jeudi 19 novembre 2015

La perversité des libertés


L’état d’urgence pare au plus pressé. Il signifie que l’Etat s’en remet  aux hommes de sécurité de la société.
La vie humaine est vieille de sept millions d’années. C’est un bien récent, le plus précieux, qu’il convient de préserver. Sa chair fragile est son orgueil. Elle l’expose aux carnages d’un nouvel âge.
Le primat de la vie, clairement identifié, oblige à extraire de son sanctuaire une justice routinière, ressentie comme un luxe ostentatoire, le visage à découvert d’une certaine irresponsabilité.
La réflexion du justicier ergoteur entrave l’action du policier salvateur. La raison longue de l’homme de loi nuit à l’exécution de l’état d’urgence.
Si, à bon droit, la peine de mort a été abolie, si la guillotine a cessé de décapiter dans notre pays, tout se passe comme si la passivité administrative de l’institution judiciaire devenait l’allié objectif des réseaux de tueurs djihadistes.
Jusqu’aux trois-quarts du siècle dernier, la société donnait légitimement la mort aux pires de ses meurtriers. Aujourd’hui, elle facilite - à son corps défendant - le terrifiant massacre d’innocents. L’état d’urgence est sur les dents. Il colmate les brèches. Il écope le bateau à coups d’assauts. Il est confronté à la perversité des libertés. 

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