Macron
porte le maillot jaune. Le vrai. Avec arrivée aux Champs-Elysées, gerbes de
lauriers et baisers de majorettes. Le paletot est convoité par une (é)meute de
gilets débraillés, à brillantine jaunasse. Ils lui mordillent les chevilles. Là
où précisément le leader a des enflures.
On
dirait Lance Armstrong, premier de pédalée, gros braquet dans les Alpes et les
Pyrénées. Il est dopé, chargé à mort, accro aux piqûres d’ego qui couturent un
corps de campionissimo.
« Cessons
de nous déconsidérer ». Il est impérieux, Macron, le chef du peloton,
quand droit dans les yeux, il nous exhorte exemplaire à lui ressembler, à nous
calquer sur l’original Jupiter. Car Bibi est satisfait de lui, de sa position à
bicyclette. Il se suffit à son effigie. La déconsidération est une faute de
profession, un manquement aux idéaux de la nation, une ringardise de baladins
des ronds-points, une fainéantise de loosers des terroirs.
C’est
pourquoi Macron prend son crayon, va écrire une lettre de château aux grognons
des vins chauds. Avec sa considération distinguée en guise de final de
politesse. Signé : Manu du Touquet.
A
vrai dire, les gilets ont jailli d’un délire numérique. Le réseau social
fructifie sur les déboires personnels, les solitudes inguérissables, le manque
infini d’affection. Il offre aux accidentés du lien de société un lieu
provisoire de retrouvailles, un dispensaire de fortune où les armes d’une
certaine guerre – « l’horreur économique » eût dit Rimbaud – sont
déposées aux vestiaires. On y soigne une âme en consultant ses
« j’aime ».
Le coup de sang des gilets fluorescents est né d’un réseau de Californie qui apaise les plaies vives de la déconsidération. Je doute qu’avec son catalogue à la Prévert d’expédients d’experts, le petit président content, décomplexé par les bonnes fées de son pedigree, fasse cesser la déconsidération nationale comme un maître d’école arrête un chahut de collégiens attardés. Pour lui, on dirait que la déconsidération du pays est une sorte de décolonisation de l’Algérie.
Le coup de sang des gilets fluorescents est né d’un réseau de Californie qui apaise les plaies vives de la déconsidération. Je doute qu’avec son catalogue à la Prévert d’expédients d’experts, le petit président content, décomplexé par les bonnes fées de son pedigree, fasse cesser la déconsidération nationale comme un maître d’école arrête un chahut de collégiens attardés. Pour lui, on dirait que la déconsidération du pays est une sorte de décolonisation de l’Algérie.
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