mardi 8 mai 2018

Patrie, Europe et bouts de langage

Le peuple s’en tape, des start-up. Il s’agrippe à sa banderole. Car il est mal encordé, pendu, balloté, sans écho du premier de cordée. Il se balance dans l’existence sans espérance. Il n’a d’autre amertume que de vouloir de la thune. Il sait que les espèces sont les seules déesses à vénérer, les seules idoles républicaines d’où viennent le lien, la relation souveraine avec moins de peine à finir une semaine. On sera heureux avec un tas d’euros. On s’assoit dessus et on regarde la rue, la loi, avec des yeux de petits bourgeois.
Le peuple revendique du fric, réclame un surcroît d’âme. Le stagiaire devient Jupiter. Il prend l’autocar ou la fusée de Musk pour une destination céleste. Manu dit militari, ou Giscard dit le petit,  s’extrait d’une glu APL, décolle d’une rue à querelles, survole en drone un royaume. Tombe bien. La hauteur fait croire à la grandeur. Manu règne en visionnaire à bord d’une montgolfière. Il voit les besoins de la glèbe, la nécessité d’un grand dessein.
Beltrame a hérité de l’exact patronyme. Manu lui chipe sa belle âme. « Patriote » est un label « bankable », à valoriser dare-dare dans les écoles. L’épithète est époussetée. On la dépoussière de sa ringardise. Au détriment des vieux gangs de « militants » qui marchent les pieds en dedans.
Le chef des armées cause à la patrie. « Riot » signifie « émeute de rue ». « Patriote » veut dire : « pas de ça chez nous ». Manu, qui n’est pas catalan, parle anglais naturellement. Je le vois sauter sur sa chaise comme un cabri : « Patrie, patrie, patrie ! » J’ai la chair de poule. Macron promet le grand frisson.  La séquence à venir multipliera les  bouts de langage et les éléments de boniment  sur « L’Europe ». L’Europe des patries et l’Europe supranationale. En même temps.

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