Le Candidat est un échec cuisant pour Flaubert. L’ermite de Croisset se
distrait d’un gros chantier – Bouvard et
Pécuchet – en s’exerçant aux tirades de comédies, en composant une sorte de
poème politique. La pièce est jouée quatre soirs sous les sifflets et
quolibets. On aurait dit du Ionesco, venu trop tôt. Car, avec le bourgeois,
Flaubert s’en donne à cœur joie.
Rousselin souffre
d’une ambition. Il prétend à la députation. C’est un candidat d’élection. Au
deuxième acte, scène XI, il se définit sous les traits d’un Macron
d’aujourd’hui :
- Pourquoi toujours
ce besoin d’être emporte-pièce, exagéré ? Est-ce qu’il n’y a pas dans tous
les partis quelque chose de bon à prendre ?
- Sans doute, leurs
voix !
Murel, son
conseiller, capitaine d’industrie, opine du chef, impose sa loi. A ne se revendiquer d’aucune identité,
Le Candidat de Flaubert est d’une
extrême modernité. Rousselin a faim, mange à tous les râteliers. Il est aussi
légitimiste que Bouvigny et libéral que Gruchet, l’un et l’autre rivaux.
L’argent de Murel
finance L’Impartial, journal qui
exhorte à ne pas voter mal. Murel fourgue au passage ses éléments de
langage : « Il faut bien que je rebadigeonne votre
patriotisme ! » (Acte deuxième, scène XII). Rousselin cause au peuple
comme à des orphelins sans fifrelins : « On doit, autant que
possible, démocratiser l’argent, républicaniser le numéraire » (Acte
troisième, scène II). Or, du numéraire au numérique, il n’y a que quatorze
décennies d’histoire, le temps de rafraîchir Rousselin, d’en extraire un Macron
magicien.
Au dernier acte, Pierre, le domestique de Rousselin, se fiche comme d’une guigne de la commission de contrôle des comptes de campagne : « Rien ne coûte, vu la circonstance ! Ce soir l’élection, et la semaine prochaine, Paris ! » Rousselin est l’ange annonciateur de notre Emmanuel marcheur : « Il est absurde d’avoir des opinions arrêtées d’avance » (Acte quatrième, scène II). Candidus veut dire blanc en latin. Le candidat est la somme de toutes les couleurs, y compris politiques.
Au dernier acte, Pierre, le domestique de Rousselin, se fiche comme d’une guigne de la commission de contrôle des comptes de campagne : « Rien ne coûte, vu la circonstance ! Ce soir l’élection, et la semaine prochaine, Paris ! » Rousselin est l’ange annonciateur de notre Emmanuel marcheur : « Il est absurde d’avoir des opinions arrêtées d’avance » (Acte quatrième, scène II). Candidus veut dire blanc en latin. Le candidat est la somme de toutes les couleurs, y compris politiques.
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