vendredi 22 février 2013

Terroir et Trésor

Le territoire coûte les yeux de la dette. On racle les fonds de terroir. Les racines sont sources de gabegie. Les fonctionnaires du terroir ruinent le budget du Trésor.
Il faut se débarrasser de la terre qui colle aux semelles, du réel qui pèse sur la légèreté du virtuel. La terre nous embourbe dans ses ornières. Le territoire est une vieillerie de l'histoire.

mercredi 20 février 2013

Le type d'Antibes

C'est un corps, un échalas, une sorte d'escogriffe, bref un peintre qui dit qu'il le sera. Un serment d'ivrogne est une promesse de coeur qui cogne.
C'est un mendiant qui songe à l'ancien temps. Il jette de la couleur sur ses peurs d'enfant. Il sait qu'il vagabonde entre deux mondes. Il est Russe, n'échappe à aucune ruse. Il dégingande la peinture avec son format de propagande.
Il aime le vin qui pétille et la lumière de Sicile. Staël attente à la pudeur des couleurs. La mort d'origine l'agrippe à l'abîme de la vie. Sa dernière toile est rouge Petersbourg. Son fiasco fait écho au chant du coquelicot. Il plante un drapeau révolutionnaire dans la chair du "Concert". Il fait du piano son taureau comme de l'exil sa banderille.
Staël, c'est le type d'Antibes qui pousse la musique à plein tube. Sa cuiller racle l'émail de l'assiette. Il finit sa soupe. La fulgurance est une marque de fabrique, une nécessité tellurique, comme un deuil de naissance. Il s'est levé à l'heure du soleil couché. Les broussailles d'atelier sont des figures travaillées. Il enjambe la peinture. Il ne sera pas ce peintre-là. Il tire un trait. Il regarde le ciel. Il se défenestre.

Horreur/Terreur

Le pays s'appauvrit. La gueuserie résulte de suspectes rêveries. Les gens chiches sont la proie d'un Etat riche. Sous dépendance de la dépense.
La gauche qui gâche est prompte à la gâchette. Elle guerroie au Mali. Applaudie par les yankees. Au champ de "l'horreur économique", elle substitue le théâtre de la terreur islamique.
Désormais, nous sommes les otages de l'une et de l'autre. La guerre n'est pas plus dans nos cordes qu'un dérisoire objectif de croissance.

mardi 19 février 2013

Un remède de cheval

Spanghero jouait à Narbonne. Walter, légendaire deuxième ligne, ceignait sa frondeuse trogne du même bandeau qu'Imanol. Le numéro quatre mouilla le maillot du Quinze de France avec une vaillance d'homme rude à la souffrance.
Vendre de la viande. Vendre du cheval pour du boeuf. Spanghero a trouvé le remède de cheval qui guérit de la croissance zéro. Je ne parle plus de Walter mais du manager. Du cheval pour du boeuf. On n'y voit que du feu. Spanghero escroque les gogos.
La société fait des bénéfices à satiété. A Castelnaudary, on se rit de la crise. Spanghero, hors la loi, génère de l'emploi. Avec de nouveaux débouchés, on cesse de débaucher. La croissance se nourrit de délinquance. Elle se cherche avec les dents. Avec un couteau de boucher. Inutile de monter sur ses grands chevaux. Ni vu, ni connu, on évacue la vertu. Spanghero, en réduisant la dépense, a trouvé le secret de la croissance.

Un barbouillon

Je dérive dans Rousseau, nonchalamment, parmi les mots d'une gracieuse "confession". En ce siècle oublié, on est aventurier, épistolier, éveilleur de sensibilités. Rousseau musarde, s'amuse de musique. Le nègre de Rameau compose des opéras, à l'ombre des mots, quand ça lui chante. "Je n'étais qu'un barbouillon".
Rousseau fait ses délices du plus humble caprice. Il écrit ses tourments sans négliger d'être charmant. "La prévoyance a toujours gâté chez moi la jouissance. J'ai vu l'avenir à pure perte: je n'ai jamais pu l'éviter" (Les Confessions, La Pléiade, page 106).
C'est un lettré, d'instinct buissonnier. Vie de bohème qui le mène au lac de Bienne. Sa grande causerie s'achève à l'île Saint Pierre, au voisinage de Neufchâtel. Le Rom un peu menteur de la rime intérieure pose son baluchon de barbouillon.
"L'âge des projets romanesques était passé et la fumée de la gloriole m'ayant plus étourdi que flatté, il ne me restait pour dernière espérance que celle de vivre sans gêne dans un loisir éternel" (Les Confessions, La Pléiade, page 640).


lundi 18 février 2013

Le coup du père Josef

Benoît, au faux air de Radzinger, a déréglé l'horlogerie de Saint Pierre. L'évêque de Rome, vieillard cacochyme, lève le camp du Vatican. Il quitte la fête. Il a toute sa tête, toujours bien faite. L'homme de l'universel se résume à son missel.
Le coup du père Josef est une détonation dans le ciel des nations. Le prélat veut le cloître plus que la gloire. Nul n'est moins roi que l'humble Bavarois. Il veut mourir à Colombey, à l'ombre d'une destinée.
Il se dépouille des parures de pouvoir.
"Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi". C'est la traduction gaullienne du latin papal. La mort volontaire - pardon, la démission de Benoît - rappelle la désarmante  économie de moyens du communiqué gaullien.
Dans sa retraite, ou plutôt sa cachette, Josef comme Charles, jettera des mots sur une page éphémère, griffonnera des prières, loin des regards planétaires.

dimanche 17 février 2013

La pampa de papa

Nous sommes plantés là comme une escouade d'épicéas. Nous sommes les derniers arbres faits de l'écorce d'un prince. Nos jours sur terre se résument à un cimetière. Papa n'est plus visible que dans la gloire de nos mémoires, l'éclair éphémère d'un souvenir.
Il mesure notre misère. Il regarde les rescapés comme on s'arrête entre deux gorgées. On se heurte au granit de pierre tombale, à gauche, à l'entrée de sa chapelle. Derrière le muret qui borne une longue tristesse, s'étend la plaine, la pampa de sa jeunesse.
Papa manque au bataillon. Il nous laisse un désert à peupler d'on ne sait combien d'hivers. Notre petite troupe meurtrie lui dit merci. Il nous manque comme la dernière heure d'un bonheur. Nous prions l'homme bon, chef de notre bataillon.