samedi 21 novembre 2015

C'est une horreur


« On est puceau de l’horreur comme on l’est de la volupté » (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, 1932, chapitre II).
Ses postures de guerre n’étaient jusqu’alors que de la gnognotte, des fanfaronnades de matamore, une allégresse de bleusaille. L’expédition au Mali comblait un rêve d’enfant gentil, qui obéit : « C’est le plus beau jour de ma vie ! ».
La voix du premier magistrat cahote dans le noir comme un disque d’époque. L’oblique de sa cravate est moins observée que ses bésicles embuées.
Il achève un bout de phrase comme s’il mastiquait l’insaisissable morceau d’un mol aliment. Il marque une pause hors de souffle, risque trois mots qu’il peine à extraire du silence : « C’est une horreur ».
Hollande confie au micro ses premières émotions de bordel, ses dernières impressions d’une guerre sans dentelles. Le peuple au lit mime son chef étourdi par un commencement de voyage au bout de la nuit. Il en copie les tics. Il manie la larme automatique.

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