Un curé tout en os qui ressemble à Lévi-Strauss. Il y a des Arabes louches qui font mal à des mouches. Les religieuses fredonnent une berceuse. Cinq, six vieux prient Dieu qu'Il les requinque.
L'Arabe à couteau tranche l'agneau. L'émacié curé gît dans un sang violet.
Les criminels sans missel se ruent dans les ruelles. Ils ont des pistolets en plastoc en guise de crucifix. Ils sont troués. Le peuple radote une peur idiote.
jeudi 28 juillet 2016
dimanche 15 mai 2016
Un président trimestriel
La démocratie est
une sale manie. Elle enquiquine l’ancien royaume. Par chance, une règle de
droit lui tape sur les doigts. Le 49-3 la déclare has been. Aller vite nécessite qu’on l’évite. La gauche qui gâche
est prompte à appuyer sur la gâchette. Le 49-3 est un colt de sheriff qui force
à être bref.
La droite qui rate fait
saillir ses omoplates. Ses chefaillons agitent le chiffon d’une restauration.
Ils empruntent aux toubibs des urgences une gouvernance par ordonnances.
Gouverner, c’est expédier les affaires qui mécontentent. Il faut se dépêcher d’imposer sa loi. On ordonne au pays comme on canonne un ennemi. La droite diagnostique un temps très court pour refaire les peintures. Les réformes en dur doivent être exécutées dans les premiers cent jours de la mandature. Après quoi, le président fait la planche, ferme la boutique pour cause de dimanche. Dès lors, le quinquennat tranquille se réduit à un seul trimestre utile.
Pour que la démocratie vive, pour que la république respire et que les pouvoirs s’aèrent, je préconise de réduire le temps présidentiel à ses seuls trois mois essentiels. Le trimestre, renouvelable une fois, doit se substituer au quinquennat. Avec le stock de candidats disponibles – « le trop-plein » disait de Gaulle -, on peut aisément caser le gros des effectifs dans la vingtaine de trimestres libérée. On troque une présidence obèse pour une pluralité de commandements sveltes et agiles.
Une dizaine de vrais capitaines, rapides et réactifs, valent mieux qu’un gros monarque enlisé dans une glaise quinquennale. Le tourniquet présidentiel trimestriel offre l’immense avantage de dynamiser la démocratie. Il insuffle un élan décisif, donne une nouvelle jeunesse au pays.
Gouverner, c’est expédier les affaires qui mécontentent. Il faut se dépêcher d’imposer sa loi. On ordonne au pays comme on canonne un ennemi. La droite diagnostique un temps très court pour refaire les peintures. Les réformes en dur doivent être exécutées dans les premiers cent jours de la mandature. Après quoi, le président fait la planche, ferme la boutique pour cause de dimanche. Dès lors, le quinquennat tranquille se réduit à un seul trimestre utile.
Pour que la démocratie vive, pour que la république respire et que les pouvoirs s’aèrent, je préconise de réduire le temps présidentiel à ses seuls trois mois essentiels. Le trimestre, renouvelable une fois, doit se substituer au quinquennat. Avec le stock de candidats disponibles – « le trop-plein » disait de Gaulle -, on peut aisément caser le gros des effectifs dans la vingtaine de trimestres libérée. On troque une présidence obèse pour une pluralité de commandements sveltes et agiles.
Une dizaine de vrais capitaines, rapides et réactifs, valent mieux qu’un gros monarque enlisé dans une glaise quinquennale. Le tourniquet présidentiel trimestriel offre l’immense avantage de dynamiser la démocratie. Il insuffle un élan décisif, donne une nouvelle jeunesse au pays.
jeudi 12 mai 2016
Les lieux saints
La vérité n’est pas
le problème des figures blêmes. La vérité est la vertu retranchée des sciences
authentiques, de mathématique dureté. C’est un cercle d’initiés, de résistante
pureté. C’est le dernier carré, le seul qui veille au vrai. La géométrie nous
garde de la fausseté d’esprit. L’algèbre nous interdit le mensonge.
L’arithmétique est d’essence civique.
Ce sont les lieux
ultimes, les lieux saints, une sorte de Jérusalem, moteur d’un monde inventeur
d’où s’excluent les menteurs. La corruption ne touche pas l’invention. C’est un campement
d’utopie créatrice, entouré d’un immense désert d’institutions corruptibles, de
démons et de contrefaçons. C’est un sanctuaire sur la terre qui protège un
sauveur.
Jusqu’à quand ? La vérité n’est qu’une feuille d’octobre qui a fait son temps. Elle jonchera le sol, face au ciel. Les mensonges se ramassent à la pelle. Les jardiniers ratissent des querelles. La vérité n’est pas le problème des figures blêmes.
Jusqu’à quand ? La vérité n’est qu’une feuille d’octobre qui a fait son temps. Elle jonchera le sol, face au ciel. Les mensonges se ramassent à la pelle. Les jardiniers ratissent des querelles. La vérité n’est pas le problème des figures blêmes.
jeudi 5 mai 2016
Le syndrome Dalida
Les candidats
s’annoncent en rang d’oignons dans la foire au blabla, comme des premiers
communiants, comme de primaires communicants.
La candidature
proclamée est une posture de visibilité. Jadis les starlettes de cinéma se
trituraient les veines, pas pour de vrai, simulaient un suicide aux barbituriques
pour sortir de l’anonymat ou pour forcer une notoriété enlisée. Dalida fut de
celles-là. La politique se calque sur le spectacle. Sous de Gaulle
imperator, Mitterrand imagina un faux attentat, avenue de l’Observatoire. Le
grossier maquillage était destiné à requinquer une gloire qui tardait à
s’épanouir.
