J'ai la nostalgie d'un temps où la flânerie s'armait d'un fusil, où l'homme était posté derrière un rectangle de paille, où les ciels d'octobre étaient la patrie des perdrix.
De retour de Sicile, j'empoigne la gibecière postale qui empaquète les deux petites bêtes. De retour de Sicile, j'éconduis les enveloppes sans désir. J'extrais vos deux ouvrages à mots jumeaux. Dédicaces attentionnées.
"Madérisée" est le mot juste. La cérémonie du vin de Porto ne remue pas que des mots. Elle exhorte à la mémoire d'un père.
mercredi 7 août 2013
mardi 6 août 2013
Patrick
Patrick a toujours fait des blagues. La dernière ne fait pas rire. Ce pince-sans rire s'est fait pincer par la police des maladies. La mort frappe en premier ceux qui savent en rire.
Il aimait jouer. Tennis, bridge, comédie. Le fantaisiste cachait en artiste sa figure triste, sa moue des mauvais jours. De l'esprit d'enfance, il avait gardé une certaine fulgurance. Pas de quartier, ni de tiédeur. Mais du coeur et du panache. Au jeu de raquette, il abrégeait l'échange sans tambour ni trompette, tout à trac: ça passe ou ça casse.
Quand son père est mort, il interrogea les pierres: "Qui désormais éteindra les lumières du salon ?".
Fini de rire. Nous sommes seuls aujourd'hui. Qui parlera foot avec moi ? Qui dira dans un fou rire deux ou trois mots d'après banquet jetés sur le papier ?
Nous n'avions pas dix ans. Avec d'autres, nous jouâmes à cache-cache petit signe. Souvenirs de ronces et de genoux qui saignent. Sur la pelouse de Neuville, nous shootions, nous dribblions, nous vivions avec un petit ballon pour horizon.
A La Plagne ou L'Escalet, dans les neiges ou sur les sables, ses gags et sa désinvolture préfiguraient l'univers des Bronzés. Aujourd'hui, le monde est moins drôle. Il manque d'humour et de sensibilité.
Il aimait jouer. Tennis, bridge, comédie. Le fantaisiste cachait en artiste sa figure triste, sa moue des mauvais jours. De l'esprit d'enfance, il avait gardé une certaine fulgurance. Pas de quartier, ni de tiédeur. Mais du coeur et du panache. Au jeu de raquette, il abrégeait l'échange sans tambour ni trompette, tout à trac: ça passe ou ça casse.
Quand son père est mort, il interrogea les pierres: "Qui désormais éteindra les lumières du salon ?".
Fini de rire. Nous sommes seuls aujourd'hui. Qui parlera foot avec moi ? Qui dira dans un fou rire deux ou trois mots d'après banquet jetés sur le papier ?
Nous n'avions pas dix ans. Avec d'autres, nous jouâmes à cache-cache petit signe. Souvenirs de ronces et de genoux qui saignent. Sur la pelouse de Neuville, nous shootions, nous dribblions, nous vivions avec un petit ballon pour horizon.
A La Plagne ou L'Escalet, dans les neiges ou sur les sables, ses gags et sa désinvolture préfiguraient l'univers des Bronzés. Aujourd'hui, le monde est moins drôle. Il manque d'humour et de sensibilité.
vendredi 5 juillet 2013
Le cerisier
Le cerisier rougeoie. Une jardinière s'ébroue sur l'échelle de bois. La vergogne illumine les petits fruits de convoitise. Hélène jette ses doigts dans un feuillage écarlate. On dirait qu'elle tapote la pommette d'une fillette.
Au pays des ciels ardoise, la jardinière toise l'arbre de compagnie. L'été se mesure en quantités de compotier. La cérémonie des cerises évoque une oraison de saison, une prière à voix basse, une toile précise de Balthus.
Au pays des ciels ardoise, la jardinière toise l'arbre de compagnie. L'été se mesure en quantités de compotier. La cérémonie des cerises évoque une oraison de saison, une prière à voix basse, une toile précise de Balthus.
jeudi 4 juillet 2013
Z'Ayrault de conduite
La môme Batho est débarquée du radeau des écolos. Vogue la Batho ! La chouchoute de Marie-Ségolène - c'était hier - a les joues roses d'une scoute, un caractère d'apprentie guerrière.
Z'Ayrault de conduite. Hollande l'enguirlande. Une femme virée, zéro de retrouvée. Batho est butée. Les femmes sont des ânes. Ont-elles une âme ? La fine Delphine n'en démord pas. Veut se confesser à la presse.
