Kofi Annan avait un port de seigneur, une noblesse d’allure.
Je ne sais pas très bien au juste ce que fait, exécute, accomplit un secrétaire
général des Nations Unies. Mais je subodore qu’il dort mal. Car le monde est
possédé par le diable, ravagé par le démon d’une violence animale. J’imagine
que la paix était sa grande querelle, son grand dessein. Il est mort à l’âge de
De Gaulle. Il avait de la gueule. Chirac, je crois, l’aimait bien. Cela me
suffit pour définir l’homme comme une belle personne. Je salue sa mémoire.
samedi 18 août 2018
samedi 11 août 2018
Mémoire
Lui,
il est absent. Il est là mais fugitivement. Il traîne. Il est là tout le
temps, ailleurs. A sa place. Il lit des ouvrages, des illustrés, à des
kilomètres de là. Il ne bouge pas d’un pouce. Il vit retranché sous les
quolibets des princes d’activité. Il est sourd. Il est sourd aux mille
bonjours. Il est sourd comme un pot. Il prie au plus près des lettres
d’alphabet. Il lit n’importe quoi, sans foi ni loi. Il n’est jamais rassasié. Il
ne lève pas le nez. Il s’instruit, incorpore autant qu’il ignore. On ne sait
s’il s’aguerrit. Il pouffe. Il rit. Il n’est jamais guéri. Il se plaît ici. Le
paradis est un parti pris. Il oublie ce qu’il lit. Mais il suffit d’un détail
pour que renaisse l’entaille d’une phrase. Il se souvient de tout. On
lui raconte des salades comme s’il était malade. Il ne bouge pas d’un iota. Il
préfère ne pas. Il se cramponne au manuel. Il ne le lâche pas des mains. Il n’a
besoin de personne. Il s’est sauvé tout seul. Il n’était pas remédiable.
Diable, non.
mercredi 20 juin 2018
Le paradis
Elle était centenaire dans ses artères. Aujourd’hui elle
aurait cent ans pour de vrai. Depuis trois étés, elle est enfouie dans l’herbe
échevelée. Elle se décompose dans une terre de cimetière, à gauche du portail à
peinture écaillée, entre le muret mal ravaudé et le petit porche de la
chapelle.
Elle aime le ciel bleu, le soleil qui pétille dans ses yeux. A la bonne saison, elle s’installe derrière sa maison. Elle stoppe la hâte dans un transat. Elle parle toute seule. Elle m’exhorte à franchir la porte. « Vous devriez venir, c’est le paradis ! »
Elle aime le ciel bleu, le soleil qui pétille dans ses yeux. A la bonne saison, elle s’installe derrière sa maison. Elle stoppe la hâte dans un transat. Elle parle toute seule. Elle m’exhorte à franchir la porte. « Vous devriez venir, c’est le paradis ! »
lundi 18 juin 2018
L'amitié de mes genoux
Quels sont les auteurs qui sont vivants quand vous
écrivez ?
Je dispose d’un carré magique. Il
est constitué de Flaubert, Proust, Mandiargues et Chardonne. On les reconnaît à
leur grain de beauté. Ils sont intouchables. Si jamais je perdais leurs traces,
si jamais j’égarais leurs pages, je demanderais à Rousseau ou Chateaubriand de
me venir en aide, de me prêter main forte. Ces grands écrivains sont mes anges
gardiens. Rien qu’à les évoquer, je me sens protégé.
Comment pourriez-vous définir L’Amitié de mes Genoux, votre dernier ouvrage ?
L’Amitié de mes Genoux, c’est la suite ou le début de ce que j’ai
fait antérieurement, je ne sais plus. Je l’ai écrit dans le même esprit que La Cicatrice du Brave. Je crois que L’Amitié est la fille de La
Cicatrice. C’est un bloc de style. C’est un travail de ciselure qui
s’applique à ma figure. « Je me noie dans un verre de moi ».
Qui sont les protagonistes de L’Amitié
de mes Genoux ?
