mardi 14 mai 2019

Premiers de cordée

Le bleu du drapeau s'est répandu sur des pans de ciel sans défaut. Il fait beau malgré le surcroît des mots qui dissuadent l'écho. Les frères militaires ont levé les cercueils rectangulaires, marché d'un petit pas ordonné, piétiné sur le pavé qui grince, posé les corps de chêne encordés au soleil. Aux endeuillés figés, première ligne de chagrin, le chef civil serre la main, multiplie les pressions tactilo-compassionnelles. La bourrade des condoléances est un rituel à sa convenance. La cour des Invalides est le théâtre des opérations symboliques. Nos guerriers y sont les comédiens du réel, qui ne composent aucun rôle, n'endossent qu'une chair et des os, les exposent au péril. Le marcheur de la nation se plaît à la parade, soigne ses postures d'histrion. Discourir est une manière de s'embellir. Les vrais premiers cordée gisent à ses pieds.

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