Moche de limoger. Maître Hollande congédie Delphine comme une petite bonne. Solférino n'essuie pas de sanglots. Il fallait un routier qui colle à l'asphalte. Martin du Gers sort des cartons. Le rieur bourgeois du terroir n'est pas un bleu. Malgré la couleur de son costume et les reflets de ses cheveux.
Z'Ayrault de conduite. Hollande l'enguirlande. Une femme virée, zéro de retrouvée. Batho est butée. Les femmes sont des ânes. Ont-elles une âme ? La fine Delphine n'en démord pas. Veut se confesser à la presse.
Moche de limoger. Maître Hollande congédie Delphine comme une petite bonne. Solférino n'essuie pas de sanglots. Il fallait un routier qui colle à l'asphalte. Martin du Gers sort des cartons. Le rieur bourgeois du terroir n'est pas un bleu. Malgré la couleur de son costume et les reflets de ses cheveux.
Chien d'arrêt
Ma main de parchemin se refuse au dessin. Elle s'abstient de toute fin. Elle est éblouie par la candeur du papier. Elle cogite, s'interroge sur la hâte.
L'index courbe une phalange sur un pouce, bravement idiot, à figure de madone. Je presse une touche, Bach tente une fugue. Je sonne la musique comme un domestique.
La feuille est une proie qu'on cueille d'un doigt. C'est une peau de première communiante. J'hésite à noircir par peur du pire. Le songe d'un doigt est une rêverie de chien d'arrêt.
L'index courbe une phalange sur un pouce, bravement idiot, à figure de madone. Je presse une touche, Bach tente une fugue. Je sonne la musique comme un domestique.
La feuille est une proie qu'on cueille d'un doigt. C'est une peau de première communiante. J'hésite à noircir par peur du pire. Le songe d'un doigt est une rêverie de chien d'arrêt.
mercredi 3 juillet 2013
Transparence et grandes oreilles
L'époque aime le dévoilement des corps, l'éventement des secrets, l'affichage de l'intimité. La République n'est vertueuse qu'à la condition d'une laborieuse transparence. La vérité voisine la nudité. Le devoir d'open space s'impose aux bons esprits.
La société se félicite de n'avoir rien à cacher. On s'étonne de l'émotion causée par les espions d'Amérique. Nos livres sont ouverts. La parole est publique. En démocratie, la transparence délivre des cachotteries de tous acabits. Elle nous préserve du mensonge d'Etat. Elle interdit le camouflage, supprime les exactions de bandes organisées.
Notre République exemplaire se fiche des espions d'Amérique comme d'une guigne. La transparence se joue des grandes oreilles, tombées depuis longtemps en déshérence.
La société se félicite de n'avoir rien à cacher. On s'étonne de l'émotion causée par les espions d'Amérique. Nos livres sont ouverts. La parole est publique. En démocratie, la transparence délivre des cachotteries de tous acabits. Elle nous préserve du mensonge d'Etat. Elle interdit le camouflage, supprime les exactions de bandes organisées.
Notre République exemplaire se fiche des espions d'Amérique comme d'une guigne. La transparence se joue des grandes oreilles, tombées depuis longtemps en déshérence.
mardi 2 juillet 2013
Nadeau, Flaubert, Papa
J'ai seize ans. C'est un livre long, lourd dans la main, dont le bleu d'origine s'est jauni avec l'ennui. Je l'ai extrait de la bibliothèque de Papa. J'ai subtilisé mon cadeau d'anniversaire, me suis réapproprié "Gustave Flaubert écrivain". Les éditeurs s'appellent Lettres Nouvelles et Denoël.
J'ai feuilleté ses pages brunies. Le soleil des yeux a brûlé leur papier. A l'amorce du texte, Papa a collé un trapèze de presse soigneusement découpé: "Tout ce qu'on invente est vrai".
Maurice Nadeau, son auteur, est mort à cent ans et des poussières. Papa, son lecteur, est mort avant d'avoir fini d'imaginer le destin d'un corps.
Le missel a vieilli comme l'ocre d'un palais. Sa tranche est balafrée de petites estafilades. Les baisers du temps entaillent la peau du fier volume. L'usure a écorné le bas de couverture. Gustave est intact sur son catafalque.
J'ai feuilleté ses pages brunies. Le soleil des yeux a brûlé leur papier. A l'amorce du texte, Papa a collé un trapèze de presse soigneusement découpé: "Tout ce qu'on invente est vrai".
Maurice Nadeau, son auteur, est mort à cent ans et des poussières. Papa, son lecteur, est mort avant d'avoir fini d'imaginer le destin d'un corps.
Le missel a vieilli comme l'ocre d'un palais. Sa tranche est balafrée de petites estafilades. Les baisers du temps entaillent la peau du fier volume. L'usure a écorné le bas de couverture. Gustave est intact sur son catafalque.
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