mardi 20 janvier 2009

Yes Aïe Cannes

Dans ses carnets - je ne sais plus dans quel tome des Lettrines -, Julien Gracq écrit : "Entre le quelconque et l'excellent, la distance est stellaire". Sur la croisetteItalique, les palaces sont bondés. Gray d'Albion, Carlton, Martinez sont des noms d'établissements pénitentiaires. L'art hôtelier y est enseigné à l'accéléré. On en franchit le seuil comme on accède à son compte bancaire. Identifiant, mot de passe, log-in.  J'ai le souvenir d'un bouquet d'arômes chocolatés. Je reviens sur les lieux d'une sensation forte, d'une émotion de palais. On m'éconduit dans un galimatias d'adjudant. Par grisaille de janvier, il faut se sauver, fuir, rayer la ville de Cannes de la carte littorale.
A Nice, le Negresco impose son tempo suranné. Il est planté au beau milieu de la Promenade des Anglais. Son mauvais goût est éclatant de générosité. On y entre comme dans un moulin. On s'y parle en convives. Au premier mot, on s'approprie l'endroit. On vagabonde dans les couloirs à la recherche du meilleur recoin, au gré de l'humeur, aux bons soins de sa fantaisie. On trouve sa place sans bagarre de rue. La majesté du Negresco est une vieillerie de la civilisation des paquebots. On navigue dans un large fauteuil, au rythme assez lent du fleuve, dans la beauté alambiquée des boiseries, aussi libre qu'un roi dans ses songeries, aussi grave qu'un homme au voisinage de la volupté. 

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