J’en retiens deux qui, à mes
yeux, sont destinés à demeurer longtemps. Un écrivain qui meurt, une actrice à
l’affiche. On enterre un homme qui s’appelle Chardonne. Pas un chat dans les
cinémas. Le spectacle est dans la rue.
Dans Matinales, Jacques
Chardonne vend la mèche : « On veut une neige fraîche où personne n’a encore
marché ». Je crois en la phrase parfaite. Je lis Chardonne comme je prie
la Madone. C’est « un maître à vieillir » disait Morand, un autre dur
à cuire. Edmond Jaloux parla d’ « une prose argentée ».
« On ose à peine lire, à peine toucher ces pages, de peur de disperser
cette poudre irisée ».
C’est une reine. Elle était née
le jour des rois. Resnais sort « Je t’aime, je t’aime » dans des
salles désertées. Olga Georges-Picot est une brûlure
brève, l’actrice d’un film, dont la fugitive beauté ravive l’écho. La star est
une diablesse d’une espèce rare. Une comédienne révèle en pleine lumière sa
féminité de feu. « La peur, c’est quand on a chaud ; la terreur quand
on a froid. »
Les événements de Mai 68 se résument à deux artistes sublimes, anonymes : un vieil homme que personne ne lit, une fille, la plus belle du monde, qu’on ne regarde pas.
Les événements de Mai 68 se résument à deux artistes sublimes, anonymes : un vieil homme que personne ne lit, une fille, la plus belle du monde, qu’on ne regarde pas.
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