dimanche 7 décembre 2025
Villiers, ses petits yeux de sanglier
Villiers, le grand gars des terres chouannes de Vendée, le vieux barde des collines du Bas-Poitou, bloque sa trogne dans le poste, flanque sa face devant le paravent, se fiche seul sur l’affiche, parle lentement, cherche ses mots dans le silence du studio, ressuscite l’écho d’un bon vieux temps.
Quand je le vois exprimer sa foi, sa figure dans l’encadrure, quand j’entends le sifflement de sa phrase qu’il ne lit pas mais à laquelle il réfléchit en son château, dans le taxi jusqu’au studio, Villiers songe tout haut, d’une voix de fausset, articule un chant de paysan, sans autre achèvement qu’une longue ferveur, un émerveillement : le pays, la patrie, la nation où sont nés les fils de Clovis.
Cette sorte de poésie, aux heures sépulcrales du récit télévisuel, évoque en ma mémoire la simple humanité, la juvénile fraîcheur des gentilles bluettes du grand Bourvil. André Bourvil.
Des chansonnettes de l’acteur, amuseur de terroir, au bouleversant clap de fin du film de Melville. Je me souviens du commissaire Mattei, de son avant-dernier rôle, du terminus du génial gugusse. Je me remémore « Le Cercle Rouge ». Or le temps de Philippe de Villiers est celui d’un hexagone en sang.
Villiers laboure la terre des mots en percheron, dans les deux sens d’une même France, en creuse les sillons, pareils à ceux de son front, à la façon du boustrophédon des Grecs sous les cieux d’Apollon. Villiers ressasse une blessure, relate une déconfiture française. Ses petits yeux de sanglier brillent de malice, se noircissent de tristesse. Devant des millions de fidèles, l’histrion joue sa pièce, seul en scène, dit tout haut l’urgence d’un sursaut. L’artiste désigne l’impéritie, raille la pleutrerie, admoneste les traîtres au pouvoir qui déshonorent un pays.
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