Aujourd’hui la rubrique faits divers se passe des suicides ratés et des crimes d’opérette. Elle se concentre sur la soif de bonne opinion des petits chefs de faction. La course à la primaire en constitue le terrain privilégié, le lieu d’exposition solaire. On observe de minuscules planètes qui gravitent autour d’une même étoile de sheriff. Il n’est pas sûr qu’elles soient toutes respirables.
Aujourd’hui la rubrique faits divers se passe des suicides ratés et des crimes d’opérette. Elle se concentre sur la soif de bonne opinion des petits chefs de faction. La course à la primaire en constitue le terrain privilégié, le lieu d’exposition solaire. On observe de minuscules planètes qui gravitent autour d’une même étoile de sheriff. Il n’est pas sûr qu’elles soient toutes respirables.
lundi 25 avril 2016
Une giclée de peinture
Les livres sont
endimanchés, vêtus d’or, de poussière et d’imaginaire. Ils sont encagés comme
des fauves abreuvés. Le public jette ses doigts dans les étagères, caresse le
museau d’un volume, vérifie le pedigree, identifie le spécimen.
Le libraire n’a pas
la jovialité de fouet d’un dompteur, mais l’air ennuyé du geôlier. La ménagerie
du cirque est dispersée en stands stricts, numérotés pour satisfaire une soif
de mystère. Les mots sont coffrés dans les pelages des rayonnages. On les
éloigne des parures vives, des figures vulnérables. Les tableaux sont
gardiennés à l’extérieur des mots.
Je rôde dans les stands. Les tableaux sont frontaux, leur nudité revendiquée. A frôler les murs, je percute une giclée de peinture. L’éclaircie de bleu est encore fraîche, tricolore, pavoisée d’un juvénile folklore. C’est une légèreté qui n’est pas mozartienne mais printanière, qui n’est pas aérienne mais coutumière. Soutine, Chagall en transparence, Lanskoy installe une évidence.
Je fais fi de la bibliophilie. Je quitte le palais dans un tumulte. Je dévisage une nuque. L’œil de Nabe bifurque. Je fignole un petit boniment de courtoisie. Le petit Zannini me fiche dans la paume les photographies de sa galerie.
Je rôde dans les stands. Les tableaux sont frontaux, leur nudité revendiquée. A frôler les murs, je percute une giclée de peinture. L’éclaircie de bleu est encore fraîche, tricolore, pavoisée d’un juvénile folklore. C’est une légèreté qui n’est pas mozartienne mais printanière, qui n’est pas aérienne mais coutumière. Soutine, Chagall en transparence, Lanskoy installe une évidence.
Je fais fi de la bibliophilie. Je quitte le palais dans un tumulte. Je dévisage une nuque. L’œil de Nabe bifurque. Je fignole un petit boniment de courtoisie. Le petit Zannini me fiche dans la paume les photographies de sa galerie.
mercredi 20 avril 2016
La timbale élyséenne
Hollande est
capitaine à cause du viol de Nafissatou, soubrette à Manhattan. Macron est un
mari de chevalerie, un farfadet qui plaît, parce qu’un ministre insatisfait a
démissionné de Bercy. Juppé est le favori des interrogés par fatigue de Sarkozy. Bref, le hasard
fait preuve de bonne volonté.
Mais le peuple a les pieds sur terre. Il n’est pas velléitaire. La politique l’exaspère parce qu’elle le dessert. C’est pourquoi les prétendants voilent leurs intimes penchants: ni droite, ni gauche. Ils jardinent large, des deux côtés de la tartine. Le roi de l’avenir ne fait pas de politique mais du pragmatique. Le roi vertueux sera une sorte de Bon Dieu du milieu, de saint sympa du terrain. Les candidats sont de braves gars, motivés par les prébendes de l’Etat. Ils se singeront. Le meilleur en songes et mensonges fera l'affaire, décrochera la timbale et touchera le pactole.
Mais le peuple a les pieds sur terre. Il n’est pas velléitaire. La politique l’exaspère parce qu’elle le dessert. C’est pourquoi les prétendants voilent leurs intimes penchants: ni droite, ni gauche. Ils jardinent large, des deux côtés de la tartine. Le roi de l’avenir ne fait pas de politique mais du pragmatique. Le roi vertueux sera une sorte de Bon Dieu du milieu, de saint sympa du terrain. Les candidats sont de braves gars, motivés par les prébendes de l’Etat. Ils se singeront. Le meilleur en songes et mensonges fera l'affaire, décrochera la timbale et touchera le pactole.
samedi 16 avril 2016
Le train de Tulle
Le peuple
souffrant, maître de céans, abrégea la parlote de salon. Il se leva sans hâte, prit le coude du visiteur et le
reconduisit jusqu’à la porte. Trissotin se retourna pour lui serrer la main. Il
sourit à pleines dents, se persuada d’une durable complicité, prononça un
lapidaire diagnostic de toubib ordinaire : « Je vous le dis : ça
va mieux ». Le peuple, dans l’encadrure de porte, fixa des yeux las sur sa
bouille écarlate. Il lui signifia son impatience : « ça va comme
ça ». Il jugea même nécessaire de répéter la formule : « Oui, ça
va comme ça ». Il hésita, mais n’ajouta pas : « Bon
débarras ! ».
Le petit docteur,
tout à son bonheur, était content de ses médicaments. Il restait planté sur le
palier. On aurait dit un éboueur de quartier ou un sapeur pompier attendant ses
étrennes de fin d’année. Le peuple fouilla dans ses poches. Il sortit un billet
de mille, le lui tendit à la va-vite.
- C’est pour le retour. Le train de Tulle est dans une heure. Vous allez le rater.
- C’est pour le retour. Le train de Tulle est dans une heure. Vous allez le rater.
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