. Le sourire de prostituée transite par la publicité.
Dans l'anonymat d'un monde d'appâts, le salariat légitime l'achat du corps. La force de travail est sollicitée à l'envi comme la prostituée des trottoirs.
Le travailleur manuel vend sa sueur, ses muscles et son coeur à l'ouvrage. Le travailleur intellectuel cède au plus offrant l'agilité de ses neurones.
Dans ce cadre général d'un capitalisme brutal, la prostitution n'illustre qu'un cas particulier d'exploitation. La location libre des sexes n'est pas de nature différente de l'octroi par contrat des bras et cerveaux.
Dès lors, on peut s'interroger sur l'angélisme d'une proposition politique visant à prohiber le commerce de la prostitution. En arrière-plan, on semble identifier les contours d'un tabou, l'interdit moral d'un salariat sale qu'il conviendrait d'éradiquer. La chasse à la grisette flaubertienne témoigne d'une flambée d'idéologie victorienne.

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