mardi 18 décembre 2018

La baraque de Scott

La saison s’étiole. Le soleil dégringole derrière l’Esterel. J’observe la chair incendiaire de la mer. Villa de Fitzgerald. Je squatte la baraque de Scott. L’écrivain des années vingt s’est cloîtré à Juan-Les-Pins.
Le barman secoue la mémoire avec de quoi boire sans état d’âme. L’alcool cogne à la porte du songe, d’un livre qui me ronge. Luca jongle avec la vodka, la mandarine et le vin qui pétille comme un merveilleux artiste de cirque. Les absents, comme les blancs d’un texte, sont les plus importants. Je songe à mes compagnons de calice, morts au champ des délices qui soudainement les remémore.
C’est à Juan-Les-Pins que j’ai achevé Fred, le récit d’un destin, que j’ai décidé d’y mettre fin, un beau jour. Je fixais alors une rondeur d’épaule quand nous choquions nos deux alcools. Fred récuse un guide. Il regarde, garde une fois, deux fois, mille fois, avant de se taire, de se terrer dans un cimetière.
J’ai du respect pour Steve, le maître pâtissier, à cause d’une saveur à la guimauve. Derrière la vitre avant la nuit, j’épie les mâts qui sont des croix. Les buildings se sont levés méchamment, au détriment des villas d’antan, rasées par manque de consentement. Loin d’ici, un président content, inventeur de bidules, inaugure les parlotes Théodule.

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