mardi 12 octobre 2021

L’école nationale du terrain

Il faut une table pour s’asseoir autour. Et un dossier pour le mettre dessus. Les deux énarques ont planté le décor. Castex et Macron sont assis, masqués/démasqués, en fonction de la télévision. Ils froissent les feuilles de papier du dossier débouclé. Ecole nationale du terrain. Macron y tient. Le président s’est entiché du « terrain », mot fétiche depuis la gueuserie des ronds-points. Son collaborateur suggère « territoire », oserait même « terroir » pour mieux équilibrer l’épithète « national ». Mais Manu n’a pas fait sa mue. Pas encore mûr. Il préfère terrain qui fait plus sportif, qui évoque poignées de mains et empoignades, stades et « portée d’engueulades » comme disent les petits élus analphabètes des cantons de péquenauds. L’école nationale du terrain (ENT) se substitue à l’école nationale d’administration (ENA). C’est décidé. Décret. Castex gribouille un texte, agite les bras, opine du chef, tout en même temps. La scolarité ? La logistique en sera la discipline reine. Son financement ? Amazon. Amazon s’honorera d’un coup de main décisif au grand projet du deuxième quinquennat. Le premier des Gafa en fournira les plus brillants éducateurs. L’ENTreprise américaine et l’ENT ont une vocation naturelle à s’entendre, à bâtir ensemble une nouvelle élite républicaine, nourrie de sous-culture périurbaine. Un directeur ? Castex propose Delevoye, très libre depuis le désolant abandon de l’âge-pivot. Le président se sent grand. Il referme le dossier. Tapote le cartonnage, faute de joue dans le voisinage. « Tu vois Jeannot, ça c’est du concret ! »

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