mardi 8 janvier 2019

Récrire La Marseillaise

Les gilets jaunes ne mettent pas leur drapeau tricolore dans leur poche. Ils exhibent leur leurs bannières comme les supporters d’une nation fière. A l’oriflamme qui claque au vent s’ajoute un chant patriotique, la ritournelle d’une grande querelle.
Les gilets jaunes se souviennent d’un homme d’Etat qui se leva d’un bond  quand les sifflets d’un stade flétrirent l’hymne d’une patrie. A l’opposé des gredins de gradins, elles réhabilitent un bout de patrimoine national, longtemps considéré comme une vieillerie réactionnaire. Les gilets fluo entonnent une Marseillaise qui fait écho dans le pays.
Face à la révolution des chanteurs de ronds-points, le pouvoir s’empêtre, échoue à enrayer les violences urbaines. Un engin de travaux publics braque la République.
Or les valeurs de ladite « gueuse » ne sont plus celles, souvent odieuses, de Rouget de Lisle.
Les couplets de La Marseillaise ne sont plus chantables en l’état. On a besoin d’un poète parolier pour rénover l’hymne guerrier. Carton rouge. Plus de « sang impur » dans un refrain contre-nature. Il faut en finir avec cette « horde d’esclaves, de traîtres, de rois conjurés » (couplet II) qui grésillent dans nos oreilles gonflées de haine. Il faut tordre le cou à « nos bras vengeurs » (couplet VI), si détestables de nationalisme et d’esprit revanchard. Il faut faire taire la xénophobie hystérique qui suinte des « cohortes étrangères qui feraient la loi dans nos foyers » (couplet III).
On garde la musique de fanfare qui galvanise la ferveur, mais on supprime toutes ces vilaines rimes de chanson nauséabonde. En attendant qu’un Houellebecq d’aujourd’hui se colle à l’établi, qu’il soigne La Marseillaise de son malaise, je préconise de suspendre les paroles du chant de la patrie. Elles attisent la violence, abîment inutilement la France.

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