mardi 2 juillet 2024
L'homme de croc-Matignon
Les candidats montrent leurs dents. Trois papabile tiennent la corde: Vladimir Poutou, Alexandre Benalla, Nicolas Hulot.
Le premier s’impose comme une candidature naturelle. Le deuxième a restitué toute sa collection de passeports, ce qui restaure une légitimité. Le troisième a vendu sa flotte d’hélicoptères. Il est blanchi.
Benalla a prouvé sa pugnacité de pugiliste. C’est le favori du Quai d’Orsay. La Bourse jouerait Poutou. Hulot est soutenu par le lobby des photographes. Pas facile de les départager.
Tweet aux électeurs
“Je ne démissionnerai pas. En revanche, je demande instamment à 150 de mes députés étiquetés à mes initiales “En Marche” de s’arrêter maintenant et de se démettre à ma place.
Je l’ai dit, j’ai confiance dans le peuple. Je compte sur sa volonté souveraine pour leur signifier d’abandonner leur mandat. Il n’y a pas péril en la demeure puisque que je reste en mon palais. N’ayez pas peur !”
Les burettes
L’extrême centre est une appellation usurpée, mal contrôlée, qui désigne la tiédeur du milieu.
Il se situe dans le droit fil de la pateline démocratie chrétienne d’après-guerre. Bayrou, sous Macron, en est le rejeton le plus abouti.
Le Général s’est battu contre cette variété de capitulards invertébrés. De Gaulle évoquait « le marais », étiqueté MRP, en ces termes choisis: « Ce sont des enfants de chœur qui auraient bu les burettes. »
Macron, toujours plus fort, a même bu le calice. Jusqu’à la lie. Du coup, il est raide pompette.
Le type d'Antibes
Nicolas de Stael est un peintre absolu, un artiste d’un style qui ne court pas les rues. Il dessine à première vue, colorie la mer, les ciels nus.
Il m’a plu d’écrire l’illumination reçue, le choc d’une toile, l’émoi d’un corps, l’éblouissement d’une splendeur sur un mur.
Il m’a plu ? Non. Il m’a saisi, agrippé le regard. La phrase est née, s’est emballée sous sa dictée.
Le type d’Antibes gît dans l’énigme d’un dernier cri. Il ne trouve pas les mots mais un accord sonore. A défaut d’écho. Il laisse un sillage, une trace blanche trouée de véhémence, un turbulent silence.
Au ciel il s’adresse dans un clignement de cil. L’arbre ne se souvient que de ses moments de tremblement.
« Le type d’Antibes » vient de paraître en librairie. Il est disponible chez l’éditeur 5 Sens Éditions :
Rue du Cirque
Il saute aux yeux que le jeu de la démocratie s’apparente à une clownerie. Le comique de répétition sature l’espace public. Un président burlesque orchestre une grande gaudriole.
Le pays entier loge rue du Cirque, à deux pas de l’Elysee, chez Julie Gayet.
Ciotti fait un solo pathétique d’Auguste, ressuscite Achille Zavatta en son chapiteau. Larcher et ses convives de table s’asseyent sur le droit, l’écrabouillent de leur poids politique supposé.
Dans pareille sphère, la force prime sur la règle. Zemmour explose en plein vol à la première incartade de son adjointe récidiviste.
Raphaël bamboche avec le socialisme frelaté d’un parti grande gueule anti-sémite. Glucksmann accepte une débauche odieuse. Il se terre dans un silence hautain.
Macron songe à nommer le maire d’Oradour au poste de premier ministre. Il en connaît un rayon sur l’insécurité de la nation. Mais au palais, le coupe-gorge des rues ne figure pas à l’ordre du jour, les fins de mois impossibles non plus. La bagarre se limite aux ambitions fratricides des ministères.
Les politichiens, comme disait de Gaulle, appartiennent à un même panier de crabes. Pour le larbinat d’Etat, servir un pays, c’est s’en servir par le biais de la tromperie, par tous les ressorts de la rouerie.
A-t-on retrouvé l’armoire de Benalla ?
Une conférence de hâte
Le président exprime un désappointement, un mordant agacement. C’est pourquoi il mobilise un mot-clé fondateur, emblématique de son juste milieu: le vocable « révolution ».
Dans une formule d’une audace effarante, il évoque la double mémoire germanique de Karl Marx et de Nicolas Copernic. Il exhorte un peuple à « une révolution copernicienne de l’action ».
Le best-seller d’hier « Révolution » est réimprimé comme un tract distribué à la sauvette.
Le président est obsédé par le désir de parfaire son meilleur profil devant l’Histoire. Il se pare d’une belle âme réfractaire aux extrêmes. Sur son cahier de campagne, il note l’émergence de trois blocs qui squattent une nation qui se détricote: le bloc des nostalgiques, le bloc des black blocks, le bloc des tièdes.
A l’écouter, il dispose de deux outils majeurs pour satisfaire un prurit d’activisme: le terrain d’abord, la table ensuite.
Le terrain d’énarque s’identifie à une poignée de mains, à un selfie démonstratif, au bisou de plouc sur la place du marché d’un patelin de suspecte identité.
La table est l’accessoire complémentaire du bâtisseur d’Histoire. On y fourre dessus les dossiers. « Ils sont sur la table ». C’est l’essentiel. Ils coudoient les hypothèses de travail, les logiciels et paradigmes à changer séance tenante, qui encombrent la surface du précieux meuble, saturé de papier. Le réel patibulaire y est converti en rationnel tabulaire.
Mais la table ne se résume pas à sa qualité de portage. La table autorise de surcroît le rassemblement des haltérophiles de dossier, des athlétiques spécialistes de « l’épaule et jeté ». Elle permet la rituelle communion des zélés serviteurs d’Etat autour de la vision mystique du chef du combat législatif.
Le mot « humilité » est entonné comme un refrain yéyé. Il sied au genre de beauté du capitaine de randonnée. Le guide suprême, le président qui s’aime, apostrophe l’électeur qu’il baptise « Tarte Molle », interpelle un journaliste qu’il qualifie de « Drôle ».
Il lance un pathétique ultimatum qu’il signe de « sa pomme ». Cet homme en colère nous rend le piètre Sarkozy moins vulgaire. Conférence de hâte qu’il convient d’oublier.
L'aide à mourir
Il s’est penché une dernière fois sur la constitution de la vieille gueuse. Sa maladie du nombril le démange toujours et encore. Il sait qu’elle est incurable.
La grand-mère héritée du Général veille matin et soir sur la santé du petit caporal. Elle a consenti à lui administrer la gélule fatale. Elle donne son feu vert à une fin de vie digne, assortie d’un minimum de confort.
L’assemblée du chahut, des banderoles bariolées et des mots d’ordre vociférés s’est éteinte, dissoute sur le champ sans être absoute pour autant.
Il était jeune, encore jeune, intelligent, très intelligent, méchant comme une teigne, toujours content de lui-même. « Notre projet » l’a dans l’os.
Le peuple a respecté sa dernière volonté. Il est mort sans souffrir.
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