mardi 10 novembre 2020

Un mal essentiel

Quand j’étais petit, j’allais à l’école de ski où la monitrice nous enseignait des rudiments de glisse. Dans mon oreille aujourd’hui, retentit l’énoncé en trois parties d’une vérité à appliquer pour vivre en sécurité : tester, tracer, isoler. J’y vois une continuité avec le lancinant « planté, flexion, extension » des instructeurs de christania. Le virus ressuscite mes souvenirs de poudreuse. Sauf que si j’ai appris à virer sans dommage dans la neige, j’hésite à croire que du virus je suis désormais protégé. Quand j’étais petit, l’institutrice m’apprit à lire des livres essentiels pour ma survie intellectuelle. Or, j’observe tous les jours des gens glorieux ou des gens de peu que la télévision interroge chez eux dans un décor semblable où trônent les mêmes compagnons de vie intérieure. Une figure de parleur est entourée d’étagères bien visibles, bourrées à crac de maux (mots) essentiels, c’est-à-dire de biens non essentiels. L’interrogé se plaît à portée de main de ses livres reliés. Il ne parle son blabla qu’en présence de ses avocats. Pourquoi diable, dans une république si belle, cherche-t-il un ciel dans des biens non essentiels ?

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