Il y a des figures nouvelles que
j’ai croisées dans ma vie et dont je n’avais jamais parlé jusqu’à
présent : Le grand Hal, Farsa, par exemple. Il y a des personnages historiques
que j’exalte : Chirac, Séguin, de Gaulle. Il y en a beaucoup d’autres qui
traversent le récit, en coup de
vent, qui sont des éblouissements, des visions éphémères. L’Amitié de mes Genoux
regorge de petits cailloux qui balisent un style, jalonnent un sentier
d’écriture.
A quelle nécessité intérieure
correspond L’Amitié de mes genoux ?
Il est un âge où la vérité est
une dernière solitude, une sorte d’assuétude à l’authentique manière. Dans son Journal, Jean-Luc Lagarce, l’auteur
dramatique, cible dans le mille, découvre le pot aux roses, passe aux aveux,
d’une phrase lapidaire : « On dit la vérité ou on ne dit rien. » Ailleurs, il précise : « Le style,
il n’y a que ça de vrai ». Je suis d’accord avec lui.
L’Amitié de mes Genoux, c’est un autoportrait, l’écriture d’un
visage sans cesse recommencée. Avec une identité éclatée : je suis ce que
j’aime. Et personne d’autre.
Et vous aimez quoi, vous
admirez qui ?
Dans mon livre, il y a des femmes
fatales, des actrices de précipice : Ornela Muti, Lauren Bacall, Maria
Schneider. Il y a Olga, Lucia, la plus belle fille du monde. Derrière le carré
magique évoqué plus haut, je stocke en réserve un deuxième rideau composé de
fins connaisseurs des mots : Céline, Bernanos, Gracq, Nimier, Michaux. Il
y a aussi les imagiers, les artificiers de la lumière : Nicolas de Staël,
Godard, Antonioni. Et puis les paysages qui sont des visages de jeunes filles,
les villes qui sont des abîmes : l’Amérique, Budapest, Saint-Pétersbourg.
Toutes ces beautés fugitives trouvent une hospitalité dans L’Amitié. Je les accueille volontiers dans ma maison de papier.
J’aime et j’admire, pêle-mêle.
Sur quoi travaillez-vous
aujourd’hui ?
Je continue sur ma lancée. Je poursuis une obsession. Je suis engagé dans une narration morcelée, en forme de bribes de confession. Je récidive avec un livre qui s’appelle Dancing de la Marquise, en référence à Pierrot le Fou. J’ai aussi le projet d’un grand livre sur l’Italie, une sorte de carnet de voyage, qui serait le recueil des sensualités méditerranéennes. Un titre me vient à l’esprit : La Soie du Soir. Enfin, j’écris Fred. C’est un livre secret, un texte sauvage.
Je continue sur ma lancée. Je poursuis une obsession. Je suis engagé dans une narration morcelée, en forme de bribes de confession. Je récidive avec un livre qui s’appelle Dancing de la Marquise, en référence à Pierrot le Fou. J’ai aussi le projet d’un grand livre sur l’Italie, une sorte de carnet de voyage, qui serait le recueil des sensualités méditerranéennes. Un titre me vient à l’esprit : La Soie du Soir. Enfin, j’écris Fred. C’est un livre secret, un texte sauvage.
L’amitié de mes genoux
est mon quatrième ouvrage publié. Il est disponible dès maintenant sur le site
de l’éditeur 5 Sens Editions :
On
peut aussi le commander dans toutes les bonnes librairies.
dimanche 17 juin 2018
Le livre de l'été, le vrai
L’amitié de mes genoux est la narration d’une
randonnée, la confession en zigzag d’un fêlé de littérature. On y croise des
gaillards au grand regard, des orfèvres ciseleurs de beauté, la reine mère la
langue française. Ce livre ouvert est le sanctuaire d’un style.
Au
goût, c’est bien meilleur qu’un gros livre de l’été qui aurait transité dans le
sable mazouté d’une plage défigurée.
L’amitié de mes genoux, c’est le récit
fin, exigeant, haut en couleur, d’un mâle blanc qui écrit bien. Il faut le lire
à petites gorgées de mots, à l’heure précise où se dessinent les plus sublimes
apéros.
L’amitié de mes genoux n’attend que vos
yeux doux, s’impatiente qu’ils se posent sur la première de ses pages.
