C'est une main de nageur qu'il lance dans le vide, comme un remords inutile, loin de la paroi du bassin. Ce geste inabouti souligne le fiasco du gardien étourdi. La "boulette" de l'athlète consacre les débuts réels du Mondial. Premier coup de théâtre. Mieux que la main d'Henry: la molle menotte de Green.
lundi 14 juin 2010
La boulette de l'athlète
Le portier anglais s'est accroupi sur la balle que ses doigts n'ont pas saisie, ont laissé échapper vers le fond des filets. A terre, le gardien jette un regard, de derrière la tête, vers cette sphère de cuir au ralenti qui franchit la ligne de but inscrit. Il donne le sentiment d'être pétrifié, incapable de commander à son corps, trop court pour colmater la trouée, pour infléchir l'infortuné destin du ballon.
mercredi 9 juin 2010
Dette et jeux sur Internet
L'argent se raréfie dans les caisses. L'endettement massif supplée au déficit des comptes. L'Etat montre le mauvais exemple, fait la morale, sermonne le peuple.
En cette période de longue disette, le même Etat dispendieux libère les jeux d'argent sur Internet. C'est une pédagogie de la gabegie. Les gens se serrent la ceinture. Ils se saignent pour boucler les fins de mois. Ils empruntent pour subvenir à leurs besoins élémentaires. La machinerie du désir fonctionne à plein pour qu'ils consomment davantage, histoire de ragaillardir une demande défaillante.
Or, dans le même temps, l'Etat désinvolte les encourage à jouer avec l'argent, à parier sur Internet comme on se distrait avec des allumettes, à imiter les fringants traders qui anéantissent des sommes folles d'un revers de clic.
L'Etat cynique substitue à la dureté du réel, l'imaginaire du rêve, l'insouciance de casino, le paradis artificiel des addictions. Devant pareille indécence, on se pince. Précisément, on croit rêver ! Les princes modernes périront d'un surcroît de morgue à l'endroit du peuple.
mardi 8 juin 2010
Nababs de la balle
Les Bleus séjournent dans un palace de l'océan indien, assorti à leurs Ferrari, à leur train de vie de nababs de la balle. La jolie secrétaire d'Etat aux sports s'en offusque à tort. Les Bleus ne sont pas des fonctionnaires de ministère bien que leurs derniers matchs aient révélé un entrain de traîne-patins.
L'argent privé n'appartient qu'à ses détenteurs. S'il est jeté par les fenêtres, il n'appauvrit pas pour autant la collectivité. Libre aux autorités du ballon rond d'user de leurs picaillons à leur façon. Au risque d'un luxe émollient, d'une préparation dans le coton, de nature à fragiliser nos guerriers tricolores.
jeudi 3 juin 2010
Grand apéro géant
Dans l'entretien du Monde (daté du 4 juin 2010), Manuel Valls évoque curieusement les primaires socialistes. Il implore ses coreligionnaires de ne pas les transformer "en grand apéro géant". On sent bien que son esprit est un peu tourneboulé par les décisions d'appareil, par le choix d'un calendrier qui lui déplaît. Reste qu'on ignore pourquoi il associe les votes de la rue de Solférino à un "grand apéro géant".
Qu'au parti socialiste, il y ait à boire et à manger, tout le monde le sait. Inutile de le souligner. Mais il veut signifier autre chose. Pense-t-il à une sorte de beuverie collective entre candidats éméchés ? A vrai dire, le concept de "grand apéro géant" terrorise le sens commun. Qu'est-ce qu'un "grand géant" ? Rien d'autre qu'un gigantissime pléonasme. Il est élémentaire de demander à un homme politique de s'exprimer convenablement. La démocratie souffre de pareilles confusions de langage.
Les coiffeurs
Dans le mode de désignation du candidat socialiste à l'élection présidentielle, on assiste à la formation d'un cartel d'anciens ministres. Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal ont signé une sorte de paix des braves. Bref, l'organisation de primaires se résume à une entente de hiérarques, maîtres du calendrier, destinée à museler la concurrence, à se débarrasser des seconds couteaux.
Hors du trio discriminant, Hollande et Valls devront se satisfaire de candidatures de témoignage, se cantonner à des rôles de figuration. A vrai dire, ils sont sur la touche, assis sur le banc des remplaçants. Ils jouissent du statut de réservistes. En jargon "footballistique", on les appelle des "coiffeurs". L'usage veut qu'ils jouent entre eux un match de consolation, histoire de se dérouiller les jambes.
mardi 1 juin 2010
Nous ne sommes pas émergents
Nous ne sommes pas émergents pour un sou. Nous allons de plongeon en plongeon, prenons des bouillons, manquons de picaillons. Les BRIC montrent leurs crocs. La Chine s'échine. L'Inde, le Brésil et la Russie se moquent de notre vieux PIB à croissance riquiqui.
Nous ne sommes pas émergents mais gravement sommeillants. On s'est endormi sur des lauriers sans réactivité. On a défendu bec et ongles le vénéré "temps libre", ce nom de ministère d'un gouvernement de changement, il y a trente ans. On s'entête sans trêve sur les retraites.
Mais nos plages d'oisiveté font de l'ombre à la compétitivité. Les sociologues tournent casaque, n'écrivent plus de savants traités sur "la civilisation des loisirs".
Elle est loin la douce insouciance des joyeux temps morts de la vie. Au travail aujourd'hui, on choisit d'y mourir.
Nous ne sommes pas émergents, nous buvons la tasse dans le stress, nous déclinons pour de bon. La ligne Maginot de l'euro est en train de se briser en morceaux. Le décadent droit à la paresse de Jules Laforgue, relayé par l'imagination au pouvoir de 68, finit sa course dans le mur mondialisé des échauffourées économiques.
Brrr
Brrr rime avec l'Etat hébreu. La mer est toujours bleue pétrole. Les enfants braillent, de Gaulle appelle. Les mères font la fête le jour de la dette des pères. Il y a peu de silence mais tant de solitude. La croissance arrache les dents du président. On crie tout bas dans la bande de Gaza. On vend des tablettes riches en silicium. Le Fmi justifie les moyens.
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