jeudi 22 juillet 2010

La politique du bazooka

L'usage des mots est libre au sommet de l'Etat. Or la liberté de vocabulaire ne garantit pas la justesse d'expression. Un mot, prononcé à dessein par le président de la République, chef des armées, s'est échappé de son contexte martial pour s'appliquer à la société civile.
Ce gros mot injurie le droit. Il désigne une réalité d'effroi. Bush l'a employé avant de pratiquer la chose en Irak.
Car la "guerre" est déclarée en France. "Aux trafiquants et aux délinquants". Ce mot banal a un impact de balle. Aucune guerre n'est bonne, juste ou salutaire. Elle squatte le terrain du droit et se déploie en lieu et place de la loi. Il n'est ni digne ni convaincant d'emprunter les mêmes armes d'intimidation que les hors la loi.
Le fameux "terroriser les terroristes" du vieux Pasqua était un abus de langage, une fanfaronnade méridionale. La "guerre" aux malappris des cités est une incantation sécuritaire de matamore. Ce disque rayé reprend du service. La méthode belliqueuse d'un chef de l'Etat ombrageux ne doit pas égarer les esprits fragiles. La politique du bazooka relève du mouvement de menton. Dans notre pays, il existe des institutions, chevillées à un corpus de lois, qui sont de nature à châtier les bandits.

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