L’amitié de mes genoux
est mon quatrième ouvrage publié. Il est disponible dès maintenant sur le site
de l’éditeur 5 Sens Editions :
On
peut aussi le commander dans toutes les bonnes librairies.
mercredi 13 juin 2018
Je dissous les pauvres
Hollan : « Manu, tu fais quoi avec les sans-dents ? »
Macro : « Je stoppe le curatif. On balance
un pognon de dingue pour une bande de fainéants qui ne s’en sortent même pas.
On se fait du mal avec les illettrés. Infoutus de se responsabiliser. Il faut
arrêter de se complaire dans l’émotif. Oui, on supprime le curatif. Y en a qui
ont des problèmes métaphysiques ? »
Sarko : « A tout blaireau sans thune, moi
je dis : « casse-toi pauv’ con ! » Oui, pour que la France reste
la France, faut que les riches restent, s’en aillent pas, mais faut que les pauvres
se cassent vite fait. »
Pompido : « Arrêtez d’emmerder les Français
avec des mesures édouard-philippardes. La bagnole est l’avenir de l’homme. A 80
à l’heure, on s’endort sur le moteur. Faut couper les pots d’échappement. C’est
comme ça qu’ on rattrapera les Allemands. »
Charles de : « La réforme, oui ! La
chienlit, non ! »
Macro : « C’est vrai. J’aime quand il
parle, Charles. Les cheminots, ça traîne. On vire quand, Pépy ? »
Phil : « Tu n’y penses pas. Il a fait
l’Ena, comme moi, comme toi, comme le renouveau Bruno. Il est Conseil d’Etat,
comme moi. Pas possible. La révolution, oui. Le sabordage des grands corps,
non. Arrête ta déconnade ! »
Hollan : « Faut accueillir les migrants
avec empathie. Faut s’occuper des migrants plutôt que perdre son argent avec
les sans-dents. Les sans-dents votent pas ou votent facho. »
Macro : « Tu déconnes pépère ! Les
migrants ne sont pas des marcheurs. Ils flottent vers la Sicile. L’Italie sait
les recycler. La mafia leur trouve de bons emplois. On a toujours besoin
d’esclaves au noir. »
L’Auvergnat : « Les humanitaires n’ont pas
le monopole du cœur ! »
Macro : « La séance est levée. Non, j’ai
dit : « élevée ». Comme la CSG. Je dissous les pauvres
aujourd’hui à midi. J’ai bien supprimé les SDF à Paris, à Noël dernier. Les
gueux souillaient les trottoirs. Et ça, c’est de la poudre de perlimpinpin,
peut-être ? Moi, je veux rentrer dans l’Histoire. Rompez ! »
mardi 12 juin 2018
On tripatouille les niouzzes
Il
était un temps où le pouvoir vichyste appelait les résistants des
« terroristes ».
Où
un jeune homme maurrassien, plus
tard élu à la magistrature suprême, était décoré de l’ordre de la francisque
gallique.
Où
le même ondoyant président barricadait dans son palais républicain une jeune
fille adultérine. Où les redresseurs de vérité étaient punis à vouloir éventer
un « secret ».
Où
les hiérarques du pays persuadaient villes et campagnes que le nuage de Tchernobyl
respectait le tracé des frontières.
Où
l’Etat stratège s’entichait du diésel au point d'exonérer le précieux carburant de brutalités
fiscales.
Beaucoup
de balivernes en haut lieu s’attribuent l’intouchable drapé de nobles vérités. Le
mensonge éhonté est une spécialité de nos méritantes majestés. On tripatouille
les niouzzes : rumeurs, ballons d’essai, fuites orchestrées.
Bien qu’il s’en défende, je doute que l’actuel locataire de l’Elysée, fin lecteur de Machiavel, se dessaisisse des prestiges de la fausse nouvelle, s’interdise le plaisir de brouiller les pistes, renonce au privilège d’escamoter la vérité.
Bien qu’il s’en défende, je doute que l’actuel locataire de l’Elysée, fin lecteur de Machiavel, se dessaisisse des prestiges de la fausse nouvelle, s’interdise le plaisir de brouiller les pistes, renonce au privilège d’escamoter la vérité.
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